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Forsee Power, le géant français de la batterie à la conquête de l’Amérique

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L‘usine de Forsee Power fait face au Futuroscope de Poitiers, au bord de la départementale 910. Sa couleur semble venir d’une chanson de Jean-Jacques Goldman : entre gris clair et gris foncé. À l’intérieur du bâtiment d’une superficie de 15 000 mètres carrés, plusieurs lignes d’assemblage permettent de fabriquer des systèmes de batteries. Société inconnue du grand public, Forsee Power est pourtant un géant français de la batterie électrique.

L’entreprise, qui emploie 750 salariés en Europe, en Asie et en Amérique du Nord, a réalisé un chiffre d’affaires de 171 millions d’euros en 2023, en augmentation de 54 %. Elle conçoit et intègre des systèmes pour tout type de véhicules, à l’exception des voitures particulières. Revendiquant le titre de leader européen des systèmes de batteries, elle offre une alternative aux fournisseurs asiatiques.

« Nous faisons du sur-mesure notamment pour les bus scolaires, les camions, les deux roues de Piaggio et Kawasaki, les tricycles de l’indien 3ev, les tramways, les trains, les navettes APM de Toyota transportant les athlètes olympiques et paralympiques et même les balayeuses électriques de la Mairie de Paris », explique Christophe Gurtner, le PDG qui a fondé en 2011 le groupe basé à Ivry-sur-Seine (Île-de-France). Forsee Power, qui emploie 175 ingénieurs et consacre une importante partie de ses investissements à la R & D, espère atteindre l’équilibre financier cette année. Son déficit brut d’exploitation a déjà été réduit de 13 millions à 6,8 millions d’euros l’année dernière.

Une implantation dans l’Ohio favorisée par l’IRA

Après la France, la Chine, l’Inde et la Pologne, la société ouvre en grande pompe, ce jeudi 12 septembre, sa cinquième usine dans le monde. Si elle a étudié plusieurs localisations aux États-Unis, notamment le Michigan, fief historique de l’industrie automobile, elle a fini par choisir la ville de Columbus (Ohio). Outre-Atlantique, la bascule vers l’électrique a commencé sous l’impulsion du président Joe Biden et de certains États, comme la Californie. « Il y a des subventions grâce aux dispositifs de l’Inflation Réduction Act, et il est indispensable de fabriquer aux États-Unis pour en profiter », souligne Christophe Gurtner. Forsee a ainsi été accueilli les bras ouverts dans l’Ohio, avec un prix de l’énergie très compétitif et des aides qui se chiffre en millions de dollars en fonction des recrutements. L’entreprise française, qui touchera, par exemple, 10 euros par kilowattheure (kWh) pour la production sortie de son site américain, espère se développer sur le marché des engins de construction et les fameux bus scolaires jaunes.

« Le site de Columbus est un couper-coller de celui de Poitiers », indique Sophie Tricaud, vice-présidente, chargée des affaires institutionnelles. L’installation dans la préfecture de la Vienne de l’entreprise de taille intermédiaire s’est faite en 2018 sur le site d’un fabricant de pistons de moteurs autrefois détenu par l’américain Federal Mogul. L’ancien bâtiment aux belles verrières qui laissent entrer la lumière du ciel a été entièrement rénové. Sur les lignes d’assemblage, on observe des robots empilant des briques de batteries, les soudant, tandis que des femmes et des hommes s’assurent du bon vissage et de l’étanchéité des packs de batteries qui partent ensuite sur des palettes de bois vers la zone d’expédition. À LIRE AUSSI Verkor, la pépite des batteries électriques

« Nous concevons les logiciels et les pièces comme le châssis, achetons les composants et les assemblons ici », détaille Cédric Bossoutrot, directeur de l’usine, devant les produits de l’entreprise baptisés Zen77 Plus, Zen21 Slim ou Zen 8 Slim. Les cellules de base ne sont en revanche pas désignées par les ingénieurs de la société, mais achetées à de grands fabricants, comme le japonais Toshiba, le coréen LG ou le chinois CALB. Des discussions ont lieu avec les groupes européens qui s’apprêtent dans les prochains mois à produire des cellules.

Bus, deux roues et trains

« Contrairement à Tesla qui a un plancher batteries avec des piles rondes, nos systèmes de batteries sont réparables et recyclables à 95 % [à l’exception de la cellule, NDLR]. Si cela tombe en panne, on sait changer un module, un stack [électrodes empilées, NDLR] ou des câbles », insiste Cédric Bossoutrot. Forsee Power n’a pas le droit de divulguer tous les noms de ses clients pour des raisons de confidentialité, mais elle vend à de grands noms de l’industrie. « Nous travaillons avec le constructeur d’autobus Wrightbus au Royaume-Uni, le leader européen du scooter Piaggio ou encore le numéro deux mondial des motos Kawasaki », égrène Christophe Gurtner.

À LIRE AUSSI Vincent Yang, le Taïwanais qui parie 5 milliards sur la FranceLe ferroviaire est un créneau amené à devenir très important dans les années à venir. Forsee Power fournit actuellement Alstom qui teste avec la SNCF les trains express régionaux (TER) Regiolis hybrides dans plusieurs régions de France, dont la Nouvelle-Aquitaine. Les trains roulent en diesel, mais passent sur batteries Forsee lors des entrées en gare et de sorties de gare sur environ 1 kilomètre. Ces moments sont ceux où les locomotives émettent le plus de particules fines. Le passage à l’électrique permet ainsi de réduire de 30 % les émissions de CO2. L’entreprise française fournit aussi quatre trains du groupe tchèque indépendant Skoda Transportation 100 % électrique. « Soit ils roulent sur cathéters, soit il roule sur batteries, ce qui permet 80 kilomètres d’autonomie », explique Sophie Tricaud.


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