Michel Barnier était l’invité de l’émission « L’Évènement » ce jeudi sur France 2. Un mois après sa nomination à Matignon, le Premier ministre, qui dit avoir été « surpris » en découvrant la situation économique du pays, a évoqué le sujet brûlant de la dette publique, qui rappelons-le, s’élève à 3 228,4 milliards d’euros, soit 112 % du PIB. « Nous payons soixante milliards d’euros d’intérêts », a-t-il déclaré, soit « 700 euros de dette par Français par an, que ce soit un bébé ou une personne âgée ». Voici les grands axes évoqués par le locataire de Matignon pour ramener le déficit à 5 % en 2025.
- Hausse d’impôts pour les grosses entreprises
Michel Barnier a réaffirmé qu’il ne souhaitait pas augmenter les impôts de tous les Français, ni de toutes les entreprises. « Il n’y aura pas de choc fiscal », a assuré celui qui vise « deux tiers de réduction des dépenses publiques et un tiers d’imposition exceptionnelle, temporaire et ciblée ». Cette augmentation d’impôts « solidaire » concernerait « les (300) plus grosses entreprises françaises, celles qui font un milliard d’euros de chiffre d’affaires ou plus ». Le « temps » de cette contribution supplémentaire « sera fixé dans la loi » et « ce sera un an et peut-être deux ans », a-t-il précisé.
Michel Barnier a assuré qu’il n’y aurait « pas d’impôts nouveaux sur la quasi-totalité des 4 millions d’entreprises », même s’il leur sera demandé « des efforts sur les aides qu'(elles) touchent pour les allocations, les charges sociales qu’on va essayer de mieux s’ajuster pour qu’elles soient plus efficaces, pour qu’elles ne constituent pas des trappes sur les bas salaires, comme c’est le cas aujourd’hui ».
- Hausse d’impôts pour les plus fortunés
Michel Barnier a également exprimé sa volonté de faire participer « les plus fortunés ». C’est-à-dire, selon son exemple, les ménages ayant « un revenu fiscal de 500 000 euros par an » ou plus. L’objectif de ce plan viserait à « récupérer peut-être deux milliards », a-t-il estimé. « Je le demande sans plaisir […] Mais j’ai un devoir de responsabilité ». En somme, 65 000 personnes (les plus fortunés de France donc) pourraient rembourser l’équivalent de deux à trois milliards d’euros.
« L’effort que nous allons demander est fondé sur un dispositif fiscal sur les très hauts revenus qui a été mis en place par François Fillon et Nicolas Sarkozy il y a quelques années. On va ajouter quelque chose à ce dispositif pour la participation exceptionnelle et temporaire des personnes les plus fortunées ».
- La fusion des services publics
Pour réduire les dépenses publiques, le gouvernement compte aussi « fusionner des services publics » afin de réduire les dépenses publiques. « On va fusionner des services publics. On va sans doute ne pas remplacer tous les fonctionnaires quand ils ne sont pas en contact direct avec les citoyens, tous les fonctionnaires qui partent en retraite ».
- L’allocation sociale unique
Le Premier ministre a aussi indiqué vouloir lancer « pour l’année prochaine » un chantier de « l’allocation sociale unique ». L’objectif de cette mesure sera « de telle sorte qu’au bout de ce travail, ça paye plus de travailler que de ne pas travailler », a-t-il déclaré, en précisant que ce « chantier va prendre un peu de temps ». Michel Barnier a considéré qu’ « il faut que le travail paie plus que l’addition des allocations ».
Mais aussi qu’il fallait « débureaucratiser » les allocations et « peut-être parfois en augmenter certaines », comme par exemple celle destinée aux « personnes en situation de handicap ». Ce projet fait partie de ceux présentés mercredi par Laurent Wauquiez, président des députés Droite républicaine (ex-LR). Avec ses troupes, il préconise une « allocation sociale unique plafonnée » à « 70 % du smic », destinée selon lui à lutter contre l’« assistanat ».
Sans actions, le déficit de la France pourrait atteindre 7 % en 2025. Michel Barnier, qui dit redouter une crise financière, présentera le budget 2025 d’ici deux semaines.