Pierre Mouraret n’a pas attendu les consignes nationales. Il en a parlé avec sa suppléante et, arrivé troisième dans la 4e circonscription du Calvados, a aussitôt décidé de se désister au profit du candidat du gouvernement. En serrant les dents. « Ce n’était pas de gaieté de cœur, c’était compliqué, admet le maire communiste de Dives-sur-Mer. Mais je ne peux pas admettre qu’il y ait un député d’extrême droite dans la circonscription, et un de plus à l’Assemblée nationale, alors que ça va déjà être très juste. »
Dives-sur-Mer, un peu plus de 5 000 habitants, à deux pas de Deauville, est un petit îlot communiste au milieu de l’océan conservateur de la Côte fleurie, dans l’ombre pendant trente ans de Michel d’Ornano, le fidèle des fidèles de l’ancien président de la République Valéry Giscard d’Estaing. Philippe Augier, maire de Deauville depuis vingt-trois ans et proche d’Edouard Philippe, le président d’Horizons, en entretient toujours la flamme.
« On est un point rouge sur la carte », sourit Pierre Mouraret, le candidat du Nouveau Front populaire (NFP), dans une commune qui a longtemps eu une solide population ouvrière. Il a 74 ans, une fine moustache patiemment taillée, et c’est son troisième mandat. La municipalité est communiste depuis soixante-dix ans, et, quand on est maire de Dives, on y reste : il n’y a eu que trois maires depuis 1953.
Au premier tour des législatives, le Rassemblement national, avec sa candidate Chantal Henry, a obtenu 33,7 % des voix, à peine plus qu’aux européennes (32,4 %), mais avec près de 15 points de plus qu’en 2022. Elle est conseillère régionale depuis 2015, à peu près inconnue dans la circonscription, « ses propres amis ne la connaissent pas, assure Pierre Mouraret, mais peu importe, elle est portée par la vague ». Christophe Blanchet, le député MoDem sortant, est en deuxième position, à moins d’un point de la candidate du RN, avec 32,8 % des voix, mais il a gagné quelque 4 500 voix depuis le premier tour des législatives de 2022.
« Les gens se sentent méprisés »
Arrive en troisième position, Pierre Mouraret, 19,8 % des suffrages, avec trois points de moins qu’en 2022 mais plus de 2 300 voix de plus : la participation a surtout profité au RN. Reste Sophie Gaugain, du parti Les Républicains, maire de Dozulé, dont le score s’est sérieusement tassé avec 10,9 % des voix, et qui ne pouvait prétendre à un second tour. Elle a indiqué que, à titre personnel, elle « ne saurait voter pour une candidate du Rassemblement national, parachutée, sans lien ni travail pour notre territoire ».
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