Qui reprendra Atos, géant français des services informatiques ? Le groupe, qui compte plus de 100 000 collaborateurs, traîne une dette de 4,9 milliards d’euros, dont 3,7 milliards à rembourser ou refinancer d’ici fin 2025. Et doit trouver 1,1 milliard d’euros de liquidités pour 2024 et 2025.
L’État est prêt à mettre entre 700 millions et un milliard d’euros pour reprendre les activités sensibles : les supercalculateurs utilisés dans le cadre de la dissuasion nucléaire, les systèmes de connectivité de l’avion militaire Rafale, etc. Il lui faut des partenaires industriels. Deux groupes français se sont positionnés, chacun de son côté : Thales et ChapsVision.
Kretinsky et Layani luttent pour la reprise du reste du groupe
Deux offres ont été faites pour la reprise des autres activités d’Atos : infogérance, cybersécurité, informatique quantique… D’une part, il y a l’offre de l’entreprise française de conseil en informatique Onepoint et du fonds d’investissement américain Butler Industries. Déjà actionnaire à 11 % d’Atos, Onepoint est contrôlé par le Français David Layani.
D’autre part, il y a l’offre du fonds britannique Attestor et de la société Equity Investment contrôlée par Daniel Kretinsky. Le milliardaire tchèque n’en finit plus de mettre la main sur des entreprises françaises, lui qui a repris Casino, en mars dernier, là aussi avec Attestor. Ce fonds d’investissement possède environ 100 millions d’euros de la dette d’Atos.
Les créanciers joueront les arbitres
Une partie des créanciers, qui totalise plus de la moitié de la dette, s’est mise d’accord pour injecter 1,2 milliard d’euros de liquidités, et pour effacer une partie des 4,9 milliards d’euros de dette – mais probablement pas la totalité.
En étant uni, ce groupe est en position de choisir parmi les deux offres (Kretinksy versus Layani) celle qui répond le mieux à ses attentes. Parmi ses exigences figure le fait qu’Atos ne soit pas vendue à la découpe une fois reprise. « Cela permet de garder la boîte française, de rassurer les employés sur le fait qu’elle ne soit pas découpée en 45 morceaux, mais aussi les clients », explique un créancier cité anonymement par Le Figaro.
Or, l’offre de Daniel Kretinsky, qui prévoit un effacement de dette bien plus important que celle de David Layani, ferait perdre bien plus d’argent aux créanciers. En outre, en février dernier, Daniel Kretinsky avait fait une première offre, alors rejetée, consistant à ne racheter que les activités d’infogérance. Daniel Kretinsky et Attestor céderaient-ils les autres activités d’Atos s’ils étaient choisis comme repreneurs ? Mystère. D’autant que dans l’affaire Casino, Kretinsky, Attestor et leur partenaire Marc Ladreit de Lacharrière ont justement opté pour une découpe, cédant près de trois cents des supermarchés et hypermarchés à Auchan et Intermarché.
Si aucune des deux offres ne lui convient, le groupe de créanciers menace de prendre seul le contrôle de l’entreprise. La décision devrait être connue au plus tard le 31 mai.