« Non, les médias audiovisuels publics ne seront pas plus forts ensemble »

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Nous, sociétés de journalistes (SDJ), déplorons l’avancée dans la précipitation du projet de réforme de l’audiovisuel public, mené sans aucune concertation, ni même consultation des rédactions concernées. En l’état actuel du texte adopté par la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale, la proposition de loi prévoit la création d’une nouvelle société, « France Médias », qui regrouperait France Télévisions, Radio France et l’Institut national de l’audiovisuel (INA), dans le but de « préparer la fusion-absorption de ces sociétés », et ce dès 2026.

Pourquoi une telle précipitation ? L’argument est répété ad nauseam : « ensemble, vous serez plus forts ». Mais les marchés, les usages, les modèles de production de la télévision et de la radio de service public ne sont pas les mêmes.

Si l’on regarde nos budgets respectifs, la dotation annuelle de Radio France en 2024 représente un quart de celle de France Télévisions. Si nous pensons que personne, à Radio France comme à France Télévisions, n’a quoi que ce soit à gagner dans cette union forcée, les personnels de Radio France redoutent particulièrement l’affaiblissement du média radio, devenu minoritaire dans une future entreprise au budget unique.

L’appauvrissement de l’offre d’information

Les mêmes craintes animent les équipes de France Médias Monde, rassemblant Radio France internationale, France 24 et Monte Carlo Doualiya [anciennement RMC Moyen-Orient], pour l’instant laissé à l’écart de ce projet à la faveur d’un vote en commission, mais sans garantie de ne pas y être réintégré pendant l’examen du texte à l’Assemblée nationale et au Sénat. Ces chaînes, qui s’adressent en particulier à une audience hors de France, ne proposent ni les mêmes sujets ni le même traitement que les radios et télévisions nationales. Elles sont une fenêtre d’information libre dans de nombreux pays du monde, dans un contexte où les atteintes à la liberté de la presse, les manipulations et les fausses informations se multiplient.

L’expérience le prouve : de précédentes fusions ont conduit à un appauvrissement de l’offre éditoriale. La fusion entre France 2 et France 3 a ainsi entraîné la disparition, sur France 3, des journaux télévisés Soir 3, 12/13 et 19/20 nationaux, malgré de très bonnes audiences. Ils proposaient une information différente de celle de leurs confrères de France 2. Au final, l’information nationale a quasiment disparu de France 3.

Nous en sommes persuadés : la fusion de nos chaînes dans une entité unique entraînera nécessairement un appauvrissement de notre offre d’information. Car un sujet radio n’est pas la bande-son d’un reportage télévisé, pas plus que l’on ne fait de la télévision en juxtaposant des images sur un reportage radio.

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