Publié le 29 novembre 2024
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« Le Sénégal est un pays indépendant, c’est un pays souverain et la souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases militaires dans un pays souverain », a déclaré Bassirou Diomaye Faye dans un entretien accordé à l’AFP au palais présidentiel à Dakar.
Le « grand pas » de Thiaroye
Le chef de l’État sénégalais, élu en mars sur la promesse de rétablir la souveraineté de son pays, a assuré qu’il ne s’agissait pas d’un acte de « rupture », et a défendu un « partenariat rénové » avec l’ancienne puissance coloniale et alliée historique française.
Il a salué comme un « grand pas » le fait que le président français Emmanuel Macron ait reconnu dans une lettre que les forces coloniales françaises avaient commis un « massacre » à Thiaroye, près de Dakar, le 1er décembre 1944 en ouvrant le feu contre des tirailleurs sénégalais rentrés de France. Bassirou Diomaye Faye a révélé au cours de l’entretien l’envoi de cette lettre, confirmé par l’Élysée, trois jours avant des commémorations auxquelles les nouvelles autorités sénégalaises entendent donner un relief particulier.
« Un partenariat rénové (…) ne peut être rénové que dans la vérité et dans l’exhaustivité de la vérité », a souligné le président sénégalais en faisant référence aux nombreuses zones d’ombre qui subsistent sur ce que l’ancien président François Hollande avait qualifié en 2014 de « répression sanglante », mais pas de « massacre ».
Il a réaffirmé sa volonté de diversifier les partenaires de son pays, qui cherche à se développer et à rester l’interlocuteur du plus grand nombre alors que des pays du Sahel voisin passés sous le gouvernement de militaires ont abruptement rompu avec la France et se sont tournés vers la Russie.
Partenariat sans présence militaire
« La France reste un partenaire important pour le Sénégal au regard du niveau d’investissements, de la présence de sociétés françaises et même de citoyens français qui sont au Sénégal », a-t-il rappelé.
Mais, 64 ans après l’indépendance, « les autorités françaises doivent envisager d’avoir un partenariat dépouillé de cette présence militaire là, mais qui soit un partenariat riche, un partenariat fécond, un partenariat privilégié et global comme nous l’avons avec beaucoup d’autres pays. Présence militaire ou absence militaire ne doit pas être égale à rupture », a-t-il dit.
Il a invoqué l’existence de relations entre le Sénégal et des pays comme la Chine, la Turquie, les États-Unis ou l’Arabie saoudite. « Tous ces pays n’ont pas de base militaire au Sénégal, a-t-il noté. Aujourd’hui, la Chine est notre premier partenaire commercial par le volume des investissements et des échanges. Est-ce que la Chine a une présence militaire au Sénégal ? Non. Est-ce que pour autant, on parle de rupture ? Non. ».
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Diomaye Faye a évoqué une mise à jour prochaine de la doctrine de la coopération militaire. Cette actualisation « impose évidemment qu’il n’y ait plus de bases militaires de quelque pays que ce soit au Sénégal, mais elle impose aussi d’autres évolutions dans la coopération militaire avec ces différents pays qui entendent encore la maintenir (la coopération) avec le Sénégal », a-t-il précisé.
(Avec AFP)