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Mines : Orano suspend sa production d’uranium au Niger

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Publié le 24 octobre 2024

Lecture : 3 minutes.

« L’aggravation des difficultés financières de la Somaïr« , la filiale au Niger du spécialiste français de l’uranium Orano, « contraint cette société », installée dans la région d’Arlit dans le nord du Niger, « à suspendre ses activités », a annoncé, mercredi 23 octobre, la porte-parole d’Orano, à Paris.

Le pouvoir nigérien, issu d’un coup d’État perpétré en juillet 2023, a maintes fois répété vouloir revoir en profondeur le système d’exploitation des matières premières sur leur sol par des compagnies étrangères. Tout en se rapprochant de nouveaux partenaires comme la Russie et l’Iran, ils ont rompu avec Paris en obtenant notamment le départ des militaires français et de l’ambassadeur et fait de la souveraineté un de leurs mantras.


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Selon Orano, la production de concentré d’uranium du site sera « à l’arrêt à compter du 31 octobre », faute de pouvoir exporter cette matière première.

« Propositions sans réponses »

« Malgré tous les efforts déployés » auprès du régime militaire « pour essayer de débloquer la situation » et obtenir des autorisations d’exportation, « toutes nos propositions sont restées sans réponses », a expliqué la porte-parole du groupe, spécialiste français du combustible nucléaire.

« Les frontières sont toujours fermées » avec le Bénin, « il est donc impossible d’exporter », a-t-elle précisé, soulignant que les propositions alternatives pour exporter par la voie aérienne via la Namibie étaient également « restées sans suite ». Au-delà du 31 octobre, « la maintenance se poursuivra, mais il n’y aura plus de production », a-t-elle ajouté.

Mercredi soir, les autorités nigériennes n’avaient pas communiqué à ce sujet. En juin, le Niger avait retiré à Orano le permis d’exploitation d’un des plus grands gisements au monde, celui d’Imouraren, avec des réserves estimées à 200 000 tonnes.


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Très récemment, le 19 septembre, le conseil des ministres du Niger a adopté un projet de décret portant création d’une Société d’État dénommée « Timersoi National Uranium Company », en abrégé TNUC, sans aucune précision.

Orano exploite depuis 1971 de l’uranium dans le nord du Niger. Seul le site de la Somaïr était encore actif, depuis la fermeture de la Compagnie des mines d’Akokan (Cominak) en 2021. Le spécialiste français du cycle de l’uranium possède 63,4 % de la Somaïr, détenue pour le reste par la Sopamin, société d’État du Niger. Leurs représentants étaient absents mercredi d’un « conseil d’administration extraordinaire consacré à la situation de Somaïr ».


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Un stock de « 300 millions d’euros »

Le site de la Somaïr emploie quelque « 780 collaborateurs et autant de sous-traitants », « à 99 % nigériens », qui continueront d’être « rémunérés jusqu’au 31 décembre 2024 », a précisé, mercredi, Orano.

Au total, 1 050 tonnes de concentré d’uranium issus de stock de 2023 et 2024, soit près de la moitié de la production moyenne annuelle du site, sont actuellement bloquées, d’une valeur marchande estimée à « 300 millions d’euros », selon le groupe dont le capital est détenu à 90 % par l’État français.

« Nous sommes d’accord pour qu’Orano quitte » le pays « mais sous de nombreuses conditions », a affirmé le président de la coordination de la société civile d’Agadez (CRESCA), Amobi Arandishu. Il attend notamment le « réaménagement des sites » comme celui de la Cominak, la « lutte contre la pollution de la nappe phréatique », la « réinsertion des anciens travailleurs » et s’inquiète des « tonnes de déchets radioactifs ».

« Le Niger et Orano doivent mettre cette situation à profit pour renégocier une nouvelle convention qui permettrait à chaque partie de se retrouver dans l’exploitation de l’uranium », estime de son côté Ali Idrissa, secrétaire exécutif du Réseau des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire (Rotab), une ONG nigérienne.

Selon Orano, la suspension de l’activité de la Somaïr « sera actée à l’issue d’un conseil d’administration extraordinaire qui se tiendra dans quelques jours ». Le groupe a déjà fini le premier semestre 2024 dans le rouge avec une perte de 133 millions d’euros, plombé par les difficultés de ses activités minières au Niger.

Toutefois, le spécialiste français de l’uranium souligne que l’approvisionnement des clients « reste assurée grâce à la diversité de ses sources d’approvisionnement », notamment au Canada et au Kazakhstan. Le Niger fournit 4,7 % de la production mondiale d’uranium naturel, loin derrière le Kazakhstan (45,2 %), selon des chiffres de 2021 de l’agence d’approvisionnement d’Euratom (ESA).

(Avec AFP)

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