Au moment où l’extrême droite menace de parvenir au pouvoir en France, un sursaut de tous les républicains et les humanistes s’impose. Partout où l’extrême droite gouverne, ce sont les droits des femmes, des minorités sexuelles et des immigrés qui sont remis en cause ; ce sont l’Etat de droit et les contre-pouvoirs qui sont affaiblis ; ce sont les libertés, dont la liberté de la presse, qui reculent ; ce sont les prébendes et le clientélisme qui gagnent du terrain ; ce sont l’écologie et la lutte contre le réchauffement climatique qui sont discréditées ; c’est la concorde nationale qui est mise à mal.
Quand l’extrême droite est au pouvoir, il est difficile de l’en déloger, car elle manie le mensonge et cherche à contrôler sans vergogne les médias et les institutions. Si la France tombe, ce serait un véritable séisme. Face à ce risque majeur, d’autres chemins à gauche auraient été concevables, tant l’actualité internationale et la campagne des élections européennes ont mis en lumière de profondes divergences, sur le plan politique mais également sur celui des valeurs.
Néanmoins le nouveau front populaire, c’est-à-dire l’unité de toute la gauche, s’est imposé comme une nécessité, compte tenu de la brièveté de l’échéance électorale et de la menace que représente l’extrême droite aux portes du pouvoir. Alors que le président de la République, par son acte irresponsable de dissolution, met en péril la nation, sa cohésion, ses institutions, son image et ses valeurs, la majorité présidentielle apparaît démonétisée. Ayant progressivement glissé vers la droite, elle n’est plus que l’ombre d’elle-même et se prépare à connaître une défaite accentuée par son incapacité à s’allier aux Républicains, eux-mêmes profondément divisés.
Le rôle déterminant des sociaux-démocrates
Face à cet effondrement politique et moral, la gauche unie a donc une responsabilité immense. Pour faire cette union, des lignes rouges ont été fixées : lutte intraitable contre l’antisémitisme, dénonciation des attaques terroristes du Hamas, reconnaissance de l’Etat palestinien à côté de l’Etat israélien, soutien indéfectible à l’Ukraine, engagement réaffirmé en faveur de l’Union européenne. Les représentants du Nouveau Front populaire devront respecter ces engagements, sauf à mettre en péril l’ensemble de l’édifice.
Quant au programme économique, celui-ci résulte d’un compromis ; et nul doute que l’exercice du pouvoir – comme c’est toujours le cas – amènera à fixer des priorités dans sa mise en œuvre. Il se dégage néanmoins de cette feuille de route quelques principes auxquels tout progressiste peut souscrire : la priorité accordée à la transition écologique ; le souci du pouvoir d’achat et l’importance donnée à la justice sociale dans les réformes ; l’indispensable investissement dans l’éducation, la santé et la qualité des services publics ; enfin, la nécessaire contribution des plus aisés à l’effort collectif, dans un contexte de crise des finances publiques.
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