« On a le vent de face, dans un coin comme ici »

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Quartier des Provinces, à Abbeville. Un homme marche, seul, sous un soleil d’été, micro à la main. Derrière lui, une camionnette le suit au pas, surmontée d’un énorme ballon rouge. Avec inscrit en grosses lettres « Avec François Ruffin », et Picardie Debout, le nom de son petit parti. Ce dimanche 23 juin, à sept jours du premier tour des élections législatives, le député sortant de la première circonscription de la Somme, élu pour la première fois en 2017, est à nouveau en campagne. Chemise blanche immaculée, il déambule dans ce quartier populaire, interpellant les habitants. « Bonjour, Les Provinces, ici votre député François Ruffin. J’aimerais que vous me renvoyiez à l’Assemblée pour continuer à porter votre voix et pour faire qu’il n’y en ait pas que pour les gros en haut, mais aussi pour les petits », proclame-t-il.

La voix résonne dans les allées bétonnées. Quelques têtes apparaissent aux fenêtres de ces habitations à loyer modéré. Justice fiscale, investissement dans l’hôpital, l’école, le logement, revalorisation des minima sociaux et des retraites, le député-reporter égrène son programme social. « Je suis sûr que c’est vous qui tenez le pays », poursuit-il à l’attention de ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts.

D’habitude, l’ex-élu fait six mois de campagne dans les 380 communes de sa circonscription, un bastion de gauche que le Rassemblement national (RN) rêve de lui arracher. Là, il n’a que trois semaines pour convaincre. En 2022, il avait battu sa rivale du RN, Nathalie Ribeiro-Billet, au second tour, avec 61 % des voix. A l’époque, elle avait obtenu « 40 % sans sortir de chez elle ». En deux ans, l’extrême droite a poursuivi sa poussée, réalisant un score de 44 % à l’élection européenne du 9 juin (contre 31,4 % au niveau national) dans la circonscription. La gauche, elle, n’a attiré que 26 % des voix. « On a le vent de face, dans un coin comme ici », admet le natif d’Amiens.

Mélenchon, « un obstacle à la victoire »

Dans la Somme, François Ruffin fait campagne sur son nom. La figure de Jean-Luc Mélenchon, le fondateur de La France insoumise (LFI), est un repoussoir. Sur le matériel de campagne, le Nouveau Front populaire, la nouvelle alliance de la gauche, est mentionné en tout petit. Magali (qui n’a pas souhaité donner son nom de famille) a fait du porte-à-porte la semaine précédente : « Le problème qui ressort, ce n’est pas [Jordan] Bardella, c’est Mélenchon », relate-t-elle.

La veille sur France 3, le triple candidat à la présidentielle a de nouveau désespéré les militants de François Ruffin en se disant « prêt à gouverner le pays ». Il a aussi estimé que l’élection européenne avait tranché sa « divergence » idéologique avec le député de la Somme. « Plutôt que de faire la tournée des plateaux télé, Jean-Luc devrait aller se battre, sur le terrain, il devrait affronter le RN dans une circo, comme il l’a fait en 2012 à Hénin-Beaumont, même s’il a perdu », répond l’intéressé, qui pense que la ligne de Jean-Luc Mélenchon ne peut que faire perdre la gauche.

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