Le modèle économique de la télévision gratuite est en général assez simple. Il suffit d’avoir beaucoup de téléspectateurs pour attirer des annonceurs et vendre des publicités à des prix élevés. Cela permet d’amortir le coût de la grille des programmes et de gagner de l’argent. Jusqu’ici CNews, à l’instar de sa concurrente LCI, filiale de Bouygues, n’avait jamais réussi à résoudre cette équation.
Chaque année, la chaîne de Pascal Praud, Christine Kelly et Laurence Ferrari termine dans le rouge. À l’époque de ITélé, ancien nom de CNews, la perte annuelle atteignait entre une dizaine et quinzaine de millions d’euros. L’année 2016 a été la pire de toutes, avec un déficit 17 millions d’euros auquel s’est ajoutée une provision exceptionnelle d’une quinzaine de millions d’euros pour couvrir le plan de départs volontaires des journalistes de ITélé. « Pour résorber ce déficit, le sujet est de se différencier. Pour que les spectateurs restent davantage, et pour générer du revenu publicitaire, on est partis dans une notion de chaîne de débat », expliquait Maxime Saada, président du directoire du groupe Canal+, devant les sénateurs, lors d’une audition en janvier 2022.
Bénéficiaire depuis mars
Le repositionnement éditorial de CNews – que certains qualifient de chaîne d’opinion très à droite, la direction préférant parler de « chaîne de toutes les opinions » – a dopé son audience. Sa part d’audience a bondi de 0,6 % en 2017 à 2,3 % en 2023. Néanmoins, la chaîne a connu en 2019 une fuite massive d’annonceurs qui avaient été interpellés par le collectif d’activités Sleeping Giants en guerre contre l’émission d’Éric Zemmour. Il a fallu les séduire à nouveau au fil des mois.
L’objectif de rentabilité de CNews a été maintes fois reporté. La chaîne a engrangé une perte nette annuelle comprise entre 5 et 7 millions d’euros en 2022 et en 2023. Mais la situation a commencé à changer au début de l’année 2024. Selon nos informations, si la chaîne a encore perdu un peu d’argent en janvier et février, elle est profitable depuis mars. Mars, avril, mai, et même juin – dont les achats publicitaires sont déjà connus – sont dans le vert. « CNews sera rentable sur toute l’année 2024 », assure une source proche de la chaîne. En mars et en avril, le canal a connu un bond de 50 % de son chiffre d’affaires publicitaire par rapport au même mois de 2023. Signe que les annonceurs sont revenus, puisqu’ils sont désormais 300 sur CNews. Ces bons chiffres seront sûrement mis en avant par les dirigeants de CNews lors de leur audition devant l’Arcom pour le renouvellement de la fréquence TNT de la chaîne, le 15 juillet prochain.
