La commission spéciale du Congrès de la Nouvelle-Calédonie pour renégocier le « pacte nickel » s’est réunie pour la première fois lundi 22 avril. Elle matérialise la difficulté à concilier intérêts politiques et sociaux alors que les négociations sur l’avenir institutionnel sont en panne et que les tensions se cristallisent autour du dégel du corps électoral.
Dans l’entourage du président Louis Mapou, qui a sollicité l’habilitation du Congrès pour signer le « pacte nickel », on se refuse à tout commentaire. Tout juste explique-t-on la prudence de cette initiative, pour éviter de donner l’impression de forcer la main de l’assemblée délibérante. Le nickel est un sujet sensible et, après en avoir récupéré la compétence avec l’accord de Nouméa, il aura fallu attendre 2009 pour que les élus du Congrès parviennent à trouver un fragile équilibre avec l’adoption du schéma pour la mise en valeur des ressources minières.
Les élus indépendantistes qui ont mis sur pied cette commission, soutenus par les non-indépendantistes de Calédonie ensemble, entendent obtenir des réponses à certaines questions posées par le pacte et faire valoir leur vision sur le sujet. Elle vise également à éviter de désavouer Louis Mapou, en lui refusant de signer le pacte, tout en se donnant du temps pour faire redescendre la pression.
Souveraineté
Dans une analyse de vingt-cinq pages, détaillée lors de réunions organisées aux quatre coins du « Caillou », Ronald Frère, un proche du président de l’Union calédonienne (indépendantiste), présente l’accord comme un « pacte colonial de reprise en main de la maîtrise des matières premières de la Nouvelle-Calédonie ». Sur le terrain, la colère monte et se matérialise par des blocages de mines un peu partout dans le pays.
La proposition de loi organique visant à restituer provisoirement la compétence nickel à l’Etat, déposée le 26 mars par le député Nicolas Metzdorf (Renaissance), un des chefs de file non-indépendantistes, est un terreau favorisant le développement de cette idée. Un véritable casus belli pour le monde indépendantiste qui considère le nickel comme l’un des principaux vecteurs de l’accession à la pleine souveraineté.
« Il n’y a aucun retrait de souveraineté, aucun ! Il faut arrêter de dire n’importe quoi parce qu’après, les militants sur le terrain disent : “L’Etat veut nous voler notre nickel.” C’est lunaire », a plaidé l’ancienne secrétaire d’Etat Sonia Backès, cheffe de file des loyalistes et présidente de la province Sud. « La jeunesse voit que l’on vient prendre ici et on n’a rien. Il n’y a pas de rééquilibrage. Le vrai sens de l’accord de Bercy n’est pas réel sur le terrain », expliquait le porte-parole d’un collectif de jeunes à l’origine de blocages de sites miniers dans la région de Canala. Ils redoutent notamment la perspective d’une forte augmentation de l’activité minière entrouverte par le pacte.
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