le vote écolo décroche dans les villes vertes

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Un bulletin de vote de Marie Toussaint, candidate principale du parti Les Ecologistes, le 9 juin 2024.

A deux ans des prochaines municipales, c’est un coup de semonce. Dans les grandes villes dirigées par des maires écologistes, le score de leur famille politique aux européennes n’est pas des plus rassurants. Partout, elle perd une dizaine de points entre le scrutin de 2019 et celui du dimanche 9 juin : autour de 20 % en 2019, la liste conduite par Marie Toussaint n’a rassemblé qu’un électeur sur dix à Lyon (11,2 %), à Bordeaux (10,9 %), à Strasbourg (9 %) ou à Grenoble (12,9 %). A Annecy, elle n’a recueilli que 8,3 % contre 19,3 % en 2019.

Certes, c’est le double de ce que Europe Ecologie-Les Verts (EELV) a obtenu au niveau national (5,5 %). Par ailleurs, « on résiste un peu mieux à l’extrême droite qu’ailleurs », se réjouit Emmanuel Denis, maire (EELV) de Tours. A Bordeaux, Pierre Hurmic est satisfait de ce que le Rassemblement national soit arrivé quatrième dans sa ville, dimanche. « De Montaigne aux Girondins de la Révolution française, Bordeaux est une terre humaniste, de résistance aux extrémistes », note-t-il. La réalité est néanmoins rude pour ces édiles, qui se savent attendus au tournant. Car la comparaison avec les municipales de 2020 est encore plus sévère, puisqu’ils avaient souvent dépassé les 30 %. A Grenoble, Eric Piolle avait même obtenu 46,7 % des voix dès le premier tour.

Comme les européennes de 2019 avaient préfiguré la vague verte de 2020, les résultats de dimanche annoncent-ils des lendemains gris pour les verts ? « Prudence », conseille Thierry Dominici, maître de conférences à l’université de Bordeaux. « Le succès municipal de 2020, dit-il, s’explique notamment par le fait que les deux composantes de l’écologie politique avaient alors réussi à se rapprocher. »

L’« écologie institutionnelle » (EELV, Génération Ecologie ou Cap21) avait alors rallié, dans la constitution des listes, une partie de l’« écologie radicale », c’est-à-dire les représentants de la société civile et les militants, qui prônent un changement total de paradigme. Cette stratégie « a attiré des militants qui se sont encartés », débouchant sur l’émergence d’une écologie politique hybride, indique M. Dominici.

« L’électorat de gauche n’appartient à aucun parti »

Mais ces municipalités, composées d’un grand nombre de militants de la société civile, ont été confrontées au réel de la gestion quotidienne. « Très vite devenues des forces institutionnelles, elles ont peu à peu perdu cet électorat, qui s’est lassé », souligne M. Dominici. Pour les élus, c’est un enjeu permanent : « C’est notre ligne de crête : garder le lien avec les militants tout en incarnant une gestion crédible, décrit Léonore Moncond’huy, maire (Les Ecologistes) de Poitiers. Je ne suis pas contestée par la frange écologiste radicale. »

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