Home Finance Dette : « Nous sommes toxicomanes »

Dette : « Nous sommes toxicomanes »

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Alerte rouge ! Mercredi 22 mai, à quelques jours de la mise à jour de la note de la France par l’agence de notation S&P, la commission d’enquête parlementaire sur la très forte croissance de la dette française depuis 2017 débutera ses auditions, avec celle de Jean-Louis Rey, président du conseil d’administration de la Cades (Caisse d’amortissement de la dette sociale). Philippe Juvin, président de cette commission, répond aux questions du Point. Selon le député LR, les Français doivent prendre conscience de la gravité du dérapage de nos finances publiques.

Le Point : Pourquoi cette commission a-t-elle été lancée ?

Philippe Juvin : Aujourd’hui, la dette est devenue une donnée centrale de la vie politique. Elle a des implications sur notre souveraineté, sur le pouvoir d’achat, mais aussi sur notre capacité à faire des choix politiques. À chaque fois que je prends la parole dans l’hémicycle, sur des sujets liés à la santé, à la justice ou à l’éducation, je souligne toujours que tous les projets sont intéressants mais que tant que nous n’aurons pas le début du commencement d’un kopeck pour les payer, alors le débat sera inutile. Nous n’avons aujourd’hui plus de marges de manœuvre et nous sommes à la croisée des chemins. Même des pays comme le Portugal ou la Grèce, qui étaient considérés comme les hommes malades et incurables de l’Europe, ont réussi à assainir leurs finances publiques. Et nous, nous continuons à augmenter notre dette. Nous dépensons trop et mal. Tout le monde sait pourtant qu’il faut s’attaquer à ces deux maux, que chaque euro doit être bien dépensé… Mais on ne le fait pas. L’effet sur la crédibilité de la parole publique est dévastateur.

Quelle est la finalité de cette commission ? Faire des propositions ?

Ce n’est pas explicitement dans notre lettre de mission, mais bien sûr nous ferons des propositions. Nous ne serons pas que des commentateurs. L’objectif de la commission est triple. D’abord, analyser pourquoi la dette a explosé de 2 000 à 3 000 milliards en un quinquennat, et quels sont les choix politiques qui ont conduit à ce résultat. Le gouvernement nous a expliqué que le « quoi qu’il en coûte » était une nécessité pour contrer la crise Covid ou celle de l’énergie, mais nous comparerons nos choix avec ceux qui ont été faits ailleurs. Ensuite, nous irons voir comment les autres ont opéré pour réduire leur dette, qu’il s’agisse du Canada dans les années 1990, de l’Allemagne dans les années 2000 ou, plus récemment, de la Grèce et du Portugal. Enfin, notre dernier objectif est d’aider les Français à prendre conscience de cette gangrène. Sur le sujet de la dette, notre pays est toxicomane. Je suis médecin et je sais que tant que les toxicomanes n’ont pas compris la gravité de leur situation, ils ne peuvent pas s’en sortir.

Dans quelques jours, l’agence de notation S&P annoncera si la note de la France est maintenue ou dégradée. Est-ce que cet indicateur a encore de l’importance aujourd’hui ?

Oui, et nous avons prévu d’entendre également ceux qui nous prêtent, ainsi que les agences de notation. Mais un indicateur isolé ne fait pas l’ensemble du climat, et nous souhaitons avoir une vision globale. Se focaliser sur une seule note est trompeur, il faut faire attention aux effets d’optique. Si nous ne sommes pas dégradés, nous allons repartir tout contents en disant que tout va bien, alors que non. Nous sommes dans une situation objectivement grave, et il ne faudrait pas que nous nous retrouvions dans une position où l’on nous impose des choix politiques de l’extérieur…


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