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Entre récompenses, déceptions et polémiques

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Hier soir, le monde du cinéma s’est à nouveau illuminé lors de la 96ème édition des prestigieux Oscars. Cependant, la soirée n’a pas débuté sans heurts, car quelques minutes de retard ont été enregistrées au démarrage de la cérémonie. La raison ? Certains artistes ont eu du mal à accéder au théâtre, bloqués par des manifestants propalestiniens, qui ont profité de l’occasion pour demander un cessez-le-feu à Gaza.

De plus, plusieurs artistes ont exprimé leur solidarité envers les Palestiniens. L’acteur Mark Ruffalo, fervent militant pour la paix et la protection des civils dans les zones de conflit, avait même encouragé ces manifestations. Lui et d’autres personnalités arboraient un pin’s rouge en signe de solidarité et pour exiger un cessez-le-feu. Parmi ces artistes, on comptait Ramy Youssef, Billie Eilish, Milo Machado-Graner, Swann Arlaud, ainsi que notre fierté tunisienne, Kaouther Ben Hania.

La présence de Kaouther Ben Hania, Hend Sabry et Nadim Cheikhrouha a suscité une grande fierté parmi les Tunisiens, soulignant ainsi l’essor croissant du cinéma tunisien sur la scène internationale. Cependant, la déception fut palpable lorsque le film tunisien Les filles d’Olfa, réalisé par Kaouther Ben Hania et nommé pour l’Oscar du Meilleur Documentaire, repartit sans récompense. Cette absence de reconnaissance laissa un sentiment d’inachèvement, alors même que le film avait brillé à Cannes, remportant 4 prix lors de sa sélection en compétition officielle, ainsi qu’aux Césars, où il avait décroché le César du meilleur documentaire.

 

Kaouther Ben Hania et Hend Sabry à la cérémonie des Oscars 2024

 

L’Oscar du Meilleur Documentaire a été décerné au film ukrainien 20 Jours à Marioupol, réalisé par Mstyslav Tchernov, soulevant des questions sur d’éventuelles motivations politiques derrière ce choix, traitant de la guerre en Ukraine. Par ailleurs, certains se sont posé la question la polémique sur d’éventuelles répercussions pour Kaouther Ben Hania suite à son discours pro-palestinien aux Césars. A-t-elle été sanctionnée pour sa prise de position en faveur des Palestiniens ?

Peu de surprises sont venues ponctuer cette cérémonie. L’Oscar du Meilleur Film International a été décerné à The Zone of Interest de Jonathan Glazer, une récompense amplement méritée pour son traitement universel et contemporain de sujets graves.

Le discours percutant du réalisateur Jonathan Glazer a engendré des débats animés et des controverses, mettant en lumière l’urgence de ne pas demeurer indifférents face aux horreurs du passé et du présent. Sa prise de parole a rapidement suscité la polémique sur les réseaux sociaux, divisant les opinions. Tandis que certains ont salué le courage du réalisateur pour avoir été le premier à aborder ouvertement le conflit à Gaza lors de cette cérémonie, d’autres lui ont reproché son discours, allant même jusqu’à le qualifier de faux juif. D’ailleurs ce qui est étonnant est qu’une grande partie des médias a préféré ne pas parler de ce discours pour ne pas lui faire de la publicité.

« Les choix que nous faisons, nous les faisons pour réfléchir et nous confronter au présent. Il ne s’agit pas de regarder ce qu’ils faisaient à l’époque, mais plutôt de regarder ce que nous faisons maintenant. Notre film montre comment la déshumanisation mène au pire. Cela a façonné tout notre passé et notre présent. A l’heure actuelle, nous sommes ici en tant qu’hommes qui réfutent le fait que la judéité et l’Holocauste soient détournés par une occupation qui a conduit à des conflits pour tant d’innocents, qu’il s’agisse des victimes d’octobre, des morts, des victimes du 7 octobre en Israël ou de l’attaque en cours sur Gaza, toutes les victimes, cette déshumanisation. Comment pouvons-nous résister ? »

The Zone of Interest a également été récompensé de l’Oscar du Meilleur Son, ajoutant ainsi une autre distinction à son palmarès.

 

Jonathan Glazer et son Oscar du Meilleur Film International pour « The Zone of Interest »

 

Comme prévu, le film Oppenheimer de Christopher Nolan est le grand gagnant, remportant sept Oscars: Meilleur Film, Meilleure Réalisation, Meilleur Acteur dans un rôle principal pour Cillian Murphy, Meilleur Acteur dans un rôle secondaire pour Robert Downey Jr., Meilleure Photographie, Meilleur Montage et Meilleure Musique de Film.

Poor Thing de Yórgos Lánthimos, a quant à lui remporté l’Oscar de la Meilleure Actrice pour Emma Stone, pour sa magnifique prestation, ainsi que ceux des Meilleurs Décors et Direction Artistique, Meilleurs Costumes et Meilleurs Maquillages et Coiffures.

Quant à American Fiction de Cord Jefferson, il repart avec un unique Oscar, celui du Meilleur Scénario Adapté.

Enfin, le film français Anatomie d’une Chute de Justine Triet, Palme d’Or à Cannes en mai 2023, a remporté l’Oscar du Meilleur Scénario Original. Le fait que la France ne l’ait pas choisi pour la représenter à l’Oscar du Meilleur Film International avait fait polémique, mais je pense que de toute façon, il n’aurait aucune chance de l’emporter, The Zone of Interest se serait imposé de manière indiscutable.

Finalement, cette cérémonie a été conforme aux pronostics, avec des récompenses méritées pour certains et des déceptions pour d’autres. Mais au-delà des résultats, le cinéma continue de susciter des débats et de refléter les préoccupations de notre époque, comme en témoigne la controverse entourant le discours de Jonathan Glazer et les choix politiques des récompenses.

 

Le Palmarès :

Meilleur film : Oppenheimer de Christopher Nolan

Meilleur réalisateur : Christopher Nolan pour Oppenheimer

Meilleur acteur : Cillian Murphy pour Oppenheimer

Meilleure actrice : Emma Stone pour Pauvres Créatures

Meilleur acteur dans un second rôle : Robert Downey Jr. pour Oppenheimer

Meilleure actrice dans un second rôle : Da’Vine Joy Randolph pour Winter Break

Meilleur scénario original : Anatomie d’une chute de Justine Triet et Arthur Harari

Meilleur scénario adapté : American Fiction de Cord Jefferson, adapté du roman Effacement (Erasure) de Percival Everett

Meilleurs décors et direction artistique : James Price, Shona Heath et Zsuzsa Mihalek pour Pauvres Créatures

Meilleurs costumes : Holly Waddington pour Pauvres Créatures

Meilleurs maquillages et coiffures : Nadia Stacey, Mark Coulier et Josh Weston pour Pauvres Créatures

Meilleure photographie : Hoyte van Hoytema pour Oppenheimer

Meilleur montage : Jennifer Lame pour Oppenheimer

Meilleur son : Johnnie Burn et Tarn Willers pour la Zone d’intérêt (The Zone of Interest) de Jonathan Glazer

Meilleurs effets visuels : Takashi Yamazaki, Kiyoko Shibuya, Masaki Takahashi et Tatsuji Nojima pour Godzilla Minus One

Meilleure chanson originale : What Was I Made For ? de Billie Eilish et Finneas O’Connell pour le film Barbie.

Meilleure musique de film : Ludwig Göransson pour Oppenheimer

Meilleur film international : The Zone of Interest de Jonathan Glazer (Royaume-Uni)

Meilleur film d’animation : Le garçon et le Héron 

Meilleur film documentaire : 20 Jours à Marioupol de Mstyslav Tchernov

Meilleur court métrage (prises de vues réelles) : The Wonderful Story of Henry Sugar de Wes Anderson

Meilleur court métrage (documentaire) : The Last Repair Shop de Ben Proudfoot et Kris Bowers

Meilleur court métrage (animation) : War Is Over ! Inspired by the Music of John and Yoko de Dave Mullins et Brad Booker

Neïla Driss

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