L’Elysée défend la position de Macron sur le changement de genre en mairie, la gauche et les associations LGBT+ indignées

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L’Elysée a défendu mercredi 19 juin la position controversée d’Emmanuel Macron contre « le changement de sexe, libre, en mairie » qu’il a pris, mardi, en exemple des « choses totalement ubuesques » figurant, selon lui, dans le programme électoral du Nouveau Front populaire. L’alliance de gauche propose d’« autoriser le changement d’état civil libre et gratuit devant un officier d’état civil ».

Dès mardi soir, peu après la diffusion d’un extrait des propos d’Emmanuel Macron par BFM-TV, Jean-Luc Mélenchon s’était interrogé sur X : le président de la République « est-il toujours dans la réalité ? Il veut couper les routes de la résistance au RN au deuxième tour ? Alerte ». « Les propos du président sur le changement de genre officiel sont indignes. Cette possibilité existe déjà dans la loi. Le président ignore la dose de souffrances que cela implique pour les personnes concernées », avait ajouté le chef de file de La France insoumise (LFI).

Les associations LGBT+ « atterrées »

Pour la présidente et porte-parole de SOS Homophobie, Julia Torlet, la « stratégie » de M. Macron vise à « instrumentaliser les minorités dans la course au pouvoir », a-t-elle réagi mardi soir, toujours sur X. Dans un post Instagram, l’association OUTrans rappelle que « cette mesure est réclamée depuis huit ans par le Défenseur des droits [Jacques Toubon en 2016, puis Claire Hédon, qui tient la même position] ».

« Ces propos sont très choquants, nous sommes atterrés », a déclaré à l’Agence France-Presse le président de l’Inter-LGBT James Leperlier. « C’est d’autant plus inquiétant vu le contexte actuel de transphobie : c’est ajouter de l’huile sur un feu qui est déjà ardent. » « C’est le signe qu’ils n’hésiteront pas à revenir sur nos droits, ne serait-ce que dans le débat, pour racoler des voix », a-t-il ajouté, en dénonçant « un glissement dangereux » et la « porte ouverte vers des propositions de loi transphobes et LGBTphobes ».

« Le président a un bilan de progrès sur les questions sociétales comme peu de ses prédécesseurs », a défendu l’entourage d’Emmanuel Macron auprès de l’Agence France-Presse (AFP), mercredi, énumérant la « procréation médicalement assistée pour toutes », le « choix de son nom de famille en mairie », les « ambassadeurs LGBT », la loi sur la fin de vie dont l’examen avait été engagé au Parlement, et l’inscription de l’IVG dans la Constitution.

« Ce n’est pas “ubuesque” et ce n’est pas “l’extrême gauche” »

Il « considère pour autant que le changement de sexe, libre, en mairie n’est pas un projet de société qu’il défend au regard de la complexité de toutes les questions que cela soulève chez les personnes concernées qu’il faut accompagner quand elles décident d’entrer dans une telle démarche », a dit son entourage à l’AFP. « La France doit faire face à des défis majeurs, considérer qu’il s’agit d’une des premières mesures programmatiques pour le Nouveau Front populaire en dit long sur leur vision des priorités », a complété un proche du chef de l’Etat.

Dans le camp même d’Emmanuel Macron, l’ex-ministre Clément Beaune, candidat à sa réélection dans une bataille serrée à Paris, a semblé prendre ses distances. « Pour les personnes trans, pour les personnes LGBT, pour toutes et tous… nous devons rejeter toute stigmatisation dans le discours politique et faire avancer les droits », a-t-il dit sur le réseau social X.

« Passer devant un tribunal, pour obtenir la clémence de juges qui projettent sur nous leurs stéréotypes pour déterminer qui nous sommes, c’est humiliant et dégradant », a déclaré mardi soir sur X la maire, transgenre, de Tilloy-lez-Marchiennes (Nord), Marie Cau. « Ce n’est pas “ubuesque” et ce n’est pas “l’extrême gauche”. C’est la condition de la liberté, de l’égalité, et de l’absence de discriminations », a fustigé sur X la sénatrice écologiste Mélanie Vogel.

« Comment est-il possible que cet homme qui a été élu et réélu pour faire face à l’extrême droite enchaîne en réalité les reprises du discours de l’extrême droite ? » a réagi sur RTL le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, alors que le chef de l’Etat a également qualifié le programme du Nouveau Front populaire de « totalement immigrationniste » car il propose « d’abolir toutes les lois qui permettent de contrôler l’immigration »

Pour l’« insoumis » François Ruffin, Emmanuel Macron « a choisi son camp, pour lui mieux vaut le national autoritaire que le Front populaire ». « Le président de la République perd ses nerfs en attaquant le programme du Front populaire là-dessus. (…) Je le sens un peu fébrile », a commenté le patron des communistes, Fabien Roussel, sur Franceinfo.

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A son tour, la Fondation Abbé Pierre a exhorté mercredi sur X à se mobiliser contre « les idées d’extrême droite qui portent atteinte aux valeurs de cohésion sociale ». Sur France Inter, le délégué général de la fondation a rappelé que « l’extrême droite n’a pas changé ».

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