
Le Congrès américain – c’est-à-dire l’addition du Sénat et de la Chambre des représentants, soit 535 élus – qui siège depuis janvier est le plus divers à avoir jamais été élu. Dans l’ensemble, cette assemblée élue en novembre 2022 tend à ressembler de plus en plus à la société américaine, bien que les chrétiens, les Blancs et les hétérosexuels y soient plus présents que leur poids réel dans la société.
- Plus de femmes que jamais
Les 149 élues représentent 27,9 % des membres du Congrès : 107 d’entre elles sont démocrates (dont une « indépendante »), et 42 républicaines. Il s’agit d’un record dans l’histoire politique américaine, mais cela reste encore éloigné de la parité, et même de la proportion de parlementaires françaises (36,6 %), britanniques (35 %) et suédoises (49,3 %).
Ce pourcentage qui s’approche des 30 %, élection après élection, est le fruit d’une accélération dans le rééquilibrage femmes-hommes dans les institutions législatives américaines. L’année 2020 avait déjà établi un record, avec 144 élues sur 535.
A la Chambre des représentants, les démocrates ne sont plus très loin de la parité : 91 élues sur 213, soit 42,7 %. C’est plus compliqué chez les républicains où elles sont 33 sur 222 (14,8 %). Au Sénat, la Chambre haute, le chemin reste plus long à parcourir : 15 élues démocrates sur 51 (29,4 %) et 9 républicaines sur 49 (18,3 %).
- Un léger rajeunissement de 2020 et 2022
Les élus qui siègent au Congrès ont « rajeuni » depuis 2018. A l’époque, la médiane (50 % étant plus jeunes, 50 % plus âgés) – était de 61 ans et 3 mois, contre 60 ans et 4 semaines pour le Congrès élu en 2022.
Néanmoins, cet âge médian n’a cessé d’augmenter depuis 1982, l’année des premières élections de la mi-mandat de Ronald Reagan ; il était de 51 ans et 2 mois à l’époque. Cet indicateur suit la tendance des Etats-Unis, dont la population tend à vieillir selon le Bureau du recensement, même si l’âge médian des Américains en 2022 était de 38,8 ans, soit environ vingt-deux ans de moins que leurs élus.
- Une représentation des minorités « raciales » qui continue de progresser
Ce 118e Congrès a fait des progrès en matière de représentativité des minorités « raciales » : 133 sièges sur 535 sont occupés par des Américains non-blancs, contre 128 dans le précédent. L’écrasante majorité d’entre eux siègent dans le camp démocrate (83 %), contre 17 % chez les républicains.
Malgré ces progrès, les Blancs demeurent surreprésentés : ils sont 75 % des élus au Sénat et à la Chambre des représentants, alors que leur poids dans la société états-unienne est de 59 %. Cet écart est aussi important qu’il l’était en 1981, quand 94 % du Congrès était blanc, contre 80 % dans la population générale, décrypte le Centre de recherche Pew.
La représentativité Noirs (13 % du Congrès) et des Amérindiens et premières nations d’Alaska (1 %) est en adéquation avec leur poids dans la société. En revanche, les Asiatiques-Américains (4 % au Congrès, contre 6 % dans la population) et les Hispano-Américains (11 % contre 19 %) sont sous-représentés dans les deux chambres.
C’est à la Chambre des représentants que la diversité est la plus avancée : 27 % des élus sont non-blancs, contre seulement 12 % au Sénat.
• Des élus chrétiens surreprésentés mais en léger recul
Aux Etats-Unis, femmes et hommes élus se définissent par leur religion, ce qui permet de détailler la composition confessionnelle des élus – ce qui serait impossible en France. Les différences avec le Congrès de 2020 sont maigres, mais les tendances demeurent : recul modeste des chrétiens (protestants, catholiques, orthodoxes, etc.) et rééquilibrage en faveur des autres religions. Néanmoins, les chrétiens sont toujours surreprésentés : ils forment 87 % du Congrès contre 63 % de la population américaine, selon le Centre de recherche Pew.
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En leur sein, ce sont les protestants qui sont majoritaires (56 % au Congrès contre 40 % des Etats-Uniens), les catholiques assez proches de leur proportion dans la société (27,7 % contre 21 %) et les juifs un peu surreprésentés (6,2 % au Congrès contre environ 2 % dans la société américaine).
Deux élus, sur les 535, s’identifient hors du monde religieux. Le premier est le représentant démocrate de Californie, Jared Huffman qui se classe parmi les humanistes, de celles et ceux qui « doivent améliorer la société, vivre de manière éthique guidés par la raison, et non le surnaturel », écrit le Washington Post. La seconde est la sénatrice démocrate (au moment de l’élection, devenue indépendante depuis) de l’Arizona qui se déclare « sans religion », Kyrsten Sinema. Elle est, par ailleurs, la première élue ouvertement bisexuelle du Sénat américain.
- Un nombre record d’élus LGBT
Avec 13 élus qui se présentent comme membres de la communauté LGBT sur 535, ce Congrès est le mieux représenté sur les questions de diversité d’orientation sexuelle. Leur nombre a triplé ces vingt dernières années, rappelle le Centre de recherche Pew, et ils constituent 2,4 % de l’effectif des deux assemblées. Néanmoins ce chiffre reste en deçà des 7,1 % des Américains qui s’identifient comme gays, lesbiennes, bisexuels ou transgenres, selon un sondage de Gallup de 2021.
En même temps que les élections de la mi-mandat de novembre 2022, des élections locales avaient lieu dans plusieurs Etats pour se choisir un ou une gouverneure. A cette occasion, les démocrates Maura Healey (Massachusetts) et Tina Kotek (Oregon) ont été les deux premières femmes ouvertement lesbiennes à être élues à la tête de l’exécutif de leur Etat respectif.