Home Finance les programmes « ne pourront, de toute façon, pas être mis en place »

les programmes « ne pourront, de toute façon, pas être mis en place »

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L’économie française, grande perdante des législatives ? Le Rassemblement national (RN) et le Nouveau Front populaire (NFP) ont beau défendre bec et ongles le sérieux de leurs programmes, ceux-ci pénaliseraient l’économie, comme nous l’explique Maxime Darmet, économiste sénior France chez Allianz Trade. Cela dit, le programme de Renaissance ne serait pas non plus particulièrement bénéfique…

Le Point : Depuis la dissolution, le monde économique est inquiet à l’idée que le RN ou le NFP puisse accéder au pouvoir et appliquer son programme. Le président du Medef, Patrick Martin, a notamment déclaré que ces programmes étaient « dangereux pour l’économie ». A-t-il raison ?

Maxime Darmet : Ces programmes risquent, en effet, d’avoir des effets négatifs sur l’économie. Ces partis promettent de mettre en place une expansion budgétaire ayant pour but de relancer une croissance qu’ils estiment trop molle. Mais il faut tenir compte du contexte de nos finances publiques, qui est très détérioré. Ces politiques vont sûrement être tuées dans l’œuf car les marchés financiers risquent de très mal réagir à ces annonces de hausse des dépenses. Les conditions financières pourraient se tendre, les taux pourraient augmenter et la distribution de crédits pourrait diminuer. Cela serait différent dans un pays avec plus de marge de manœuvre, comme l’Allemagne.

Quel serait l’impact exact de ces programmes ?

Pour le Nouveau Front populaire, le coût budgétaire net serait d’environ 33 milliards d’euros, soit près de 1,2 % du PIB. L’écart de rendement des obligations d’État françaises pourrait atteindre 120 points de base en 2024 et la croissance du PIB serait amputée de 0,3 point de pourcentage par an. Le déficit public dépasserait les 6 % du PIB en 2025. Ce n’est pas une catastrophe à court terme, mais nous dépenserions de l’argent pour avoir à la fin moins de croissance, plus de déficit et plus de dette : c’est du gâchis. Un gouvernement d’extrême droite réduirait, quant à lui, la croissance de 0,3 point de pourcentage également, augmenterait le déficit à 5,7 % du PIB d’ici à 2026 et les spreads des OAT se tendraient de 80 à 100 points de base [les spreads sont les écarts, exprimés en points de base, entre deux taux ou deux rendements ; les OAT sont les obligations assimilables du Trésor, soit les obligations émises par l’État, NDLR].

Pour construire nos prévisions, nous n’avons pas pris l’intégralité des programmes car nous estimons qu’ils ne pourront, de toute façon, pas être mis en place. Nous nous sommes basés sur ce qui pourrait être mis en place de façon réaliste, et étalé sur deux ans, car il y a un seuil de dépenses au-delà duquel la réaction des marchés serait vraiment très négative.

Et en cas de victoire de la majorité sortante ?

L’expansion budgétaire promise par Renaissance est plus modérée (12 milliards d’euros, contre 20 milliards pour le RN et 33 milliards pour le NFP). Au niveau de la croissance, l’impact serait neutre, mais le déficit serait plus élevé que prévu : il devrait demeurer près des – 5 % en 2025, alors qu’avant la dissolution notre prévision était de – 4,3 %. Il est très improbable qu’un gouvernement décide d’un ajustement budgétaire qui nous permettrait d’atteindre l’objectif des 3 % en 2027.


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