Après l’ouverture d’une enquête de la Commission européenne en mars sur AliExpress dans le cadre du Digital Services Act (DSA), c’est au tour de Temu de faire l’objet d’une attention particulière. Ce 16 mai, le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), soutenu par 17 de ses membres, dont l’UFC-Que choisir, a annoncé déposer des plaintes contre Temu au regard du DSA.
« La marketplace est truffée de techniques de manipulation »
Ces actions sont entreprises simultanément auprès de la Commission européenne, mais aussi auprès des autorités nationales, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM) pour la France. Pour cause, la plateforme d’e-commerce chinoise présente plusieurs incompatibilités avec le DSA.
« La marketplace est truffée de techniques de manipulation destinées à pousser les consommateurs à dépenser davantage », déclare dans un communiqué Monique Goyens, la directrice générale du BEUC.
Temu utilise notamment des « dark patterns », soit des techniques de manipulation visant à inciter les ventes, comme de faux compteurs de temps et l’affichage de stocks limités. Une manière de créer un sentiment d’urgence chez les consommateurs qui sont ainsi poussés à acheter.
La plateforme est également accusée de ne pas fournir une traçabilité de ses vendeurs suffisante. Pour les consommateurs, cela signifie qu’il peut être complexe de contacter un vendeur pour un remplacement, une réparation ou un remboursement de leurs produits.
D’autres problèmes relevés aux États-Unis, en France, en Italie et en Allemagne
Le détail du fonctionnement des systèmes de recommandation et des critères de sélection pour l’affichage des produits sur Temu est jugé comme insuffisant. Le site ne proposant pas de vérification de l’âge, la sécurité des mineurs est également pointée.
Par ailleurs, Altroconsumo, l’association italienne de consommateurs a réalisé une série de tests sur des produits cosmétiques. Elle a remarqué que plusieurs d’entre eux ne présentaient pas la composition du produit. La fédération allemande des organisations de consommateurs a de son côté pointé la présence d’avis et de réduction de prix fallacieux. Temu a remédié à cette dernière situation, mais uniquement sur le marché allemand.
L’année dernière, en outre-Atlantique, Temu et Shein ont été scrutés sur leur utilisation des données personnelles, mais aussi sur leurs pratiques commerciales. Des mesures concrètes visant à améliorer la réglementation et le contrôle qualité des produits importés avaient alors été demandées. En France, les deux marques d’e-commerce chinoises ont également été ciblées par un projet de loi des Républicains concernant leur impact environnemental.
Lancé en Europe en 2023, Temu compte plus de 75 millions d’utilisateurs mensuels au sein de l’Union Européenne.