Une nouvelle victime de la crise à Nouméa. L’un des deux hommes blessés par balles par des gendarmes lundi 3 juin en Nouvelle-Calédonie a succombé à ses blessures vendredi, a annoncé samedi Yves Depas, le procureur de la République de Nouméa. Cela porte à huit le nombre de morts depuis le début des troubles dans l’archipel. Les deux hommes, qui faisaient partie d’un groupe ayant ouvert le feu sur des gendarmes, avaient été blessés par balles par ces derniers au nord de Nouméa, a annoncé M. Depas.
L’information a également été évoquée par le président indépendantiste du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, Louis Mapou, lors d’une allocution télévisée.
Les faits s’étaient déroulés dans le secteur du col de la Pirogue, à Païta, un point névralgique sur la route menant de Nouméa à l’aéroport international, longtemps bloquée par les indépendantistes. Selon la version des gendarmes relayée par le procureur, ces derniers avaient fait usage de leur arme après que leur voiture de location, qui porte un impact de balle, avait été percutée par un pick-up.
« Action de riposte »
« Plusieurs hommes armés ouvrent le feu en direction du véhicule, ce qui conduit deux gendarmes à faire usage de leur arme de service, dans une action de riposte », avait expliqué M. Depas, précisant qu’un « agresseur » avait été blessé à la tête, un autre au bras et que le véhicule ayant heurté les gendarmes a pris la fuite sans avoir été retrouvé.
Dans un communiqué, la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT, un collectif, créé fin 2023, pour mobiliser contre la réforme du corps électoral) a pour sa part donné une autre version des faits, accusant des « milices » ayant profité du déblaiement de la route par les forces de l’ordre pour passer « à vive allure en ouvrant le feu avec des balles réelles sur nos jeunes positionnés aux abords de la route ».
Depuis le début de la crise et des émeutes en Nouvelle-Calédonie, le 13 mai, huit personnes ont été tuées, dont deux gendarmes.
C’est dans ce contexte tendu que ce tiendront les élections européennes : les 56 bureaux de vote de Nouméa ont été regroupés dans six lieux, au lieu de 37, et seront sécurisés dimanche par la présence des forces de l’ordre dans un contexte encore très tendu en Nouvelle-Calédonie.
« On a dû regrouper les bureaux de vote sur des lieux stratégiques pour deux raisons : la première est la sécurité, la seconde est le challenge logistique », a expliqué samedi lors d’une conférence de presse Alan Boufenèche, directeur de la vie citoyenne, éducative et sportive de la ville de Nouméa.