« Elle vivait dans l’amour inconfortable de la Guadeloupe. Dans l’attachement intranquille à la France. Elle était de France à sa manière », a déclaré Emmanuel Macron, lundi 15 avril, lors de l’hommage national rendu à l’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé, morte dans la nuit du 1er au 2 avril.
A la Bibliothèque nationale de France, au site Richelieu, le chef de l’Etat a salué une écrivaine qui « vivait en République à sa manière. Sans récuser son passé de lutte, sans démentir non plus tout à fait ce que son destin de femme portait irréductiblement d’espérance républicaine. Une belle enfant de la République, comme la belle enfant de la migration des cœurs surmontant la malédiction et l’assignation ».
« La littérature à l’estomac »
L’autrice de Ségou ou de La Vie sans fards, morte à 90 ans, a été l’une des grandes voix de la littérature francophone, explorant dans ses romans, son théâtre et ses essais l’histoire de l’Afrique et de sa diaspora, l’héritage de l’esclavage et les identités noires. « Elle, Maryse Condé, qui interrompait Bernard Pivot sur le plateau d’Apostrophes avec un : “est-ce que je peux protester ?” D’une infinie révolte, d’une infinie malice, d’une infinie douceur », a souligné Emmanuel Macron. « Maryse Condé n’écrivait ni en français, ni en créole. Elle écrivait en Maryse Condé », selon le président.
« Maryse Condé vivait en aimant la Guadeloupe d’un amour doux-amer. (…) Maryse Condé vivait sans rien céder. Sans tricher, sans chercher à plaire. En continuant à écrire et à cuisiner, la littérature à l’estomac. Du haut de son autorité espiègle, de son humour féroce, riant d’elle-même et dictant ses phrases comme on dicte des recettes », a-t-il ajouté.
Cet hommage national a réuni de nombreux membres du gouvernement, dont le premier ministre, Gabriel Attal, et la ministre déléguée aux outre-mer, Marie Guévenoux, et des personnalités de la culture, des religions ou des outre-mer, comme le secrétaire perpétuel de l’Académie française Amin Maalouf, ou le député guadeloupéen Christian Baptiste.