Bruxelles souhaite améliorer les connaissances financières des citoyens

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Cet article a été initialement publié en anglais

Une mauvaise compréhension du budget personnel et des marchés financiers a un coût à la fois social et économique, estiment les experts.

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Les fonctionnaires européens espèrent que le renforcement des connaissances financières aura des retombées économiques et sociales, après qu’une enquête historique a révélé que de nombreuses personnes ne maîtrisent pas les compétences budgétaires de base en Europe.

Les ministres se réunissent cette semaine à Gand, en Belgique, pour discuter de l’éducation financière, mais leurs détracteurs craignent que cela ne les détourne de leur tâche principale, qui est de garantir la sécurité du système financier.

« Les compétences en matière d’éducation financière ne sont pas excellentes, elles sont à peine acceptables », considère Mairead McGuinness, de la Commission européenne, à Euronews.

Cependant, d’après une étude réalisée en 2023, seuls 18 % des adultes de l’UE ont un niveau élevé de connaissances financières. Les résultats, issus d’un test de base sur la finance et les pratiques budgétaires, sont en moyenne plus faibles pour les femmes, les jeunes et les personnes pauvres.

Seul un Européen sur cinq a été capable d’identifier correctement la relation entre les taux d’intérêt et le prix des obligations, bien qu’il s’agisse d’une question à choix multiples comportant quatre réponses.

Selon Mairead McGuinness, l’amélioration de la culture financière renforcera la résilience sociale, car les personnes qui gèrent mieux leur argent sont plus susceptibles de disposer d’une réserve financière en cas d’urgence.

« Certains États membres, comme le Danemark, font beaucoup [pour l’éducation financière], d’autres moins », avance-t-elle, et elle espère que les négociations de l’UE mettront le sujet sur la table politique. « J’espère qu’ils s’associeront à leurs voisins et à d’autres pays pour mettre en place un cadre dont ils ne disposent pas pour l’instant ».

Aucune décision ne sera prise par les ministres lors de leur discussion informelle de vendredi, fait remarquer le ministre belge des finances, Vincent Van Peteghem, qui présidera la réunion en tant que président du Conseil de l’UE, qui reconnaît l’importance de la question.

« L’éducation financière est un levier essentiel pour inciter les gens à agir, à investir eux-mêmes avec les économies de leur ménage », déclare-t-il à Euronews.

Commencer simplement

L’année dernière, la Belgique a ouvert la vente d’obligations d’État aux investisseurs particuliers, ce qui, selon Vincent Van Peteghem, a incité de nombreux ménages épargnants à reconsidérer leurs options.

L’UE devrait offrir aux citoyens de meilleures informations sur les investissements, et proposer des sites de comparaison des prix et des produits financiers cohérents dans l’ensemble de l’Union, ajoute-t-il.

Mais la clé est de commencer simplement, selon le régulateur financier belge Jean-Paul Servais, auteur d’un matériel pédagogique téléchargé 180 000 fois et du populaire site web Wikifin.

« La raison de notre succès est que nous fournissons des informations dont tout un chacun a besoin pour ses activités quotidiennes. Nous nous intéressons à la gestion d’un budget de base plutôt qu’à des termes financiers fantaisistes tels que les investissements collectifs ou les produits structurés », avance Jean-Paul Servais, qui préside l’Autorité des services et marchés financiers de Belgique.

Pour Mairead McGuinness, promouvoir l’éducation financière, c’est faire le lien entre son travail quotidien – qui implique de maîtriser des lois souvent complexes sur les transactions et les infrastructures financières – et la vie des gens ordinaires.

La culpabilisation des victimes

Pour d’autres, comme Peter Norwood de Finance Watch, il s’agit simplement de transférer la responsabilité.

L’éducation est importante, dit-il, mais l’objectif devrait être d’empêcher les financiers de vendre des produits dangereux, et non de blâmer les acheteurs qui en sont victimes.

Selon lui, l’industrie des services financiers dit aux décideurs politiques : « développez la culture financière, et en retour, nous diluerons la réglementation financière », déclare Peter Norwood à Euronews.

Cela correspond à l’expérience récente de Mairead McGuinness, qui a vu ses efforts pour améliorer la protection des petits investisseurs se heurter à un mur. Un projet visant à interdire aux intermédiaires financiers d’accepter des incitations financières à la vente a suscité une avalanche de critiques de la part du secteur et semble aujourd’hui compromis.

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Les personnes qui se sentent déroutées par des produits financiers complexes ne doivent pas s’en vouloir, avance Peter Norwood : ce n’est pas le fruit du hasard, mais celui de la conception même des marchés financiers.

« Les produits simples ne sont pas très rentables : c’est là le problème », explique-t-il.

« Il est dans l’intérêt du secteur des services financiers de concevoir des produits complexes que les gens ne peuvent pas comprendre entièrement », conclut-il – alors que, selon lui, ils devraient être contraints de proposer des plans d’investissement plus simples et mieux adaptés.

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