Publié le 20 octobre 2024
Lecture : 2 minutes.
Après près de dix jours de périple, le convoi de l’armée malienne et de Wagner qui faisait route vers Tinzawaten a finalement fait demi-tour avant même de combattre. Si, officiellement, l’objectif a été atteint – récupérer les corps de soldats tombés au combat lors de la bataille de juillet dernier – l’opération « Vengeance » semble bel et bien avoir été un échec.
Beaucoup s’attendaient pourtant à ce qu’une offensive soit lancée contre les rebelles du Cadre stratégique permanent pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA), qui tiennent toujours cette ville située à la frontière algérienne, depuis la cinglante défaite infligée aux Forces armées maliennes et à Wagner en juillet dernier. « La bataille de juillet est un affront qu’il faut laver. Mais nous n’allons pas foncer tête baissée, ce qui explique le retour du convoi à Kidal. La hiérarchie a jugé que toutes les conditions n’étaient pas encore réunies pour mener à bien cette mission », a justifié une source militaire malienne auprès de Jeune Afrique.
« Manque de professionnalisme »
Cette opération de grande envergure, durant laquelle une trentaine de véhicules militaires ont été déployés, transportant entre autres des soldats des forces d’intervention et des éléments de la garde nationale, a aussi été marquée par de fortes tensions entre militaires maliens et mercenaires de Wagner. Ces derniers, dans des boucles Telegram, ont multiplié les messages acerbes, critiquant les militaires maliens pour leur supposé « manque de professionnalisme ».
De quoi alimenter des tensions déjà latentes depuis plusieurs mois, analyse Mathieu Olivier dans le décryptage en vidéo que nous consacrons à ce qui semble être les prémices d’un divorce entre Maliens et Russes. « Depuis l’arrivée de Wagner, il y a toujours eu une forme de mépris de la part des mercenaires russes envers l’armée malienne. Ils sont arrivés dans une position de sauveurs et, donc, ils n’avaient pas une très bonne image de l’armée malienne », souligne-t-il. « Cela a posé des problèmes du côté malien : les hauts gradés maliens n’ont jamais vraiment accepté cette vision et d’être pris de haut par les mercenaires russes. »
Ces tensions, qui ont désormais été exposées au grand jour, pourraient déboucher sur un changement de stratégie, qui passerait notamment par un renforcement de la « stratégie des drones », à laquelle l’armée malienne, à l’instar des armées burkinabè et nigérienne, a de plus en plus recours face aux jihadistes et autres groupes armés.