L’incroyable résurrection de l’usine britannique de Nissan, autrefois menacée par le Brexit

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Une pluie torrentielle s’abat sur l’immense usine Nissan de Sunderland et l’on comprend soudain pourquoi la campagne anglaise qui l’entoure est si verte. « J’espère que vous appréciez notre météo », ironise Paul McGinty, directeur de production sur le site de 36 hectares.

Inaugurée en 1986 par Margaret Thatcher, l’usine du constructeur automobile japonais, qui emploie 6 000 personnes (30 000 avec la chaîne logistique) et a produit 238 000 véhicules en 2023 pour une capacité de 400 000 unités par an, est la plus grande du secteur au Royaume-Uni. Elle pèse pour environ un tiers de la production nationale et fabrique toutes les deux minutes un Qashqai, « crossover » ( SUV compact) qui a été le modèle le plus vendu du pays en 2022.

Dehors, une dizaine d’éoliennes et de panneaux solaires installés sur des champs génèrent 20 % de l’électricité consommée par le site. À l’atelier presse, les gros rouleaux d’acier et d’aluminium arrivés par le port de Sunderland sont façonnés par les presses de 5,4 tonnes de la marque Tomatsu – dans un bruit assourdissant – afin d’être transformés en caisse et portes de véhicule. « Le Qashqai compte désormais une vingtaine de panneaux en aluminium qui remplace l’acier. Cela permet d’alléger le poids de la voiture de 60 kilogrammes et améliore donc ses émissions de carbone », explique Simon Garrington, ingénieur manager.

Un modèle hybride maison avant l’électrique

Plus loin, les Qashqai et les petits SUV Juke se succèdent dans la couleur des robots peintres, capables de changer de couleur à chaque véhicule. « On nettoie la poussière de la caisse, la plonge dans un bain anticorrosion avant d’appliquer trois couches de peinture », explique l’opérateur Carol Gomel. Il faut compter environ 14 heures sur les lignes pour assembler un Qashqai. Le crossover passera dans les prochains mois au moteur électrique, quand la construction de la gigafactory de batteries du chinois Envision AESC, le même partenaire de Renault à Douai en France, sera terminée.

Pour l’heure, Nissan mise sur une technologie hybride maison, « l’e-power ». « C’est le moteur essence qui alimente une batterie. Le véhicule offre ainsi les mêmes sensations qu’une conduite électrique, avec l’avantage d’une autonomie de 1 000 kilomètres avec un plein », souligne François Bailly, directeur de la planification pour la région Amieo (Afrique, Moyen-Orient, Inde, Europe et Océanie).

Avenir assuré

Le nouveau Qasqhai e-power débarquera dans les prochaines semaines chez les concessionnaires du monde entier. Nissan précise avoir effectué un nouvel investissement de 35 millions d’euros dans l’usine, s’ajoutant à l’investissement total de Nissan au Royaume-Uni de 7 milliards d’euros. « Nous sommes de nouveau bénéficiaires grâce à une rentabilité de 4,5 % en 2023 et nous pouvons investir », assure François Bailly.

Ces derniers mois, les familles de Sunderland et de Newcastle, ville voisine, ont pu pousser un « ouf » de soulagement. L’avenir du fleuron industriel de la région avait été menacé par le Brexit et la perspective de droits de douane entre le Royaume-Uni et l’Union européenne en cas de « no deal ». L’accord signé fin 2020 exempte finalement les constructeurs de droits de douane, mais seulement si la moitié des composants d’un véhicule est fabriquée sur le sol britannique, conformément à la « règle d’origine. » Le site Nissan de Sunderland a ainsi pu survivre, contrairement à l’usine Honda de Swindon qui a fermé ses portes.

À LIRE AUSSI Nissan pourra-t-il rester en Europe malgré le Brexit ? Il sera bientôt le premier du groupe nippon à se convertir à l’électrique, avec trois des six futurs modèles 100 % en électrique du constructeur, vraisemblablement des Qashqai, Juke et Leaf. Objectif : vendre 40 % d’électriques en 2026 en Europe, où ses ventes ont atteint 344 000 véhicules en 2023. Nissan, dont le chiffre d’affaires mondial a atteint 75 milliards d’euros, veut réduire de 30 % les coûts de fabrication des voitures électriques d’ici à 2030. Le Royaume-Uni a justement prévu de mettre fin aux moteurs thermiques cette année-là.


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