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« L’idée selon laquelle il faudrait gouverner le pays en rassemblant tous les partis dits “raisonnables” est une dangereuse illusion »

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Disons-le d’emblée : ce n’est pas en inventant une nouvelle coalition du centre que la France sortira de la crise politique actuelle. L’idée selon laquelle il faudrait gouverner le pays en rassemblant tous les partis dits « raisonnables », du centre-gauche au centre-droit, du Parti socialiste aux Républicains (LR), à l’exclusion des « extrêmes » – La France insoumise (LFI) à gauche et le Rassemblement national (RN) à droite –, est une dangereuse illusion, qui ne fera que mener à de nouvelles déceptions et à renforcer les extrêmes en question.

D’abord parce que cette coalition des gens raisonnables ressemble fort à une coalition des plus favorisés. Or, ce n’est certainement pas en excluant les classes populaires du gouvernement que l’on va sortir de la crise démocratique. Ensuite parce que la démocratie électorale a besoin d’alternances claires et assumées pour fonctionner correctement.

La bipolarisation gauche-droite, à condition qu’elle se renouvelle suffisamment rapidement dans son contenu face aux transformations du monde, a ceci de vertueux qu’elle permet de telles alternances. Deux coalitions portées par des visions de l’avenir antagoniques mais cohérentes et s’appuyant sur des intérêts socio-économiques divergents alternent au pouvoir, et c’est ainsi que les électeurs parviennent à se faire leur opinion, à ajuster leur vote et à avoir confiance dans le système démocratique lui-même.

C’est ce modèle vertueux qui a permis la consolidation de la démocratie au cours du XXe siècle, et c’est vers une nouvelle bipolarisation gauche-droite qu’il faut aller aujourd’hui si l’on souhaite éviter le délitement démocratique.

Fracture territoriale

Une fois qu’on a dit cela, comment procède-t-on ? Dans les pays avec un scrutin majoritaire à un tour, comme aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, la bipolarisation se fait d’elle-même. Encore faut-il savoir quelle bipolarisation on souhaite.

Outre-Manche, les travaillistes ont remplacé les conservateurs, mais avec un programme tellement timoré qu’ils suscitent déjà la défiance, après avoir conquis le pouvoir avec un faible score et grâce à de très fortes divisions à droite. Outre-Atlantique, la bipolarisation s’est retournée sur elle-même. Après avoir abandonné toute ambition redistributrice, les démocrates sont devenus, au cours des dernières décennies, le parti des plus diplômés, puis des plus hauts revenus.

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