RSIFF 2024 – Conversation avec Ranbir Kapoor, star et légende vivante

Lors de sa prise de parole, Ranbir a d’abord remercié le public pour cet amour débordant. Il a souligné que c’était sa deuxième participation au RSIFF et qu’il y revenait avec un immense plaisir.

Une carrière éclatante au cinéma indien

Ranbir Kapoor, issu d’une des familles les plus prestigieuses de Bollywood, porte l’héritage d’une véritable dynastie cinématographique. Son grand-père, Raj Kapoor, et son père, Rishi Kapoor, sont des légendes du cinéma indien. Dès son plus jeune âge, Ranbir semblait destiné à marcher dans leurs pas, mais comme il l’a confié, ce chemin n’était pas évident pour lui. « Comme tous les enfants, j’ai rêvé de différentes carrières : homme d’affaires, militaire… Mais parfois, c’est la destinée qui choisit pour vous. C’est le cinéma qui m’a choisi, pas l’inverse. »

Pour se perfectionner, Ranbir a étudié à l’école de cinéma Lee Strasberg à New York, où il a appris l’importance d’élargir ses horizons. « Voyager, vivre de nouvelles expériences, ressentir de nouvelles émotions, c’est crucial. Être loin de chez moi pour la première fois m’a appris à être indépendant et à compter sur moi-même. »

De retour en Inde, il a commencé par réaliser des courts-métrages avec des moyens modestes, une étape qu’il considère essentielle à sa formation. Ses débuts dans le cinéma indien ont été marqués par des rôles variés et des échecs au box-office. « Cela prend du temps de trouver son style. J’ai eu des désastres au box-office, mais j’ai appris de chaque expérience. Je voulais être reconnu pour mon travail, pas comme “le fils de”. »

« J’ai ensuite choisi des personnages non conventionnels, des projets qui m’inspiraient. Prendre des risques était essentiel pour moi. Je ne voulais pas être juste un acteur parmi d’autres. »

Des films comme Rockstar, Barfi! et Sanju ont été des étapes marquantes de sa carrière. À propos de Rockstar (2011), il a expliqué : « J’ai passé quatre mois avec le compositeur A. R. Rahman, travaillant sur la musique. Tout dans ce film m’a inspiré. »

Pour Barfi! (2012), où il incarne un personnage muet, il s’est inspiré des maîtres du cinéma muet comme Charlie Chaplin et Buster Keaton. « Ce personnage un peu niais était très particulier, mêlant tragédie et comédie. En plus, il y avait une histoire d’amour. Il a fallu improviser, car tout ne pouvait pas être écrit à l’avance. Le film a pris deux ans à être réalisé, et j’étais profondément ému et impressionné en le voyant terminé. »

Dans Sanju (2018), un biopic sur l’acteur Sanjay Dutt, Kapoor a relevé le défi d’incarner une figure bien vivante et très connue. « Sanjay Dutt est un ami de ma famille. Le connaître rendait la tâche plus complexe, car je me sentais responsable de le représenter avec humanité et sans caricature. »

Choix de films et responsabilités sociétales

Interrogé sur ses choix cinématographiques, Ranbir Kapoor a expliqué : « C’est instinctif, il n’y a pas une formule. J’ai eu de la chance, j’ai été un des rares jeunes acteurs à endosser des rôles importants. Il faut jouer d’une façon naturelle et donner le meilleur de soi-même. » Il a reconnu avoir connu des échecs au box-office et s’être interrogé sur les raisons : « Parfois je me demande : est-ce parce que les gens m’ont vu différemment de ce qu’ils espéraient ? Mais au final, il faut faire de son mieux, en tant qu’artiste. Il faut de la sincérité. »

Au-delà du divertissement, Ranbir voit son métier comme un moyen d’apporter des changements positifs à la société. « Mon job est de divertir, mais aussi de changer les mentalités, de se battre pour certaines causes, comme les droits des femmes. » Il a d’ailleurs insisté sur l’importance de l’émancipation féminine : « Il faut soutenir l’émancipation des femmes, et pas seulement à travers les films. C’est un devoir et une responsabilité d’agir de diverses manières. »

Souvenirs avec Rishi Kapoor

Ranbir a également évoqué son père, Rishi Kapoor, en partageant des souvenirs marquants : « J’ai été assistant réalisateur avec mon père. J’étais pétrifié au début, mais quand je l’ai assisté, être avec lui tout le temps a été plus important qu’être son assistant. De cette expérience, ce que je chéris le plus est d’avoir pu être à ses côtés, passer du temps avec lui. »

Il a ajouté : « Mon père était mon plus grand critique, mais aussi mon plus grand supporter. Il m’a appris à respecter le métier d’acteur et à toujours viser l’excellence. » Ranbir a révélé qu’il travaillait sur un projet personnel qui lui tient à cœur : consacrer un festival dédié à l’œuvre de son père. « C’est un devoir de mémoire. Mon père a laissé un héritage cinématographique immense, et je veux le célébrer. Je pense que c’est important de ne pas oublier ses racines. De nombreux artistes indiens anciens commencent à être oubliés, et il ne faut pas laisser cela arriver. »

En tant que producteur, Ranbir a également affronté des défis. « Le premier film que j’ai produit m’a déçu, mais cette expérience m’a appris à voir un projet dans sa globalité. »

Récompenses et passion pour le cinéma international

Ranbir Kapoor est reconnu pour son talent et a remporté de nombreux prix prestigieux tout au long de sa carrière, notamment plusieurs Filmfare Awards. Ces distinctions, bien qu’importantes, ne semblent pas définir son parcours. « Les récompenses sont gratifiantes, mais ce n’est pas pour cela que je fais ce métier. Je joue pour raconter des histoires et toucher les gens. Et la meilleure récompense pour moi est lorsque des gens me disent qu’ils m’aiment. »

Il a également exprimé son amour pour le cinéma international. « J’ai 42 ans, je vois plusieurs films par jour, de toutes nationalités et genres. Fellini et La Dolce Vita sont parmi mes préférés, mais il est difficile de choisir tant il y a de chefs-d’œuvre. »

Interrogé sur son actrice préféré, il a répondu « Alia Bath bien sûr, elle est la plus talentueuse et la plus belle ! ». Alia Bath est son épouse. Ils avaient commencé à se fréquenter lors du tournage du film Brahmastra Part 1: Shiva (2022) et s’étaient mariés cinq mois avant sa sortie en salles.

Une interaction exceptionnelle avec le public

Dès le début de la « conversation », le public a manifesté une admiration sans bornes pour Ranbir Kapoor. Avant même son arrivée, une vidéo de ses rôles emblématiques a été projetée, suscitant chants et danses dans la salle. « L’amour que je reçois ici est incroyable. C’est ma deuxième fois au RSIFF, et je suis toujours touché par l’accueil », a-t-il confié avec émotion. Un de ses fans, m’ayant entendu dire « l’acteur indien Ranbir Kapoor », s’est empressé de me corriger avec enthousiasme : « On dit le Dieu Ranbir Kapoor ! » Cette anecdote reflète bien l’ampleur de l’admiration qu’il suscite.

L’interaction entre Kapoor et ses fans a été le moment fort de cette rencontre. Des admirateurs du monde entier ont partagé des anecdotes, récité des dialogues et chanté des chansons de ses films. Un fan marocain, venu spécialement de Paris pour assister à cette conversation, a déclaré : « Vous êtes mon héros, je ne pouvais pas manquer cette occasion ! »

Ranbir Kapoor, toujours humble, a répondu avec chaleur. Il a dévoilé une facette profondément humaine, empreinte de gentillesse et d’amour, rappelant certains de ses rôles emblématiques, comme ceux de Barfi! ou Jagga Jasoos, où il incarne des personnages sensibles et attachants.

Il a d’ailleurs été le seul artiste (avec Michelle Yeoh) à permettre aux fans de s’approcher de lui.

Une dernière scène inoubliable

À la fin de la séance, les fans ont insisté pour des photos. Bien que l’organisation ait tenté de libérer la salle, Ranbir a proposé de retrouver ses admirateurs à l’extérieur. Ce geste de générosité a déclenché une scène mémorable, mais également chaotique.

À peine la proposition faite, une véritable cohue s’est formée. Les fans se sont précipités vers les sorties, courant pour être les premiers à l’extérieur. Les cris et les bousculades emplissaient l’air, chacun espérant être au plus près de leur idole. Des agents de sécurité, débordés, tentaient tant bien que mal de gérer la situation, mais la foule était difficile à contenir. Certains admirateurs, venus de loin, criaient leur joie ou leur impatience, tandis que d’autres essayaient de s’organiser pour ne pas perdre leur place.

Ranbir Kapoor, fidèle à sa promesse, s’est placé au centre de l’attention, souriant et posant pour les photos malgré l’atmosphère effervescente. La bousculade autour de Ranbir était impressionnante : des fans excités poussaient dans tous les sens, chacun cherchant désespérément à immortaliser ce moment rare avec leur idole. Je me suis rendu compte du véritable danger d’une telle frénésie, où le moindre faux pas pouvait entraîner un accident grave.

Malheureusement, l’effervescence a eu raison de la séance photo. Face à l’insistance de la foule et au chaos ambiant, Ranbir Kapoor a dû écourter ce moment, ne pouvant satisfaire tout le monde. Certains fans, visiblement déçus, s’éloignaient, exprimant leur frustration d’avoir manqué cette opportunité. En revanche, ceux qui avaient réussi à obtenir une photo paradaient avec fierté, exhibant leurs clichés comme des trophées.

Cette scène, bien que tumultueuse, restera gravée dans ma mémoire comme un exemple poignant de la ferveur et de la dévotion que Ranbir Kapoor inspire à ses fans. Une telle adulation témoigne de son aura unique et de l’impact profond qu’il a sur le public.

Si vous êtes curieux des films de Ranbir Kapoor, vous pourrez en voir certains sur les plateformes de streaming, notamment Netflix. Et comme les vacances approchent, je vous recommande de regarder Barfi ! et Jagga Jasoos avec vos jeunes enfants !

Neïla Driss