les paradoxes d’une Corse au cœur autonomiste, ayant la tête à l’extrême droite

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Il est resté mutique le soir du premier tour. Elu depuis 2015, le président de l’exécutif corse, Gilles Simeoni, réserve ses commentaires, laissant son parti, Femu a Corsica, se fendre d’un communiqué. Les deux pages du parti siméoniste, transmises aux médias, ne trouvent pas un mot pour s’élever contre la montée de l’extrême droite, dans une île où les listes cumulées du candidat du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella (40,8 %), et de la candidate de Reconquête !, Marion Maréchal (8,4 %), ont rassemblé la moitié des suffrages au terme d’un scrutin qui a mobilisé quatre électeurs sur dix.

Ce score dépasse encore de 12 points celui que le parti d’extrême droite avait réalisé dans l’île en 2019 et mène pour la première fois au Parlement européen une femme corse, l’élue RN Nathaly Antona, qui égrène déjà ses chevaux de bataille, « cherté de la vie, eau, transports ». Aux abois, le parti de la majorité territoriale entend œuvrer pour l’union sacrée des nationalistes, lors des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, et sauver vaille que vaille le processus avec la Place Beauvau en vue de l’autonomie de l’île, aujourd’hui « suspendue, voire menacée ».

Le RN a été le grand absent de ce processus politique, entendu çà et là, mais laissé à la porte du comité stratégique qui regroupait une vingtaine de personnalités conversant avec le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, sur les sujets institutionnels ou économiques. « Nous sommes pour la décentralisation, pas pour l’autonomie », recadre François Filoni, délégué régional et membre du bureau national du RN, qui se pose en « force d’alternance à l’Assemblée de Corse » et pour qui « ce vote est aussi le fruit de l’effritement de la majorité régionale ».

« Nous ne sommes plus diabolisés »

Cet Ajaccien, qui a parcouru le spectre politique du Parti communiste, en passant par le chevènementisme, à la droite de l’ancien maire d’Ajaccio Laurent Marcangeli, n’aurait « jamais rejoint le FN [Front national] de Jean-Marie Le Pen ». L’ancien leader du FN n’avait pu atterrir à Bastia, puis n’avait pas été en mesure de tenir un meeting à Ajaccio, le 28 février 1992, vilipendé par des nationalistes corses. « Mais avec Marine [Le Pen], c’est différent, argumente M. Filoni. Elle a des idées pour la Corse, nous ne sommes pas jacobins, et puis, nous sommes sur le terrain, nous. » Le RN corse revendique avoir arpenté, lors de la campagne, 280 des 360 communes insulaires, certaines souffrant d’un sentiment de « déclassement ».

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