« L’instabilité politique et la perspective d’une arrivée au pouvoir du RN plongent les marchés et le monde économique dans le trouble »

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En renversant la table, Emmanuel Macron ne s’est pas contenté de disperser « façon puzzle » les cartes de la vie politique française, il a plongé les marchés et le monde économique dans le trouble. Moins de deux semaines après la dégradation de la note de la dette française par l’agence S&P Global Ratings, le 31 mai, il a remis le sujet sur le devant de la scène.

En témoigne la hausse de l’écart entre le taux d’intérêt sur dix ans de la dette française et celui de sa voisine allemande, réputée la plus sûre, dépassant, mardi 11 juin, les 60 points de base (0,6 point de pourcentage). Cela fait quatre ans que cette différence n’avait pas été aussi grande.

En cause, l’instabilité politique, bien sûr, mais aussi la perspective d’une arrivée au pouvoir du Rassemblement national (RN), avec son extrême prodigalité budgétaire. Dans sa note de mardi, l’économiste Sylvain Bersinger estime – en se fondant sur le programme de Marine Le Pen pour l’élection présidentielle de 2022 et sur son coût, calculé par l’Institut Montaigne – que le programme du RN creuserait le déficit public de 3,9 % du produit intérieur brut par an. Deux fois plus que celui avancé par l’ancienne première ministre britannique Liz Truss en octobre 2022, qui avait provoqué l’effondrement de la livre sterling et fait exploser son gouvernement.

L’euro n’immunise pas totalement

Au moins, la France, si elle risque une vraie crise de la dette, est préservée d’une catastrophe monétaire. Et cela, elle le doit à l’euro, si brocardé par l’extrême droite française. Si l’euro interdit à la France de dévaluer sa monnaie, il l’empêche de s’appauvrir par la hausse du prix des importations et la pénalisation des épargnants.

Selon une étude de la Banque de France publiée en 2019, en vingt ans, la volatilité de la monnaie a été divisée par 2,7 dans le cas de la France. De plus, le risque de change a été éliminé pour les échanges intra-européens, soit 50 % des échanges tricolores. Enfin, l’euro est devenu la deuxième devise de réserve mondiale après le dollar, ce qui stabilise sa fluctuation par rapport à ses homologues.

Mais l’euro n’immunise pas totalement contre l’emballement de la dette. Même si la monnaie unique a considérablement réduit l’écart des taux avec l’Allemagne. Entre 1986 et 1992, celui-ci était de 1,9 point de pourcentage (190 points de base), soit trois fois plus qu’aujourd’hui. Si rien n’est fait, la charge de la dette, qui représente déjà près de 50 milliards d’euros, soit plus que le budget 2023 de la défense, atteindrait les 80 milliards en 2027, soit autant que celui de l’éducation nationale. L’heure de vérité des comptes approche, et aucun parti politique ne pourra en faire abstraction.

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