sur l’agriculture et l’alimentation, le « minimum syndical » des programmes

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Oubliée la crise agricole du début d’année 2024 ? Oubliés les engagements à faire de l’agriculture la priorité de la nation ? Dans la campagne express qui se joue pour les législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, les enjeux agricoles sont réduits à la portion congrue : une douzaine de points dans le programme du Nouveau Front populaire (NFP) – le plus développé –, quatre mesures dans celui du Rassemblement national (RN), et seulement trois propositions (dont deux déjà engagées) dans le tract de la majorité sortante, Ensemble pour la République. « C’est très léger, c’est le minimum syndical, ça donne l’impression qu’il y a la volonté de ne pas s’exposer, de ne pas prendre de coups sur des sujets clivants », commente Ronan Groussier, responsable agriculture au sein du Réseau Action Climat (RAC).

« C’est étonnant que le sujet soit aussi discret après les grosses mobilisations agricoles de cet hiver », abonde Mathieu Courgeau, vice-président du collectif associatif Nourrir. Le collectif, qui a épluché les propositions des partis, a identifié un fil rouge dans tous les programmes – l’instauration de prix planchers, reprise avec différentes nuances par les trois principaux blocs, malgré des oppositions internes fortes dans certains partis –, et un sujet totalement absent : l’installation et la transmission, alors qu’un tiers des agriculteurs doivent prendre leur retraite dans les prochaines années.

Du côté du RN, les mesures mises en avant sont surtout alimentaires : un plan « Mangeons français », qui vise à atteindre 80 % de produits français servis dans les cantines scolaires en 2027, et une obligation d’étiquetage de l’origine des produits, déjà en partie appliquée. « L’ambition est faible : les cantines scolaires, ce n’est qu’une tête d’épingle des repas consommés en France », observe Benoît Granier, spécialiste de l’alimentation au RAC, qui rappelle que la restauration collective ne concerne que 5 % à 6 % des repas pris, et les cantines scolaires encore moins, de 2 % à 3 %. Le RN ne propose rien pour la grande distribution et ne prend aucun engagement pour favoriser des produits sous labels de qualité ou bio. » Sur l’étiquetage, l’engagement est tout aussi flou : concernerait-il les produits transformés, la restauration hors domicile ? Le RN étant par ailleurs opposé à l’étiquetage nutritionnel Nutriscore et silencieux sur l’affichage environnemental, la portée de la mesure semble limitée.

« Modèle agro-industriel »

Le RN, qui s’affiche comme un parti ancré dans la ruralité, a en réalité très peu investi les questions agricoles. « Sur la législature sortante, il a pris très peu d’initiatives sur le sujet », note Ronan Groussier. Il a fallu que les agriculteurs se mobilisent en début d’année pour que le RN dégaine une proposition de loi déposée en avril sur les ingérences étrangères dans les rachats de terres agricoles et une commission d’enquête sur la « perte de souveraineté alimentaire de la France », lancée juste après que des députés avaient déjà planché sur la souveraineté alimentaire européenne.

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