Les Républicains envoient à Eric Ciotti son avis d’expulsion après une folle journée

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« Il faudra peut-être que vous m’aidiez à pousser. » Il est 17 h 15, mercredi 12 juin, Annie Genevard a beau avoir le double des clefs, le portail d’un parti comme Les Républicains (LR) pèse son poids, pas seulement symboliquement. A midi, Eric Ciotti avait demandé sa fermeture pour « garantir la sécurité du personnel ». Encore chef de parti, il s’est retranché dans son bureau parisien, lâché par tous, même ses plus proches collaborateurs, depuis sa décision, mardi, d’accepter une alliance électorale avec le Rassemblement national (RN) aux législatives anticipées.

Avec l’aide du député du Lot, Aurélien Pradié, et du trésorier du parti, Daniel Fasquelle, la secrétaire générale finit par entrer, comme pour reprendre possession des lieux grâce au double donné par un ancien collaborateur de M. Ciotti. « Collabos ! Vive la France ! Ciotti président », scande un jeune militant favorable à l’union des droites. Personne ne relève. Plus rien n’étonne en cette journée où LR se donne en spectacle. « On est chez les fous », soupire un employé du parti.

Quelques minutes plus tôt, à l’issue d’un bureau politique, Mme Genevard avait annoncé l’exclusion à l’unanimité d’Eric Ciotti, « en rupture totale avec les statuts et la ligne portée par LR ».

« Il a toujours été seul »

Le nouveau siège du parti de droite, qui avait déménagé en début d’année place du Palais-Bourbon, à Paris, devait être l’occasion de tourner la page des défaites électorales associées à l’ancien QG, ce vaisseau devenu fantôme de la rue de Vaugirard. Lieu, aussi, du vaudeville politique entre François Fillon et Jean-François Copé pour la présidence de l’UMP en 2012. Raté.

Derrière le lourd portail bleu, Eric Ciotti n’est plus là. Il a rejoint ses locaux de la questure à l’Assemblée nationale. D’un bureau à l’autre, il refuse de démissionner, enfermé dans sa solitude. « Il a toujours été seul, c’était nous son seul entourage », soupire un ancien proche collaborateur, démissionnaire, comme presque toute cette jeune garde. Ils sont deux à être restés auprès de leur patron. Dans la soirée, le Niçois dénonce un « putsch » sur CNews, chaîne où l’union des droites a bonne presse. « Je sais que j’ai la confiance des militants », avance-t-il. Et de dénoncer le bureau politique comme un « cénacle de chapeaux à plumes » dont il nie la légalité.

Eric Ciotti a-t-il assisté depuis son bureau à ce drôle de spectacle ? En début d’après-midi, tous les ténors de LR descendaient la petite rue Las Cases, dans le 7e arrondissement, en direction du Musée social, lieu d’un bureau politique aux allures de procès par contumace du chef du parti. Un automobiliste s’impatiente, bloqué par un embouteillage de caméras, autour d’une Valérie Pécresse qui se retrousse les manches avant de lâcher : « Il n’y a pas de place pour les traîtres ni pour les putschs à la petite semaine. »

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