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Cannes 2024 – La cérémonie de clôture entre surprises, émotions et déceptions

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Cannes 2024 – La cérémonie de clôture entre surprises, émotions et déceptions

La cérémonie de clôture du 77ème Festival de Cannes vient de s’achever, marquée par des surprises et des controverses. Alors que le générique de début de la cérémonie défilait en hommage à la saga des Star Wars, les attentes étaient à leur comble après deux semaines intenses de cinéma. Mais la soirée n’a pas été exempte de déceptions, notamment lors de l’annonce du palmarès.

 

Les récompenses majeures de la soirée

La cérémonie a vu plusieurs films et artistes récompensés pour leurs contributions exceptionnelles au cinéma. Jesse Plemmons a remporté le prix, très mérité, du meilleur acteur pour ses rôles dans Kinds of Kindness de Yorgos Lanthimos, un film d’anthologie qui a également réuni Emma Stone et Willem Dafoe.

Le prix de la meilleure interprétation féminine a été attribué de manière collective aux actrices du film Emilia Perez de Jacques Audiard, avec une mention spéciale pour Karla Sofía Gascón, la première actrice trans à remporter un prix à Cannes. Ce choix du jury a été largement applaudi pour son audace et son message inclusif.

 

 

Le Prix du Meilleur scénario a été attribué au film The substance qui le méritait, et qui se distinguait par son originalité. Mais le film aurait mérité de remporter également au moins le Prix de meilleure réalisation pour Coralie Fargeat.

 

 

Le Grand Prix pour All We Imagine As Light

Le Grand Prix, présenté par la célèbre actrice Viola Davis, est revenu à All We Imagine As Light de Payal Kapadia. Ce film, le premier film indien en compétition à Cannes depuis 1994, a été salué pour son originalité et sa sensibilité. Kapadia a profité de son discours pour afficher sa solidarité avec les travailleurs du festival, luttant pour de meilleures conditions de travail, et a porté un badge du collectif « Sous les écrans la dèche ».

 

 

George Lucas honoré pour l’ensemble de sa carrière

Une Palme d’Or d’honneur a été décernée à George Lucas pour l’ensemble de sa carrière. Cette distinction lui a été remise par Francis Ford Coppola, ajoutant une touche émotive à la cérémonie. George Lucas a déclaré : « Je suis venu ici aujourd’hui pour vous remercier tous. Moi, je ne suis qu’un gamin qui a grandi au milieu de la Californie, au milieu des vignes et qui a fait des films à San Francisco avec mon ami Francis Coppola. Nous avons donc fait toute notre carrière en parallèle, et notamment à San Francisco. En fait, moi, je n’ai jamais fait de film à Hollywood en tant que réalisateur. Donc, c’est un grand honneur d’être ici. Je peux vous le dire».

 

 

La controverse autour du prix attribué à Mohammad Rasoulof

Grosse déception lors de l’annonce du prix attribué au film de Mohammad Rasoulof. Sur X (anciennement Twitter), les critiques ont exprimé leur stupeur et leur mécontentement lorsque le Prix spécial a été attribué au film iranien Les Graines du figuier sauvage. Ce film, acclamé par la critique et considéré presque unanimement comme le prétendant naturel à la Palme d’Or, n’a finalement reçu qu’un prix que beaucoup ont perçu comme un lot de consolation. Autant les autres prix semblaient faire consensus, autant cette décision a suscité un choc profond.

Il est à noter que dans la journée, Les graines du Figuier sauvage avait déjà récolté plusieurs prix octroyés par d’autres jurys : le prix FIPRESCI, le Prix 2024 des Cinémas art & essai, le Prix du Jury Œcuménique et le Grand Prix – Prix François Chalais.

 

 

Le discours poignant de Mohammad Rasoulof

Le discours de Mohammad Rasoulof, réalisateur de Les Graines du figuier sauvage, a été l’un des moments les plus poignants de la soirée. Fuyant l’Iran quelques semaines avant le festival, Mohammad Rasoulof a dédié son prix à son équipe restée en Iran et sous la pression des services secrets de la République islamique. Il a exprimé sa gratitude tout en dénonçant la situation désespérée de son pays, appelant à la solidarité internationale envers les artistes et intellectuels emprisonnés, comme le musicien Toomaj Salehi, condamné à mort pour son art. Rasoulof a déclaré : « Je vous remercie tous, permettez-moi d’avoir une pensée tout d’abord pour tous les membres de mon équipe qui ne sont pas avec moi ici aujourd’hui pour célébrer ce moment, célébrer ce prix. Il y a certains de mes acteurs, il y a mon chef opérateur, mon ingénieur du son, nombre de techniciens, qui sont retenus en Iran, et qui sont en ce moment sous la pression des services secrets de la république islamique, donc mon cœur est avant tout avec eux. Et si je dois vous parler encore de mon cœur, je peux vous dire qu’il est dans un état très ambivalent, je suis évidemment très heureux que le film soit fini, qu’il soit présenté ici, qu’il soit reconnu ce soir par ce prix, mais je suis aussi très triste, profondément chagriné par la catastrophe que vit mon peuple au quotidien. Chaque jour, chaque matin, à chaque instant, le peuple iranien vit sous un régime totalitaire qui l’a pris en otage. Donc en effet la situation est grave dans bien des endroits du monde, des gens souffrent dans bien des endroits du monde, mais je peux simplement vous dire que mon peuple, le peuple iranien, est pris en otage par ce régime de la république islamique. Donc je tiens ici encore à saluer et à remercier toutes les personnes qui ont rendu ce film possible, toutes ces jeunes femmes dont le courage, l’audace sans borne,s a été l’inspiration de ce film. Ces actrices qui sont ici présentes, tous les membres de cette équipe qui ont pu venir et ceux qui encore une fois n’ont pas pu venir, mais aussi mes coproducteurs, mes distributeurs, tous ceux qui main dans la main ont rendu possible le miracle de ce film. Merci infiniment au festival de nous avoir invités. Merci à vous, jury, de nous avoir distingués.

Je vais simplement ajouter un mot pour parler des artistes, des universitaires, des cinéastes, des journalistes qui sont aujourd’hui dans les geôles iraniennes, et je veux plus spécifiquement parler de Toomaj Salehi qui est condamné à mort aujourd’hui uniquement en raison de sa création artistique. Ne permettez pas que la république islamique traite ainsi les Iraniens. »

La Palme d’Or pour Anora de Sean Baker

La Palme d’Or, la plus haute distinction du festival, a été attribuée à Anora de Sean Baker, une comédie romantique décrite comme un croisement entre « Cendrillon » et « Pretty Woman », avec une forte dose de scènes de sexe. Malgré ses qualités de divertissement grand public, et la profondeur de ses personnages, Anora a été critiqué pour son manque d’originalité, rendant son choix pour la Palme d’Or particulièrement controversé.

Sean Baker est le premier réalisateur américain à remporter la Palme depuis Terrence Malick pour L’Arbre de vie en 2011.

Sean Baker, en recevant sa Palme d’Or, a souligné l’importance de la salle de cinéma, face à la montée du visionnage à domicile : « Cette Palme d’Or est ce dont j’ai pu rêver comme réalisateur au cours des 40 dernières années, donc je ne sais pas ce que je vais faire avec le temps qu’il me reste à vivre, mais je sais que je vais continuer à lutter en faveur du cinéma, car actuellement en tant que réalisateurs, nous devons lutter pour que le cinéma reste vivant. Nous faisons des films, nous devons faire des films pour qu’ils sortent en salles. Il faut que le monde se rappelle que de voir un film sur son téléphone portable à la maison, eh bien, ce n’est pas la façon de voir des films, même si certaines sociétés de haute technologie aimeraient bien qu’il en soit ainsi. Voir un film dans une salle est différent. On partage la tristesse, la peur, le rire et on partage quelque chose avec nos amis ou avec des inconnus, c’est sacré. Donc je pense que l’avenir du cinéma est là où il a commencé, à savoir dans une salle de cinéma. (…) Cette Palme d’Or est pour toutes les travailleuses du sexe, passées, présentes et futures ».

 

 

Le Palmarès de cette 77ème édition :

Le Jury, présidé par Greta Gerwig, entourée d’Ebru Ceylan, Lily Gladstone, Eva Green, Nadine Labaki, Juan Antonio Bayona, Pierfrancesco Favino, Kore-eda Hirokazu et Omar Sy, a récompensé les films suivants parmi les 22 en compétition :

  • Palme d’Or : ANORA de Sean Baker
  • Grand Prix : ALL WE IMAGINE AS LIGHT de Payal Kapadia
  • Prix du Jury : EMILIA PÉREZ de Jacques Audiard
  • Prix de la Mise en Scène : Miguel Gomes pour Grand Tour
  • Prix Spécial : Mohammad Rasoulof pour Les Graines du figuier sauvage
  • Prix d’Interprétation Masculine : Jesse Plemmons dans Kinds of Kindness de Yórgos Lánthimos
  • Prix d’Interprétation Féminine : Adriana Paz, Zoe Saldana, Karla Sofía Gascón et Selena Gomez dans Emilia Pérez de Jacques Audiard
  • Prix du Scénario : THE SUBSTANCE de Coralie Fargeat

 

D’autres Jurys, d’autres prix :

Courts métrages :

Palme d’Or du Court Métrage : THE MAN WHO COULD NOT REMAIN SILENT de Nebojša Slijepčević

Mention Spéciale du Court Métrage : BAD FOR A MOMENT de Daniel Soares

Un Certain Regard

  • Prix Un Certain Regard : BLACK DOG de Guan Hu
  • Prix du Jury :L’HISTOIRE DE SOULEYMANE de Boris Lojkine
  • Prix de la Mise en Scène ex aequo : ROBERTO MINERVINI pour Les Damnés et RUNGANO NYONI pour On Becoming a Guinea Fowl
  • Prix d’Interprétation Féminine : ANASUYA SENGUPTA  dans The Shameless
  • Prix d’Interprétation Masculine : ABOU SANGARÉ dans L’Histoire de Souleymane
  • Prix de la Jeunesse : VINGT DIEUX de Louise Courvoisier (1er film)
  • Mention spéciale : NORAH de Tawfik Alzaidi (1er film)

Caméra d’or

  • ARMAND de Halfdan Ullmann Tøndel (Un Certain Regard)
  • Mention Spéciale : MONGREL de Wei Liang Chiang & You Qiao Yin

La Cinef

  • Premier prix SUNFLOWERS WERE THE FIRST ONES TO KNOW… de Chidananda S Naik
  • Deuxième prix ex æquo : OUT THE WINDOW THROUGH THE WALL de Asya Segalovich et THE CHAOS SHE LEFT BEHIND de Nikos Kolioukos
  • Troisième prix : BUNNYHOOD de Mansi Maheshwari

Commission Supérieure Technique

Le jury 2024 du PRIX CST de l’Artiste-Technicien décerne le prix à Daria d’Antonio, Cheffe opératrice image de Parthenope, de Paolo Sorrentino. Les images de Daria d’Antonio offrent à Parthenope une cinématographie parfaite avec grâce et beauté.

Le jury 2024 du PRIX CST de la Jeune Technicienne est fier de décerner cette année le prix à Evgenia Alexandrova, cheffe opératrice du film Les Femmes au Balcon de Noémie Merlant pour la qualité de sa photographie aux couleurs saturées et sa direction de lumière affirmée qui nous transporte de la comédie au film de genre. 

 

Ce 77ème Festival de Cannes, malgré les controverses, restera dans les mémoires pour ses moments de cinéma exceptionnels et les débats passionnés qu’il a suscités. Les discours émouvants et les prises de position des lauréats ont souligné l’importance du cinéma comme vecteur de messages sociaux et politiques puissants, confirmant une fois de plus le rôle essentiel de Cannes dans l’industrie cinématographique mondiale.

Neïla Driss

 

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