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Kadokawa, le géant japonais qui veut conquérir la France

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Son nom est inconnu en France. Kadokawa est pourtant l’un des premiers groupes d’édition au Japon. Coté à la Bourse de Tokyo, le groupe emploie 7 000 personnes dans le monde et réalise un chiffre d’affaires annuel de 2 milliards de dollars, un peu moins donc que le géant français Hachette (2,8 milliards d’euros de ventes en 2023). « Nous faisons partie des quatre premiers au Japon avec Kōdansha, Shūeisha et Shogakukan. Mais nous sommes beaucoup plus diversifiés qu’eux grâce à nos activités dans l’animation audiovisuelle, la production cinématographique, notre plateforme vidéo, les jeux vidéo et nos services d’éducation en ligne », explique dans un anglais parfait Takeshi Natsuno, PDG de Kadokawa, de passage pour 24 heures en France. Pour cet amateur de vins de Bourgogne, ancien dirigeant au sein des groupes de télécoms Dwango et NTT, les passerelles entre l’édition, l’animation, les webtoons (mangas en ligne) les jeux et les services associés, représente un futur prometteur.

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Chaque année, Kadokawa publie 6 500 ouvrages. Les plus vendus deviennent une des 40 séries d’animation produites par l’un de ses cinq studios de production que possède l’entreprise et qui tournent à plein régime. Les meilleures séries se transforment elles-mêmes en jeux vidéo, poursuivant un cercle vertueux. « Toutes nos propriétés intellectuelles proviennent du travail d’un auteur. Une intelligence artificielle ne peut pas le remplacer, car elle aurait besoin d’avoir une base de données de centaines et centaines de créations originales pour tenter de créer une œuvre. » L’IA sert surtout à la société pour des tâches précises telles que le coloriage des images animées par les peintres ou l’organisation du planning d’un tournage.

À l’assaut du monde

Depuis le Covid en 2020, Kadokawa a connu un regain de croissance. « Le public regarde beaucoup plus de séries d’animation et achète plus de mangas qu’auparavant », se félicite Takeshi Natsuno. Le groupe nippon vend plus d’œuvres – séries ou films – aux plateformes de streaming. La série Gundam – Requiem pour une vengeance a par exemple débarqué à la mi-octobre sur Netflix. De quoi faire rayonner les ouvrages du groupe qui cherche à se développer en dehors du Japon.

« Aujourd’hui, les meilleures opportunités se trouvent en Chine ou en Europe, et en particulier en France où les rayons mangas des librairies et de la Fnac sont conséquents  », poursuit le dirigeant japonais. Il estime les marchés de l’édition manga et de l’animation à 2 000 milliards de dollars dans le monde. Néanmoins, le secteur pâtit d’une importante piraterie. « Par exemple, la guerre en Ukraine nous empêche d’être présents en Russie. Comme les Russes adorent les animés, ils consomment des contenus piratés », déplore le patron.

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Pour se développer à l’international, Kadokawa mise sur quatre marchés principaux : l’Amérique du Nord, son plus gros marché, l’Europe, le reste de l’Asie (Thaïlande, Indonésie…) et la Chine. Dans ce pays, les contenus sont différents en raison du contrôle du gouvernement chinois qui pioche lui-même dans le catalogue Kadokawa. En revanche, les succès peuvent atteindre des volumes gigantesques en raison de la taille du secteur : l’ouvrage de light novel (roman illustré pour jeunes, NDLR) Suzume’s Locking-Up de Makoto Shinkai (édité en France par Pika Éditions du groupe Hachette) a été vendu à 700 000 exemplaires… En Union européenne, le groupe nippon se concentre sur la France, un pays friand de mangas et d’animation depuis l’arrivée de la série Goldorak sur France 2 (Antenne 2 à l’époque) à la fin des années 1970.

Depuis quelques années, Kadokawa licencie environ 200 de ses titres. Cette année, il a décidé d’accélérer au travers de la société Vega. Rachetée en 2020 par l’éditeur Dupuis pour entrer sur le marché du manga, Vega est désormais une entreprise commune détenue à 51 % par Kadokawa et 49 % par Dupuis, filiale du groupe Média-Participations, présidé par Vincent Montagne. « C’est notre première filiale en Europe », indique Takeshi Natsuno. « Kadokawa a une stratégie d’expansion internationale, et de notre côté nous connaissons bien le marché européen. Le projet ici est de renforcer nos parts de marché sur le manga grâce au catalogue solide de Kadokawa, mais aussi de contribuer au développement de nouveaux segments comme le light novel, déjà bien installé aux États-Unis », explique le directeur général de Média-Participations, Julien Papelier. Vega dispose d’un droit de premier regard sur tous les titres de Kadokawa parmi le catalogue et les nouveautés : shonen, seinen, light novel…. En parallèle avec la série Gundam – Requiem pour une vengeance sur Netflix, Vega a déjà sorti un tome Gundam dans les librairies françaises. « Nos ambitions sont sans limites ! » sourit Takeshi Natsuno.


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