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les propositions de Marc Ferracci

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L’agence de notation S&P a rendu son verdict ce vendredi 31 mai et a abaissé la note de la France de AA à AA- à cause de la détérioration de ses finances publiques. Pour Marc Ferracci, économiste et député Renaissance, il est urgent de changer de méthode pour redresser la barre.

Le Point : Selon vous, la décision de l’agence de notation S&P va-t-elle avoir des conséquences financières ?

Marc Ferracci : Je ne pense pas. Cette décision n’est pas vraiment une surprise. Nous étions déjà placés en perspective négative. De plus, nous avions rempli la plupart des critères qu’avait mis en place S&P pour justifier une dégradation. Les marchés ont donc sans doute déjà intégré cette information et l’effet sur notre capacité de financement sera minime, car notre signature demeure très forte. L’impact est surtout symbolique. Cette décision doit nous engager à poursuivre nos efforts pour créer plus de richesses et maîtriser nos dépenses publiques.

Que faut-il faire à court et à moyen terme pour redresser la barre ?

À court terme, nous devons préparer des budgets qui intégreront une réduction intelligente des dépenses. Nous devons cibler celles qui ne pénaliseront pas la croissance. J’ai, par exemple, proposé que l’on supprime les aides à l’embauche pour les apprentis de l’enseignement supérieur, car elles sont peu efficaces en matière d’insertion, ce qui nous ferait économiser 4 milliards d’euros au total. Nous pouvons trouver des gisements d’économies pertinentes à réaliser. Notamment dans le domaine de la santé. Je pense, par exemple, au secteur du transport médicalisé, qui représente 6 milliards d’euros et qui n’est pas exempt d’excès, voire d’abus. Ou à la problématique de la régulation des arrêts maladie. La Cour des comptes a d’ailleurs récemment fait des propositions assez fortes à ce sujet.

La décision de S&P peut également représenter une fenêtre d’opportunité pour changer de méthode et évaluer de manière systématique nos dépenses. Pas les dépenses régaliennes, mais, par exemple, celles du champ économique et social. ll serait intéressant de mettre en place des clauses d’extinction. C’est-à-dire que, lorsqu’on crée une aide, un dispositif ou un poste budgétaire, cela doit être fait pour une durée limitée et avec une évaluation. Si l’objectif n’est pas atteint, alors le dispositif est supprimé. Grâce à cela, on inverserait la charge de la preuve. Cela suppose de mettre en place un calendrier, des indicateurs de résultat, et de se donner les moyens d’évaluer. Cela pourrait se faire, par exemple, en mettant France Stratégie, qui a développé une expertise d’évaluation remarquable, sous la tutelle du Parlement. Enfin, il faut que les chercheurs puissent accéder aux données… Aujourd’hui, cette démarche est compliquée. Je suis persuadé que nous rediscuterons dans cinq ou dix ans du sujet de la dette et des dépenses publiques dans les mêmes termes si nous ne changeons pas de méthode.

Vous évoquiez également le levier de la création de richesses. Que faut-il faire de plus ?

Nous devons poursuivre notre stratégie de création d’emplois et essayer d’atteindre notre objectif de plein-emploi afin d’augmenter les recettes. Il faut même la renforcer. Il y a, bien sûr, la réforme de l’assurance-chômage, mais cela ne suffira pas. Je pense que nous avons besoin d’une nouvelle loi Macron afin de déverrouiller l’accès à certaines professions. Nous devons également aller au bout de la réforme du lycée professionnel. Ne nous arrêtons pas de pédaler en chemin. Sinon, nous risquons de chuter.


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