« Si l’on voulait réellement se libérer de la dette, il faudrait se tourner vers l’arme monétaire »

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En matière budgétaire, la seule équation qui mériterait d’être posée sérieusement ne l’est jamais, ni à gauche ni à droite.

Résumons-la simplement : le déficit public actuel de la France est d’environ 150 milliards d’euros ; le besoin de financement public pour atteindre la neutralité carbone est d’au moins 60 milliards d’euros supplémentaires (ce que confirment tous les experts, du rapport Pisani-Ferry – Mahfouz à celui de l’Institut Rousseau, et jusqu’à la Commission européenne) ; les dépenses publiques additionnelles prévues au titre des lois de programmation pluriannuelles ou de financement de stratégies nationales portent sur une dépense publique additionnelle de 40 milliards d’euros par an au minimum.

A titre d’exemples, la loi de programmation pluriannuelle pour la défense prévoit une augmentation progressive des moyens de 10 milliards d’euros par an ; la loi sur la recherche et l’innovation, de 3 à 5 milliards d’euros par an ; la justice et le régalien devront être financés, à terme, par 3 milliards d’euros supplémentaires annuels, tandis que le financement de la stratégie nationale pour la biodiversité représenterait 1 milliard d’euros de dépenses en plus.

Promettre beaucoup et donner peu

Ainsi, le besoin de financement public pour réduire le déficit, financer la neutralité carbone et les autres politiques publiques s’élève à 250 milliards d’euros par an au moins. Même à supposer que l’on se fixe comme objectif de ne pas éteindre le déficit public, mais de le garder à hauteur de 3 % du produit intérieur brut (PIB), soit peu ou prou 75 milliards d’euros, il resterait donc à financer plus de 175 milliards d’euros. Comment faire ?

Trois hypothèses. La première est de lever pour 175 milliards d’euros d’impôts nouveaux. C’est l’illusion fiscale. Quand bien même un gouvernement de gauche parviendrait à lever 70 ou 80 milliards d’impôts nouveaux sur les plus aisés et les grandes entreprises, ce qui est tout à fait légitime pour des raisons d’équité fiscale, il resterait plus d’une centaine de milliards d’euros à trouver pour tenir les objectifs que la France s’est fixés. Et il convient de faire très attention à ne pas pénaliser les classes moyennes et les entreprises par une fiscalité excessive.

La seconde hypothèse serait que, comme par magie, une croissance très forte vienne remplir les caisses de l’Etat, alors même que ce dernier pratiquerait une politique d’austérité contracyclique. C’est l’illusion austéritaire. En effet, pour atteindre les 2,9 % de déficit public en 2029, il faut tailler dans les dépenses publiques d’au moins 20 milliards d’euros par an. Rien que pour 2025, l’Observatoire français des conjonctures économiques estime, de manière prudente, à − 0,8 % l’impact des baisses de la dépense publique sur la croissance.

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