Un climat de tension sans précédent règne au sein de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), où la centrale syndicale historique fait face à une double crise : un présumé musellement médiatique et des divisions internes qui s’accentuent.
Dans une sortie remarquée sur les réseaux sociaux, Sami Tahri, le porte-parole de l’UGTT, a levé le voile sur ce qu’il considère comme une stratégie délibérée d’exclusion médiatique. « Des directives imposent une mise à l’écart systématique des responsables syndicaux des plateaux médiatiques », dénonce-t-il. « Cette situation serait aggravée par une « autocensure » de certains médias, soucieux d’éviter toute friction avec le pouvoir en place », selon ses dires.
« Nous utiliserons nos propres canaux de communication pour faire entendre notre voix », affirme le porte-parole, appelant les syndicalistes à se mobiliser pour « briser ce siège médiatique » et contrer ce qu’il qualifie de « transformation des médias publics en porte-voix gouvernemental ».
Une crise multidimensionnelle
La situation est d’autant plus préoccupante que l’UGTT fait face à des divisions internes majeures. Selon Jilani Hammami, figure de la gauche tunisienne, le bureau exécutif de l’organisation est confronté à un « point de non-retour ». Les tentatives de réconciliation initiées par le secrétaire général Noureddine Taboubi auprès du « quintette opposant » se sont soldées par un échec.
La légitimité contestée
Au cœur de cette crise se trouve la question de la légitimité du leadership actuel. Le maintien en poste de Noureddine Taboubi, dont le mandat a expiré en février 2022, cristallise les tensions. Cette situation a conduit à une série d’incidents graves, notamment une tentative d’intrusion dans les locaux du syndicat et l’agression du secrétaire général adjoint Samir Cheffi.
Perspectives incertaines
Face à cette situation critique, deux options semblent se dessiner : la convocation d’un nouveau conseil national ou l’anticipation d’un congrès extraordinaire. Ces développements surviennent dans un contexte où l’UGTT, acteur historique de la scène politique et sociale tunisienne, voit son influence diminuer progressivement.