Sept ans après la vente de sa filiale européenne Opel à PSA (devenu Stellantis), le constructeur américain de Détroit General Motors fait son grand retour en Europe avec la marque Cadillac. Il lance deux nouveaux modèles électriques de luxe, le Cadillac Lyriq et l’Optiq, ce dernier modèle ayant été dévoilé à Paris le 29 mai.
« La vente en 2017 d’Opel était nécessaire pour le groupe. L’argent récolté nous a permis de réinvestir dans de nouveaux modèles et de nouvelles technologies afin de revenir avec un portefeuille électrique parfaitement pensé pour l’Europe », glisse au Point la volubile Jaclyn McQuaid, présidente et directrice générale de General Motors Europe.
Profitant de l’interdiction des moteurs thermiques dans l’Union européenne en 2035, le groupe s’est lancé dans quatre pays, la Suède, l’Allemagne, la Suisse et la France, où elle vient d’ouvrir les portes d’un magasin flagship face à l’Opéra de Paris. D’ici à la fin de l’année, il se lancera au Royaume-Uni. « L’Europe est un marché ultrastratégique pour General Motors et l’ouverture de ce lieu physique à Paris témoigne de notre engagement à long terme. Il y a aujourd’hui une vraie demande des automobilistes européens pour l’électrique, largement soutenue par les gouvernements », poursuit Jaclyn McQuaid. Elle insiste sur le fait que GM change non seulement de portefeuille de produits, mais aussi de modèle de distribution en délaissant la formule des concessions pour privilégier la vente directe aux clients.
Voitures de luxe
La marque Cadillac, basée à Détroit et qui tient son nom du fondateur français de la ville, Antoine de Lamothe-Cadillac, a donc été celle choisie face à Chevrolet ou Buick pour pénétrer le marché européen, avec un positionnement haut de gamme. Le gros Lyriq, de près de cinq mètres de long, est vendu à un prix de base de 82 000 euros pour une autonomie d’environ 500 kilomètres. Encore en cours d’homologation en Europe, l’Optiq, un SUV d’environ trois mètres de segment D, est aujourd’hui disponible à 54 000 dollars aux États-Unis. Cela laisse envisager un prix probable d’environ 65 000 euros pour ce modèle que GM doit importer. La production débutera à la fin de l’automne 2024. D’une autonomie estimée à 480 kilomètres (300 miles aux États-Unis), l’Optiq dispose d’une transmission intégrale bimoteur électrique et vise une clientèle jeune et aisée.
Cadillac a déjà d’importants retours de son expérience américaine dans l’électrique. « L’électrique représentait déjà 8 % de nos ventes totales l’année dernière et même 14 % du segment des voitures de luxe. Il y a une vraie appétence des consommateurs », se félicite John Roth. Le vice-président mondial de Cadillac précise que 18 % des unités écoulées de la marque étaient électriques au premier trimestre 2024. « Ce chiffre monte même à 35 % dans un État comme la Californie, qui pousse à l’électrification des mobilités », ajoute-t-il. La marque, qui a vendu dans le monde 355 000 véhicules, dont 150 000 aux États-Unis, revendique pour son Lyriq une part de marché de 35 % sur son segment sur le sol américain.
En Europe, la marque fer de lance de l’électrique de GM, dont tous les modèles seront électriques d’ici à 2030, va néanmoins devoir batailler ferme face aux voitures premiums de BMW, Mercedes, Audi, DS… et à l’offensive des marques chinoises, notamment BYD. « Vive la concurrence ! Vous savez, si on regarde le paysage des véhicules électriques, beaucoup d’entre eux se ressemblent. Avec son design et ses équipements premiums, Cadillac a une vraie carte à jouer pour les automobilistes qui voient leur voiture comme une extension de leur personnalité », estime Jaclyn McQuaid. Les Européens succomberont-ils aux grosses carrosseries de Cadillac comme autrefois Alain Delon avec sa Fleetwood noire ? Réponse d’ici quelques mois.