Le Cairo Film Connection (CFC), vitrine incontournable du cinéma arabe en développement, a révélé les 18 projets sélectionnés pour sa dixième édition, qui se tiendra du 17 au 20 novembre dans le cadre du 45e Festival International du Film du Caire (CIFF).
Créé pour offrir un soutien concret aux cinéastes arabes et leur permettre de finaliser ou de lancer leurs œuvres, le CFC s’est imposé au fil des années comme un lieu de rencontres, de financement et de réseautage pour les professionnels du cinéma. Cette année, la sélection réunit des projets en phase de post-production et de développement, issus de dix pays : Égypte, Tunisie, Irak, Liban, Koweït, Soudan, Arabie Saoudite, Jordanie, Maroc et Algérie. La diversité géographique et thématique des œuvres témoigne de la vitalité et de l’engagement du cinéma arabe. Le Cairo Film Connection (CFC) s’inscrit dans le cadre des Cairo Industry Days et sert de plateforme pour des discussions, du réseautage, des ateliers et des tables rondes visant à mettre en valeur et soutenir les talents arabes.
Le Cairo Film Connection, une plateforme essentielle pour le cinéma arabe
À l’occasion de son dixième anniversaire, le Cairo Film Connection a décidé d’ajouter un projet supplémentaire par catégorie, afin de refléter la richesse des propositions et d’encourager davantage de talents dans le monde arabe. Rodrigo Brum, nouveau directeur du CFC, souligne cet esprit de soutien et de diversité : « Pour célébrer une décennie de soutien aux cinéastes arabes, nous avons choisi d’inclure un projet supplémentaire dans chaque catégorie cette année. Cette expansion reflète non seulement la qualité des candidatures, mais aussi la diversité des idées et approches qui capturent la dynamique actuelle du cinéma arabe, tant dans la région que dans la diaspora. Avec nos partenaires et sponsors, nous attendons une édition exceptionnelle et festive.»
Le président du CIFF, Hussein Fahmy, a également mis en avant l’importance du CFC comme plateforme stratégique pour l’industrie cinématographique arabe : « Le Cairo Film Connection est une plateforme très respectée pour les cinéastes égyptiens et arabes. Elle leur permet de recevoir un soutien essentiel pour faire avancer leurs projets. J’ai été très satisfait des discussions qui ont eu lieu lors de la dernière édition, et je me réjouis du succès et de l’impact que le forum a chaque année. Cela profite à toute l’industrie cinématographique dans les pays arabes grâce aux projets influents et solides soutenus par le festival. »
Essam Zakaria, directeur du CIFF et critique de cinéma, ajoute que le CFC est devenu un espace vital de soutien : « Le Cairo Film Connection a atteint sa dixième édition et, au fil des années, il a joué un rôle majeur pour les cinéastes arabes, en leur fournissant un appui crucial pour le développement et la diffusion de leurs films, qui sont ensuite présentés dans des forums et festivals internationaux. » Parmi les projets des éditions précédentes, certains ont connu des succès notables à l’international, comme Inshallah a Boy et Les filles d’Olfa/Four Daughters, qui ont tous deux remporté trois prix au Festival de Cannes. Les filles d’Olfa de la tunisienne Kaouther Ben Hania a même été nommé à l’oscar 2024 du meilleur documentaire.
Les projets sélectionnés en phase de post-production
Les œuvres sélectionnées en phase de post-production cette année illustrent la diversité des voix et des réalités arabes, apportant chacune une perspective unique :
1. 40 Years of Silence de Maythem Ridha (Irak)
Ce documentaire irakien revient sur les répercussions d’un silence oppressant et explore les blessures qui en résultent, dans un contexte politique marqué par l’histoire récente de l’Irak.
2. Thank You Satan de Hicham Lasri (Maroc)
Ce long-métrage de fiction signé Hicham Lasri se distingue par son audace. Thank You Satan interroge la foi, les crises de la modernité et la société marocaine sous un angle provocateur, propre à l’esthétique unique du réalisateur.
3. Barcha de Nada Hafaiedh (Tunisie)
Le projet tunisien Barcha, un documentaire en post-production, est réalisé par Nada Hafaiedh, figure montante du cinéma tunisien. Productrice et réalisatrice, Nada Hafaiedh a déjà été récompensée pour son documentaire Upon the Shadow / Au-delà de l’ombre (2017), qui a remporté le Tanit de Bronze aux Journées Cinématographiques de Carthage. Elle se distingue également cette année avec Entre deux/Take My Breath, sélectionné pour représenter la Tunisie aux Oscars 2025 dans la catégorie du meilleur film international. Avec Barcha, Nada Hafaiedh s’apprête à explorer des thématiques sociales profondes, toujours avec un regard intimiste qui invite à la réflexion sur les défis contemporains en Tunisie.
4. You Don’t Die Two Times de Hager Oueslati (Algérie)
Dans ce documentaire poignant, Hager Oueslati explore des dimensions existentielles avec une approche poétique, capturant des moments de vulnérabilité et de résilience en Algérie.
5. My Father’s Scent de Mohamed Siam (Égypte)
Un long-métrage centré sur la relation père-fils et les mémoires de l’enfance, mettant en avant des sentiments universels et des thèmes de la filiation dans la société égyptienne contemporaine.
6. Big Boys Don’t Cry de Muhammad Mustapha (Égypte)
Ce documentaire offre une perspective inédite sur les masculinités et la manière dont elles se construisent dans la culture égyptienne actuelle, un sujet rarement abordé au cinéma.
Les projets en phase de développement
En développement, la sélection comprend des projets qui s’attaquent à des sujets d’actualité et à des histoires ancrées dans les réalités socio-économiques des pays arabes :
1. All the Colors Blue de Maysaa Almumin (Kuweït)
Une exploration introspective de l’identité et de la diversité émotionnelle, ce long-métrage cherche à peindre les complexités humaines dans le contexte moyen-oriental.
2. Dry Sky d’Ibrahim Omar (Soudan)
Ce documentaire met en lumière les défis écologiques du Soudan, avec une attention particulière aux conséquences de la sécheresse et du changement climatique sur les populations rurales.
3. Of Debt and Money de Houssem Sansa (Tunisie)
Le second projet tunisien sélectionné, Of Debt and Money de Houssem Sansa, aborde un sujet brûlant en Tunisie : les effets de la dette et de la crise économique sur les individus. Le réalisateur y propose une analyse de la vie quotidienne en s’intéressant aux compromis et sacrifices imposés par les pressions économiques. Dans une Tunisie marquée par les bouleversements économiques, Of Debt and Money s’annonce comme une œuvre captivante qui saisit le lien entre argent, dignité et espoirs personnels, révélant les dilemmes économiques et moraux auxquels sont confrontés de nombreux Tunisiens.
4. Ninety – Sixty – Thirty de Hany Yassa (Égypte)
Un documentaire qui explore les générations en Égypte, offrant un regard intime sur les attentes sociétales et les expériences de trois générations différentes.
5. Ayin Hara de Yasir Kareem (Irak)
Ce film de fiction se penche sur les relations humaines dans une société en transition, apportant une perspective sensible sur les dynamiques sociales en Irak.
6. Before Now, Later de Karim Kassem (Liban)
Un documentaire introspectif sur le Liban actuel, marqué par des crises socio-politiques. Kassem capture les espoirs et les désillusions d’une jeunesse en quête de renouveau.
7. Exodus de Rasha Shahin (Égypte)
Un long-métrage qui explore la notion d’exil et de déplacement, racontant les histoires de ceux qui sont partis à la recherche d’une vie meilleure.
8. Amal de Khaled Al Swidan (Jordanie)
Ce documentaire personnel s’intéresse à la figure d’Amal, une femme forte qui incarne les défis et les aspirations des femmes jordaniennes.
9. Kohl and Cardamom de Fady Atallah (Égypte)
Dans ce long-métrage, Fady Atallah dépeint des personnages qui luttent pour leur liberté et leur identité, dans un contexte égyptien traditionnel.
10. The North Wind d’Eliane Raheb (Liban)
Eliane Raheb, avec ce documentaire, met en lumière la résilience de la société libanaise face aux changements et aux bouleversements politiques.
11. Dancing on Fire de Hana Alomair (Arabie Saoudite)
Ce long-métrage explore les tensions et les dilemmes dans une société saoudienne en mutation, abordant les défis de la modernité.
12. : My Dream to Fly d’Asmaa Gamal (Égypte)
Ce documentaire suit des personnages qui rêvent d’émancipation et de liberté, capturant leurs désirs et leurs luttes quotidiennes.