Le débat sur le budget 2025 offre un spectacle navrant de postures, de calculs électoraux et de bataille des ego, qui n’est pas de nature à rassurer sur la capacité du gouvernement à sortir de l’impasse des déficits et du creusement de la dette. La semaine écoulée a été marquée par une débauche de propositions fiscales plus ou moins farfelues, un bloc central divisé et un jeu de dupes sur la question des retraites.
Ce dernier se joue autour de deux questions. Les velléités d’abrogation de la réforme de 2023 et la crispation autour d’un éventuel gel des pensions sur les six premiers mois de 2025. Tout indique que notre système de solidarité intergénérationnelle est à bout de souffle, mais le déni pour le faire évoluer reste bien ancré.
Avec la désindexation temporaire des retraites sur l’inflation, le gouvernement a enfin trouvé une majorité absolue… mais contre lui. Les députés ont rejeté en commission l’une des principales mesures d’économie du projet de loi de finances. Déjà, lors des élections législatives, ce refus d’un gel des retraites constituait le seul point commun à tous les programmes. La raison de cette unanimité est d’une simplicité biblique : les retraités représentent un inscrit sur trois sur les listes électorales, mais un votant sur deux.
Totem d’immunité
Ce civisme exemplaire confère aux retraités un véritable totem d’immunité. Pour les états-majors politiques, s’attaquer aux intérêts de cet électorat est vécu comme un suicide politique. Personne n’a envie d’en prendre la responsabilité, surtout quand de nouvelles élections se profilent avec une possible dissolution à partir de juillet 2025. Pourtant, il suffit de regarder l’évolution des dépenses de retraites pour prendre conscience que la situation ne sera pas tenable dans la durée.
La démographie, avec de moins en moins de cotisants et de plus en plus de pensionnés, entraîne une charge grandissante pour les actifs et les comptes publics. Au début des années 1980, la France dépensait 7 % de son produit intérieur brut pour financer ses retraites. Quarante ans plus tard, cette proportion a doublé. Les cotisations, qui ponctionnaient en moyenne 15 % des salaires, en représentent aujourd’hui près de 30 %. De plus, l’Etat est obligé de recourir à la dette pour équilibrer les régimes. Comme le démontre l’ex-directeur général des impôts Jean-Pascal Beaufret dans un retentissant article paru dans le numéro d’automne de la revue Commentaire, le financement des retraites est l’origine de la moitié de la dette française accumulée depuis 2017, du fait que seuls les deux tiers des dépenses sont couverts par les cotisations.
Il vous reste 56.85% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.