Home Finance De Michel Sardou au Covid, les adieux de Bruno Le Maire à Bercy

De Michel Sardou au Covid, les adieux de Bruno Le Maire à Bercy

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Les plus pressés sont peu nombreux. Malgré l’ombre et le vent qui refroidissent la cour de l’Hôtel des ministres à Bercy en ce jeudi 12 septembre, ils sont arrivés tôt pour s’assurer d’avoir une bonne place. Les thermos de café se vident, les cigarettes se fument, les bises s’échangent. Les discussions sur les dernières vacances, les postes disponibles ou les sessions sportives du week-end ressemblent à n’importe quel bavardage du matin entre les agents du ministère de l’Économie et des Finances.

Peu à peu, la cour se remplit et déborde de monde. Les invités de marque arrivent. Roland Lescure, le ministre démissionnaire de l’Industrie, serre des mains à droite et à gauche. Marlène Schiappa, l’ex-secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire, traverse la pelouse pour rejoindre d’anciens camarades. Même Benjamin Griveaux, ancien secrétaire d’État de Bruno Le Maire, porte-parole du gouvernement, et retiré de la vie politique après la diffusion de vidéos privées à caractère sexuel, est présent.

Michel Sardou et Aristote

Soudain, Bruno Le Maire sort de l’Hôtel des ministres. Il monte sur l’estrade. « La star est arrivée », plaisante une des spectatrices de ce show un peu spécial. Le ministre de l’Économie démissionnaire aime la théâtralité, les discours fleuve et les bons mots. Alors pour son départ de Bercy, après sept années de bons et loyaux services, il n’est pas étonnant qu’il ait convié plus de mille personnes à écouter un discours de départ d’une trentaine de minutes.

À LIRE AUSSI Bruno Le Maire a-t-il un avenir politique ? Celui qui écrit aussi à ses heures perdues commence par citer Michel Sardou et sa chanson « Je vole » : « Je vous aime, mais je pars. » Finit par Aristote. Au milieu, il se plie au passage obligé des félicitations et des remerciements. Emmanuel Macron. Les ministres qui se sont succédé à ses côtés, de Gérald Darmanin à Thomas Cazenave, en passant par Olivia Grégoire et Gabriel Attal. Mais aussi ses collaborateurs, les élus locaux, les parlementaires, les syndicats, le patronat et les agents de Bercy. Il égrène quelques anecdotes, le Covid, l’incendie de Notre-Dame, et défend bec et ongles son bilan, malgré les nombreuses critiques sur sa gestion des finances publiques.

Taxer les grandes fortunes

Le passé, bien sûr. Mais Bruno Le Maire est aussi là pour parler de l’avenir. Le sien d’abord. Celui qui a démissionné de la haute fonction publique devrait consacrer ses prochains mois à l’enseignement, la première vocation de ce normalien et énarque. Mais il n’a pas indiqué où. Des bruits de couloir le faisaient cet été atterrir en Suisse. Une information démentie par son cabinet… tandis que l’université de Lausanne avait confirmé être en discussion avec le ministre de l’Économie démissionnaire. Et la politique ? « Mes plus grands combats politiques sont devant moi », nous indiquait-il en juillet dernier. Le ton est un peu différent aujourd’hui : « Il est temps pour moi de respirer un air différent de celui de la politique […] Et après ? Après, qui vivra verra. »À LIRE AUSSI Dégradation de la note par S & P : la faute du Covid, vraiment ?

Et puis, il y a aussi l’avenir de son successeur. Alors que le fraîchement nommé Premier ministre Michel Barnier a promis de former un gouvernement d’ici la semaine prochaine, le nom du futur locataire de Bercy est encore inconnu. Mais Bruno Le Maire a tenu à lui dresser une feuille de route. Celle-ci contient bien évidemment le redressement des comptes publics. Sans toucher au levier fiscal. « Si nous voulons livrer un combat fiscal, livrons-le au niveau international : taxons à un juste niveau les plus grandes fortunes de la planète. » Mais aussi les salaires, le climat ou le financement de l’économie.

Ou encore la réindustrialisation. Chaleureusement applaudi par les spectateurs, une main sur le cœur, Bruno Le Maire a fini sa tournée d’adieu en recevant des mains d’Olivia Grégoire et de Roland Lescure une paire de baskets Millet, une marque ardéchoise de chaussures de sport. Made in France, évidemment. Débarrassé de la complexe gestion des affaires publiques, Bruno Le Maire aura désormais un peu plus de temps pour s’adonner à la course à pied et à la randonnée, deux de ses passe-temps.


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