Euronews Business se penche sur les facteurs qui expliquent la hausse du nombre d’escroqueries lors du Black Friday, et détaille de quelle manière les consommateurs peuvent s’en protéger.
Les escroqueries liées au Black Friday se sont multipliées ces dernières années, suivant le mouvement du développement des offres promotionnelles, en particulier du côté du commerce en ligne.
Avec l’augmentation du coût de la vie, la hausse des taux d’intérêt et l’incertitude géopolitique généralisée, les consommateurs hésitent de plus en plus à réaliser des achats importants.
D’après une étude du laboratoire Bitdefender Antispam Lab a révélé que trois spams sur quatre liés au Black Friday étaient des escroqueries, l’Europe étant destinataire de 44 % des spams sur ce thème. D’après l’association Caba, spécialisée dans le bien-être, les millenials et les jeunes de la génération Z seraient trois fois plus susceptibles que les baby-boomers d’être victimes d’une fraude lors d’achats en ligne.
Les escrocs peuvent utiliser des courriels, de faux sites web, des publicités sur les réseaux sociaux, des liens vers des moteurs de recherche ou encore des avis de livraison pour commettre leurs fraudes.
Pourquoi les escroqueries liées au Black Friday ont-elles augmenté ces dernières années ?
L’un des principaux facteurs expliquant l’explosion des escroqueries liées au Black Friday réside dans la facilité avec laquelle ceux qui prévoient de se livrer à ce type d’agissements peuvent avoir accès à de nouveaux outils pour commettre ces infractions – qui sont par ailleurs de moins en moins coûteux -, en particulier sur le « dark web ».
Adrianus Warmenhoven, expert en cybersécurité chez NordVPN, a déclaré dans un courriel : « Les kits d’hameçonnage trouvés sur le dark web sont généralement gratuits, les mises en page de faux sites web commencent à 50 $ (47,40 €), et les abonnements aux logiciels malveillants en tant que service coûtent environ 150 $ (142,45 €) par mois.
« Les produits les plus coûteux, tels que les pages de saisie de cookies, coûtent 400 dollars (379,24 euros) ou plus. Mais comme pour tout le reste, il est possible de trouver des promotions pour ces articles ».
Ces chiffres s’appuient sur les analyses de NordStellar, qui évoquent, parmi les outils disponibles, des cours individuels et des tutoriels avec des guides étape par étape sur la façon de réaliser ces fraudes.
L’accès généralisé à un internet bon marché dans le monde entier, ainsi que des technologies et des techniques d’escroquerie beaucoup plus sophistiquées, ont permis aux escrocs de tromper encore plus facilement les acheteurs.
« Les escrocs se font passer pour des plateformes ayant pignon sur rue telles que PayPal, Amazon, Shopify, des sites bancaires et même Netflix pour cibler leurs clients. Les kits qu’ils utilisent pour créer ces fausses pages de commerce en ligne comprennent différentes caractéristiques promises par leurs concepteurs, telles que la personnalisation, grâce à l’utilisation du codage HTML, et la promesse d’une installation facile ».
« Ces pages comportent des détails de vérification des cartes et des systèmes anti-bots puissants. En outre, elles sont conçues pour bloquer l’analyse des sites web et ont la capacité de contourner les systèmes OTP (mot de passe à usage unique) et 2FA, tout en étant conçues pour échapper à la détection ».
Les escrocs adaptent souvent leurs campagnes à une cible de consommateurs, par exemple des produits de luxe frauduleux pour les amateurs de mode, des offres de gadgets pour les férus de nouvelles technologies et les escroqueries aux enquêtes Costco et Tesco pour les acheteurs de produits alimentaires.
Une autre raison majeure de l’augmentation des escroqueries liées au Black Friday réside dans l’essor de l’intelligence artificielle (IA). Les fraudes sont de mieux en mieux conçues, par exemple en répliquant précisément les couleurs et les polices du site original. Face à ces stratégies, les consommateurs ont de plus en plus de mal à distinguer le vrai du faux, avec des sites imités à la perfection ou presque, de même pour les courriels.
Mais la hausse du nombre d’acheteurs soucieux du développement durable a également créé une autre opportunité pour les fraudeurs.
Certaines marques ou certains escrocs ont commencé à tirer parti de cette évolution en prétendant que leur produit provient d’une source durable ou qu’il est respectueux de l’environnement, alors que ce n’est pas le cas, afin d’attirer l’attention.
Dans plusieurs cas, ces techniques peuvent doper les ventes, car il est souvent difficile pour les acheteurs de vérifier ces affirmations de manière indépendante.
Et si les acheteurs sont de plus en plus en quête de bonnes affaires, ils se montrent parfois peu regardants pour vérifier l’origine, les avis ou la qualité d’un produit ou la fiabilité d’un site, ce qui les expose à davantage d’escroqueries.
Des sites web tels que Temu et Shein contribuent également de manière significative aux escroqueries liées au Black Friday, principalement en proposant de fausses réductions. Temu a récemment fait l’objet d’une enquête de l’UE pour avoir affiché de fausses remises, ainsi que pour d’autres violations de la législation européenne relative à la protection des consommateurs.
« Depuis notre arrivée sur le marché européen l’année dernière, nous avons sans cesse pris des mesures pour aligner nos pratiques sur les normes locales et respecter nos obligations légales », a fait savoir Temu, dans un courriel.
« Temu suit régulièrement les dernières orientations réglementaires et les développements juridiques pertinents, et continuera d’évoluer et d’améliorer ses pratiques afin de garantir une conformité continue avec les lois et réglementations applicables.
Shein n’a pas répondu à la demande de commentaire d’Euronews.
Comment les acheteurs peuvent-ils mieux se protéger contre les escroqueries liées au Black Friday ?
D’une manière générale, les consommateurs devraient se méfier de toute offre ou réduction qui semble trop belle pour être vraie, et devraient idéalement prendre le temps de se renseigner plus précisément sur les produits et les vendeurs, car la probabilité d’escroquerie est plus élevée dans ces cas-là.
Pour ce faire, il convient de comparer les offres avec celles d’autres sites web ayant pignon sur rue.
Lorsque des remises importantes sont proposées, les acheteurs peuvent également vérifier l’URL du site web, ou acheter le produit directement sur le site web du détaillant, plutôt que sur celui d’un tiers.
Les consommateurs doivent également faire preuve de prudence lorsqu’il s’agit de liens provenant de sites web récemment créés.
Les consommateurs doivent également se méfier des remises limitées dans le temps, qui peuvent inclure un compte à rebours sur un site web pour passer à la caisse, ou l’obligation d’ajouter des articles à leur panier dans un certain laps de temps pour bénéficier de remises plus importantes.
Les escrocs créent souvent ce sentiment d’urgence pour empêcher les acheteurs de prendre le temps de vérifier ou de comparer correctement les produits ou les sites avant de passer à la caisse.
Une autre mesure qui peut protéger les acheteurs contre la fraude consiste à utiliser des cartes de crédit plutôt que d’autres méthodes de paiement telles que le paiement à la livraison, ou les paiements en ligne. En effet, la plupart des cartes de crédit utilisent généralement plusieurs niveaux de protection contre la fraude.
D’autres conseils, comme faire une liste et s’y tenir, au lieu de céder à des offres alléchantes pour des articles dont on n’a pas besoin, peuvent aider à se protéger des escroqueries et à limiter les dépenses excessives pendant le Black Friday ou le Cyber Monday.
« Il est essentiel que les consommateurs abordent les soldes avec un plan clair et un œil critique », prévient Charlotte Lumbroso-Baumgartner, directrice générale de Voucherbox. « Planifier à l’avance, se tenir informé et donner la priorité aux articles dont on a vraiment besoin peut aider les acheteurs à tirer le meilleur parti des soldes ».
« Bien que les soldes soient conçues pour encourager les dépenses, l’établissement d’un budget, la comparaison des prix et la compréhension des mentions en petits caractères peuvent aider à éviter les pièges courants qui conduisent à des dépenses excessives ».
« Une bonne affaire n’a de valeur que si elle correspond à vos besoins et à votre budget. La clé pour maximiser les économies est d’être intentionnel et non pas impulsif ».
