La Tunisie entrevoit une éclaircie économique pour 2025, selon le dernier rapport de Fitch Solutions, intitulé « Tunisia Risk Report ». L’agence prévoit une réduction significative du déficit du compte courant et une amélioration des fondamentaux économiques grâce à une combinaison de facteurs internes et externes favorables.
Un déficit du compte courant en forte baisse
Après des années marquées par un déséquilibre prononcé, le déficit du compte courant tunisien devrait se contracter considérablement. De 8,6% du PIB en 2022, il est passé à 2,2% en 2023, et devrait atteindre 1,3% en 2024 avant de se limiter à 0,7% en 2025. Cette évolution est attribuée à une réduction du déficit commercial, soutenue par une hausse des exportations qui dépasse celle des importations.
A titre d’exemple, à fin octobre, la balance commerciale alimentaire a enregistré un excédent de 1386,4 millions de dinars contre un déficit de 915,7 millions durant la même période en 2023, soit un taux de couverture de 124,7% à fin octobre 2024, alors qu’il était à 85,7% à la même période 2023.
Les données de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) confirment cette tendance, avec une réduction du déficit courant à 2,1 milliards de dinars sur les neuf premiers mois de 2024, contre 3,4 milliards de dinars pour la même période en 2023.
Des moteurs de croissance variés
Cette amélioration est alimentée par plusieurs facteurs :
- Excédents dans les services et les revenus secondaires, grâce à un secteur touristique dynamique et aux transferts de fonds des Tunisiens résidant à l’étranger (plus de 11 milliards de dinars).
- Réduction des déficits énergétiques, stimulée par la baisse des prix mondiaux de l’énergie attendue dès la fin 2024.
- Une reprise économique dans la zone euro, qui devrait booster la demande pour les exportations tunisiennes en 2025.
Capacité à honorer les obligations financières
La Tunisie devra faire face à des remboursements de dette externe d’environ 2,1 milliards de dollars en 2025. Fitch Solutions estime que le pays pourra honorer ces obligations grâce à un soutien extérieur accru et à la mobilisation de ses réserves de change, actuellement évaluées à près de 8 milliards de dollars, soit l’équivalent de 3,7 mois d’importations.
Cependant, cette stratégie pourrait exercer une pression sur le dinar, particulièrement au premier semestre 2025, même si l’affaiblissement anticipé du dollar américain devrait atténuer cet effet.
Les prévisions positives de Fitch témoignent d’une résilience économique accrue, mais elles soulignent également la nécessité d’une gestion rigoureuse pour consolider ces gains. En misant sur des secteurs clés comme le tourisme, les exportations et une gestion stratégique des ressources, la Tunisie semble prête à renforcer sa position économique tout en réduisant les vulnérabilités structurelles.