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Commission : le report d’un plan de gestion de l’eau suscite l’indignation

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Cet article a été initialement publié en anglais

La Commission européenne a retiré de son agenda pour les mois à venir une initiative sur la résilience de l’eau, une réponse de l’UE aux épisodes de plus en plus fréquents de sécheresse et d’inondations.

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La Commission européenne a visiblement suspendu ses projets visant à renforcer la résilience de l’eau, ce qui n’a pas manqué de provoquer l’indignation des groupes écologistes.

L’initiative de l’Union Européenne, annoncée en septembre dernier par la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, devait permettre de faire face aux périodes de sécheresse et d’inondation de plus en plus fréquentes, qui ont un impact dévastateur dans toute l’Europe et qui sont la conséquence directe du dérèglement climatique.

Maroš Šefčovič, vice-président de la Commission chargé de la politique environnementale, devait présenter une feuille de route le 12 mars, pour envoyer ce que certains espéraient être un message fort à la prochaine administration qui doit prendre ses fonctions à l’automne.

Mais ces derniers mois ont été marqués par un certain nombre de volte-face en matière de politique environnementale, à la suite de la mobilisation massive des agriculteurs, mais aussi de réactions conservatrices manifestées à l’égard du Pacte Vert.

Le puissant lobby agricole bruxellois n’a pas caché ses réticences au sujet d’une feuille de route émanant de l’UE sur la pénurie d’eau, qui pourrait limiter les possibilités d’irrigation dans les régions souffrant de stress hydrique.

L’ordre du jour provisoire des réunions hebdomadaires de la Commission, publié mercredi 14 février en fin de journée, ne mentionne plus le plan de gestion de crise concernant l’eau, et aucune date ultérieure n’a été fixée pour sa publication. L’ordre du jour aurait été publié deux jours plus tôt, à la suite d’une réunion hebdomadaire des chefs de cabinet des commissaires.

Un porte-parole de la Commission a déclaré que la date initialement prévue du 12 mars n’avait jamais été que provisoire pourtant contredire les récentes déclarations de représentants de l’UE.

A la suite d’une réunion qui a rassemblé mi-janvier les ministres des Etats membres, le commissaire en charge de l’environnement Virginijus Sinkevicius a déclaré que la feuille de route en question serait formalisée en mars, et qu’elle avait pour but d’examiner « la manière dont nous pouvons faire en sorte que l’eau contribue à une économie juste, durable et résiliente ».

La mise en sommeil de ce train de mesures a suscité de vives réactions à Bruxelles.

« Je suis consternée par le fait que la Commission von der Leyen ait pris la décision irresponsable de mettre en sommeil la feuille de route sur la gestion de l’eau, alors que des inondations et des sécheresses sévères noient ou dessèchent déjà certaines parties de l’Europe, ce qui génère un coût énorme pour les communautés, les agriculteurs, notre approvisionnement alimentaire et pour la nature », a déclaré Claire Baffert, chargée de mission au bureau politique européen du WWF à Bruxelles.

« Cela n’a absolument aucun sens et ne peut être voué qu’à rafler la mise sur le plan politique en vue des élections », poursuit-elle, faisant référence au scrutin européen prévu en juin, et exhortant l’exécutif européen à remettre la question à l’ordre du jour.

L’industrie de l’eau semble également déstabilisée

Géraud de Saint-Exupéry, directeur européen de l’entreprise américaine de technologie de l’eau Xylem, a déclaré à Euronews que le vieillissement des infrastructures exacerbait la vulnérabilité de l’Europe et que l’Union avait besoin de toute urgence d’une réponse cohérente et bien financée.

« Les priorités sont les suivantes : la modernisation des infrastructures de traitement et de distribution de l’eau afin de minimiser les pertes et d’augmenter l’efficacité, l’investissement dans les technologies de pointe pour une surveillance et une gestion précises des ressources en eau, et l’adoption de politiques globales pour la conservation de l’eau, et le maintien de la qualité et de la quantité de l’eau », estime-t-il.

Représentant les compagnies des eaux, le groupe industriel EurEau, basé à Bruxelles, s’est également déclaré « profondément inquiet » de la décision de la Commission. L’association a noté que le Portugal, Chypre, l’Italie, la Hongrie et la Roumanie avaient récemment appelé à une réponse plus complète, à l’échelle européenne, face à l’incertitude pesant sur les ressources en eau, et indique que la demande d’EurEau en faveur d’une stratégie et d’un plan d’action européens complets était partagée par un nombre croissant de parties prenantes.

Le président de l’association, Pär Dalhielm, a déclaré à Euronews qu’il considérait l’abandon de l’initiative comme un autre exemple de la Commission, tendant à abdiquer face aux réactions que peut susciter son agenda en lien avec le Pacte vert. « C’est malheureux, car il n’y a pas de gagnant dans le blocage de la feuille de route sur la gestion de l’eau  « , poursuit-il. « Tous les secteurs – de l’agriculture à l’énergie, de l’industrie manufacturière au tourisme – qui se disputent nos ressources en eau, rares et souvent polluées, seront perdants ».

Une proposition de la Commission sur la résilience face au changement climatique semble toujours à l’ordre du jour provisoire en date du 12 mars.

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