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la France de Macron dans le tourbillon des taux d’intérêt

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Deux des trois agences de notation les plus influentes sur les marchés financiers, Fitch Ratings et Moody’s, ont mis à jour leur évaluation de la solvabilité de la dette publique française, le 26 avril. Cette révision de la note financière de la France a lieu tous les six mois. Plus de peur que de mal : la France a échappé à une sanction et les deux agences ont maintenu leurs notations, ainsi que leurs perspectives, inchangées. Standard & Poor’s (S & P), considérée comme l’agence la plus influente de toutes, livrera, quant à elle, son verdict vendredi 31 mai. Avant cette échéance, « Le Point » vous propose une série en cinq épisodes pour tout comprendre de la situation des finances de la France.

Emmanuel Macron l’assure. « Il n’y a pas de dérapage dans les dépenses de l’État », a-t-il déclaré dans une interview à L’Express, mercredi 22 mai. Alors pourquoi le déficit public a-t-il atteint 5,5 % du PIB en 2023, alors que le gouvernement anticipait 4,9 % ? C’est à cause « des deux grandes crises qui sont venues impacter nos finances publiques : le Covid, avec le “quoi qu’il en coûte” […] et la guerre en Ukraine et ses conséquences sur les prix de l’énergie », justifie le chef de l’État.

Si les crises successives ont bien entendu alourdi le déficit public, le problème remonte en réalité à bien plus loin. « Le dernier excédent public date de 1974 ! On a des déficits permanents », rappelle l’économiste Marc Touati. Et la présidence Macron n’a pas amélioré la situation, bien au contraire. Depuis le début de son premier quinquennat, le chef de l’État aura gratifié la France de 821 milliards d’euros de dette supplémentaire. Selon les prévisions réalisées par l’institut Molinari pour Le Point, il atteindra les 1 000 milliards entre janvier 2025 et janvier 2027.

Une habitude bien française. « On est sans arrêt dans une politique qui remet au lendemain les problématiques d’assainissement des comptes publics. À chaque fois qu’il y a une crise, la seule solution est de dégager du crédit », expliquait l’économiste Philippe Dessertine dans une interview au Point, le 22 mars. « Pendant des années, les dirigeants français n’arrêtaient pas de croire que la dette ne coûtait rien », abonde Marc Touati, le président du cabinet Acdefi (Aux commandes de l’économie et de la finance). Problème : ce n’est pas le cas. Comme pour les particuliers, les emprunts des États sont soumis à des taux d’intérêt. La France n’y échappe pas.

Hausse des taux

Après des années de taux d’intérêt très faibles, voire négatifs – les investisseurs payaient pour financer la dette de la France ! –, les taux directeurs ont atteint jusqu’à 4 % en 2023. Résultat : la charge de la dette, soit les intérêts payés pour la financer, a considérablement augmenté. « L’année prochaine, la charge de la dette atteindra 75 milliards d’euros, ce sera le premier poste de dépenses de l’État. Donc l’argument qui consiste à dire que la dette ne coûte rien, est faux », affirme Marc Touati.

De son côté, Bercy, toujours optimiste, estime que cette charge atteindra 72,3 milliards d’euros en 2027. Une certitude : pour 2023, ces intérêts s’élèvent à 50 milliards, selon Fipeco. « C’est déjà l’un des plus gros budgets de l’État », pointe Marc Touati.

À titre de comparaison, le budget alloué à la Défense en 2023 est de 43,9 milliards d’euros et celui de l’Écologie de 35,7 milliards d’euros, selon le projet de loi de finances. Selon les chiffres – probablement optimistes – contenus dans le programme de stabilité présenté par Bercy, la charge de la dette atteindra 54 milliards en 2025, 62 milliards en 2026 et 72 milliards en 2027.

« C’est de l’argent qui n’est pas utilisé dans le social ni dans les hôpitaux ou autres, insiste l’économiste Marc Touati, cela crée un cercle pernicieux de la dette : il faut s’endetter juste pour rembourser ses intérêts. » Avec, à terme, une incapacité à investir dans les enjeux de notre époque. « Au niveau européen, il faut investir au regard de la situation américaine ou chinoise avec le soutien public à leur économie », estime l’économiste à l’OFCE Mathieu Plane.

3 101,2 milliards
C’est le montant de la dette publique française en euros à la fin de l’année 2023.


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