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Élection présidentielle en Algérie : l’énigme du taux de participation

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Publié le 26 août 2024

Lecture : 4 minutes.

La crainte d’une très faible participation des électeurs algériens lors du scrutin du 7 septembre est actuellement omniprésente, tant dans le camp du président Abdelmadjid Tebboune que chez les deux autres candidats, Youcef Aouchiche, du Front des forces socialistes (FFS), et Abdelaali Hassani Cherif, du Mouvement de la société pour la paix (MSP).

Chacun, pour des raisons différentes, redoute la défection des électeurs le jour du vote. Une participation faible, loin d’être un simple indicateur technique, pourrait bien être le révélateur de la profonde crise de confiance qui mine le pays et, au fil des jours, ce risque devient de plus en plus grand. À une semaine de sa fin, fixée au 3 septembre, la campagne électorale, déconnectée des préoccupations quotidiennes, n’arrive en effet toujours pas à capter l’intérêt de la plupart des citoyens. Elle se déroule de surcroît dans un climat marqué par une certaine méfiance des autorités envers de potentiels troubles ou protestations.


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Mobilisation

La police nationale a d’ailleurs mobilisé des brigades de patrouille pour sécuriser les affiches électorales. À Ain Naadja, dans la banlieue d’Alger, l’une d’elles a surpris un homme en train de déchirer le portrait d’un candidat, a indiqué samedi un communiqué de la Direction générale de la sureté nationale, sans préciser de quel présidentiable il s’agissait. Le mis en cause a été interpellé sur place et déféré devant le parquet.

Pour tenter malgré tout de mobiliser leur électorat, les candidats tentent d’innover en misant sur les réseaux sociaux et les plateformes en ligne, pour toucher en particulier les jeunes. Du côté des partisans d’Abdelmadjid Tebboune, on brandit des arguments comme « barrer la route aux ennemis » ou « renforcer la stabilité du pays » pour tenter de convaincre les Algériens de ne pas bouder les urnes le 7 septembre prochain. Quant au deuxième personnage de l’État, le président du Sénat, Salah Goudjil, il souligne qu’« une forte participation du peuple algérien à la prochaine présidentielle sera un message fort adressé aux ennemis de l’Algérie à l’étranger ».

Dans le camp du président sortant, on rêve bien sûr d’une déferlante populaire vers les urnes. Celle-ci donnerait à Abdelmadjid Tebboune une « légitimité » accrue et effacerait le fait qu’en 2019, l’élection s’était déroulée dans un contexte très particulier, marqué par la démission forcée d’Abdelaziz Bouteflika et le contexte de protestation populaire du Hirak réclamant le départ de l’ensemble des figures du régime. À l’inverse, une faible participation sonnerait comme un désaveu du premier mandat d’Abdelmadjid Tebboune et de sa volonté de réconcilier les Algériens avec les institutions.

D’un score plébiscitaire au boycott

Dans ce contexte, certains propos tenus par Abdelkader Bengrina, chef du Mouvement el-Bila et soutien fervent du président sortant, sont jugés maladroits par beaucoup. Très enthousiaste, appelant lors de chacune de ses réunions publiques à reconduire Abdelmadjid Tebboune « pour consolider ce qui a été fait », le responsable islamiste a aussi laissé entendre que la réélection était déjà actée. Ce qui pourrait contribuer à démobiliser certains électeurs estimant que le scrutin est joué d’avance. Tout l’inverse du discours véhiculé par le camp Tebboune, qui juge qu’un score plébiscitaire obtenu dans un contexte de très faible participation perdrait de sa valeur et de son impact.


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Le candidat du FFS, vieux parti de l’opposition, plaide aussi en faveur d’une forte participation électorale, qu’il présente, de son côté, comme un moyen d’instaurer le changement par les urnes. Pour le parti, réussir à faire venir les Algériens aux urnes serait le signe de sa capacité à incarner une véritable alternative politique. Tandis qu’un mauvais score du candidat du FFS dans un contexte de faible mobilisation pourrait créer des divisions et des tensions au sein du parti. Et donner raison à l’autre formation politique présente en Kabylie, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), qui a opté pour le boycott actif.

Quant au MSP, qui navigue entre entrisme et opposition, il a une autre ambition lors de la campagne électorale : convaincre que sa stratégie, qui consiste à expliquer que les réformes peuvent se concrétiser à l’intérieur du système, est valide. Un fort taux de participation serait un moyen de montrer que les idées d’Abdelaali Cherif Hassani et de son parti sont soutenues par une large base d’électeurs, particulièrement islamistes, augmentant ainsi leur poids politique et leur influence sur la scène nationale.


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À presque tous ses meetings, le candidat islamiste met donc en garde contre ceux « qui tentent de ternir l’image des élections en appelant au boycott et en sous-estimant les postulants, pour ébranler la confiance entre les électeurs et les institutions de l’État ». Le candidat MSP, reste toutefois optimiste, estimant avoir perçu « une tendance à la hausse de l’intérêt des Algériens » vis-à-vis du prochain scrutin présidentiel par rapport aux précédents, caractérisés par une massive défection populaire.

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