La liste Europe Ecologie-Les Verts (EELV) menée par Marie Toussaint n’a réuni, ce dimanche 9 juin, que 5,2 % des suffrages exprimés, selon les premières estimations d’Ipsos pour France Télévisions, Radio France, France 24/RFI, Public Sénat/LCP Assemblée nationale. Une performance bien inférieure à celle espérée, et même aux sondages des dernières semaines, qui lui accordaient généralement entre 5 % et 7 % des intentions de vote. S’ils n’avaient pas passé la barre des 5 %, les écologistes français auraient pu ne pas être représentés à Strasbourg, une première depuis trente ans. Ils y avaient obtenu 13 élus lors du dernier scrutin, en 2019.
Ce très mauvais résultat a toutes les chances de susciter de profonds débats au sein d’EELV, et de placer sur la sellette sa secrétaire nationale, Marine Tondelier. Deux courants minoritaires du parti ont déjà réclamé un congrès anticipé pour la fin 2024 ou le début de 2025.
Avec la stratégie du cavalier seul qu’elle défendait depuis un an et demi, Marine Tondelier escomptait un tout autre dénouement. A gauche, les écologistes avaient été les premiers à rompre avec la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), la coalition montée pour les législatives de 2022 après l’élimination de tous les candidats de gauche dès le premier tour de la présidentielle. Pas question d’un accord avec les « insoumis » et les socialistes aux européennes, avait affirmé, dès décembre 2022, la nouvelle secrétaire nationale d’EELV.
Phénomène de vote utile
A l’époque, les écologistes pensaient que les européennes de 2024 leur permettraient de tirer leur épingle du jeu. En 2019, lors du précédent scrutin, la liste de Yannick Jadot était en effet arrivée en tête des formations de gauche, avec 13,48 % des voix, loin devant La France insoumise (6,31 %). L’accélération du dérèglement climatique et la montée des préoccupations environnementales paraissaient susceptibles de les favoriser. En outre, la ligne proeuropéenne des écologistes semblait difficile à concilier avec les virulentes critiques des mélenchonistes à l’égard de l’Union européenne.
Mauvais calcul. D’emblée, la campagne de Marie Toussaint, la tête de liste préférée à David Cormand, ancien secrétaire national du parti (2016-2019), par les militants, désarçonne. Inconnue du grand public, la juriste provoque la surprise avec un premier meeting marqué par un cours de « booty therapy », une danse sensuelle du bassin. Au fil des mois qui suivent, elle ne parvient guère à sortir de l’anonymat, ni à imposer dans le débat les mesures qu’elle propose, comme la nationalisation des compagnies pétrolières et gazières au niveau européen. Dans les sondages, la liste EELV décline au contraire, passant de plus de 10 % au printemps 2023 à moitié moins un an plus tard. Visiblement, un phénomène de vote utile à gauche a profité à la liste de Raphaël Glucksmann, parrainée par les socialistes, et à celle des « insoumis », au détriment des écologistes.