Home Divers L’Afrique aux Jeux olympiques : anecdotes, boycott et images-choc

L’Afrique aux Jeux olympiques : anecdotes, boycott et images-choc

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De leur première édition des temps modernes, à Athènes, en 1896, à celle de Paris (26 juillet-11 août 2024), les Jeux olympiques ont donné lieu à de grands moments d’histoire, parfois tragiques, et à des anecdotes savoureuses, où l’Afrique a pris une large place. En voici quelques exemples, tirés du Guide insolite et érudit des Jeux, de Fabien Baumann*.

Bikila, roi du marathon (1960)

Depuis 1896, il est de tradition que les olympiades se concluent par l’épreuve du marathon. C’est précisément l’une de ces journées symboliques que l’Éthiopien Abebe Bikila choisit pour entrer dans l’Histoire. En ce 10 septembre 1960, à Rome, cet athlète de 28 ans, dont la notoriété ne dépasse pas les frontières de son pays, se fait remarquer en décidant de courir pieds nus. Ses adversaires pensent qu’il ne pourra pas tenir la distance. Grave erreur. Le Marocain Abdeslam Radi fait la course en tête, mais celui qui est aussi l’un des soldats de la garde de l’empereur Haïlé Sélassié le rejoint au 18km. Les deux hommes ne se quittent plus, sans jamais se regarder, notamment sur la Via Appia. Devant l’obélisque d’Axoum (que Mussolini a volé à l’Éthiopie en 1937), Bikila accélère et s’échappe. Il ne sera jamais rattrapé. Avec un temps de 2 h 15’16’’2, il offre à son pays sa première médaille d’or et un record du monde.

L’athlète éthiopien Abebe Bikila remportant, pieds nus, l’épreuve du marathon devant le Marocain Abdeslam Radi, aux JO de Rome, le 10 septembre 1960. © AFP


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Le boycott de l’Afrique aux JO de Montréal (1976)

Le 15 juillet 1976, seize nations africaines saisissent le Comité international olympique (CIO) à propos d’un problème qui n’est pas directement lié aux Jeux de Montréal, au Canada. Ils exigent l’exclusion de la Nouvelle-Zélande, dont la sélection nationale de rugby – les All Blacks – est, au même moment, en tournée en Afrique du Sud, un pays exclu des instances sportives internationales en raison de sa politique d’apartheid et qui ne participe plus aux JO depuis 1960.

Le CIO rejette la demande. Les délégations de vingt pays (Algérie, Congo, Éthiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Haute-Volta, Kenya, Libye, Madagascar, Malawi, Mali, Niger, Ouganda, Centrafrique, Soudan, Swaziland, Tchad, Togo, Zambie) quittent sur-le-champ le village olympique. Quelques jours plus tard, alors que certains de leurs athlètes ont commencé les épreuves, le Cameroun, l’Égypte, le Maroc et la Tunisie décident à leur tour de plier bagage. Seuls la Côte d’Ivoire et le Sénégal maintiendront leur participation.

Tour d’honneur entre une Éthiopienne et une Sud-africaine (1992)

Aux JO de Barcelone, en 1992, l’Afrique du Sud fait son grand retour sur la scène sportive internationale, après que l’apartheid a été aboli au mois de mars précédent. Le 25 juillet, lors de la cérémonie d’ouverture, au Stade olympique de Montjuïc, le marathonien Jan Tau brandit le drapeau de la nation arc-en-ciel. Il est Noir, comme d’autres membres de la délégation de son pays, composée au total de 93 personnes.

Le 7 août, à l’occasion de la finale du 10 000 mètres, l’Éthiopienne Derartu Tulu et la Sud-Africaine blanche Elana Meyer se livrent une lutte acharnée, qui tourne à l’avantage de la première. Elles feront ensemble un tour d’honneur, unies par une émouvante et sincère fraternité.


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Embrouille entre Marocains à Barcelone (1992)

Trente-deux années ont passé, mais le Marocain Khalid Skah n’a pas oublié cette journée du 3 août 1992 et les minutes haletantes qui ont suivi l’épreuve du 10 000 mètres, à Barcelone. Il a tour à tour été déclaré vainqueur, disqualifié, puis médaillé d’or.


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À trois tours de l’arrivée, sur la piste du Stade olympique de Montjuïc, le Kényan Richard Chelimo devance les Marocains Khalid Skah et Hammou Boutayeb. Ce dernier, qui vient de se faire prendre un tour, revient à la hauteur de Skah, puis dépasse Chelimo, qui reprend vite sa première place.

Le Marocain Khalid Skah (à g.) et le Kényan Richard Chelimo, lors du 10 000 m, aux Jeux olympiques de Barcelone, le 3 août 1992. © Richard/PRESSE SPORTS

À 600 m de l’arrivée, Skah double le Kényan, puis ralentit, comme pour casser le rythme de ce dernier, ce qui est interdit par le règlement, à tel point qu’un responsable de la course tente de l’arrêter. Le sprint entre Skah et Chelimo tourne à l’avantage du premier, mais la fédération kényane, estimant que Boutayeb a favorisé Skah de manière illégale, introduit une réclamation. Skah s’emporte et traite Boutayeb d’ « analphabète,  [de] militaire qui ne comprend rien ». La fédération marocaine, qui fait appel, obtient gain de cause sur un vice de forme. Le public siffle, jusqu’à ce que la vérité éclate : Boutayeb n’a ni aidé ni perturbé personne. Il ne voulait tout simplement pas que Skah lui prenne un tour. Tout ça pour ça…

Le Soudan du Sud entre en piste

Tous les pays africains sans exception ont participé aux JO au moins une fois depuis la première édition. L’Afrique du Sud a été le premier représentant du continent dès 1904, à Saint-Louis, aux États-Unis. Sa délégation comptait huit sportifs : Len Taunyane (alias Len Tau), Jan Mashiani et Bertie Harris pour le marathon masculin, et cinq membres de l’équipe de tir à la corde.

L’athlète Guor Marial portant le drapeau du Soudan du Sud, à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Rio de Janeiro (Brésil), le 5 août 2016. © Cameron Spencer/Getty Images via AFP

En 1912, à Stockholm (Suède), c’est au tour de l’Égypte, avec Ahmed Hassanein (épée et sabre) de faire ses grands débuts. En 1952, à Helsinki (Finlande), le Togoland britannique – futur Ghana – participe à la fête.

À partir de 1960, date de la plupart des indépendances, la liste s’allonge. Certains pays, comme Maurice (1984), le Burundi et São Tomé-et-Principe (1996), attendront un peu plus longtemps. Le Soudan du Sud, qui a acquis son indépendance en 2011, est le dernier arrivant. Il concourt depuis les jeux de Rio de Janeiro (2016).

*Guide insolite et érudit des Jeux, de Fabien Baumann, éd. Solar, 208 pages, 24,90 euros.

© Éditions Solar

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