C’est un incontournable du petit déjeuner. Le jus d’orange voit son cours s’envoler en Bourse depuis le début de l’année. Cette semaine, la livre de concentré de jus d’orange congelé a franchi le cap des 5 dollars à New York, une première. Les prix ont augmenté de 60 % depuis le début de l’année, à cause d’une production en chute libre.
Au début de l’année 2022, la livre de concentré de jus d’orange congelé coûtait encore moins de 2 dollars. Elle atteignait ce montant quelques mois plus tard, puis les 3 et les 4 dollars en 2023. Désormais, c’est plus de 5 dollars. Autre indicateur : le prix de la tonne de jus concentré à son arrivée en Europe, au port de Rotterdam. Celui-ci avoisinait les 7 200 dollars au début du mois d’août, trois fois son montant d’il y a deux ans selon le Financial Times.
Cette envolée du cours de l’agrume sur les marchés traduit une réalité maussade sur le terrain. Selon un rapport de Fundecitrus, l’association des producteurs du Brésil – d’où provient 70 % du jus d’orange dans le monde –, cité par Les Échos, la récolte sera la deuxième la plus mauvaise en 35 ans. 232,38 millions de cageots (de 40,8 kg) d’après les prévisions de mai – qui devraient être revues à la baisse –, soit 25 % de moins que l’an passé. La faute à une sécheresse terrible, la pire ayant ravagé le Brésil au cours du dernier demi-siècle, ainsi qu’au développement d’une maladie dévastatrice.
Maladie du dragon jaune
Apparue aux États-Unis au début des années 2000, la « maladie du dragon jaune » décime les cultures d’orange en rendant les fruits impropres à la consommation à cause d’une bactérie qui accentue leur amertume. Le Centre de recherche agronomique français (Cirad) explique que celle-ci cause « un dépérissement des arbres, réduisant leur rendement et leur durée de vie. Les fruits, déformés et de taille réduite, cessent rapidement d’être commercialisables ».
En conséquence, la récolte a chuté de 75 % en dix ans en Floride. Et le voisin brésilien est frappé à son tour par ce fléau.
Du jus d’orange-mandarine-pomme ?
Pour compenser cette baisse, les industriels ont d’abord misé sur la congélation du concentré de jus d’orange, celui-là même dont le prix s’envole à New York. Oui, mais voilà : le jus d’orange ne se conserve que deux ans dans cet état, et les stocks constitués ces dernières années sont désormais épuisés.
Alors les fabricants envisagent dorénavant d’ajouter du jus de mandarine, voire de pomme, à celui d’orange. Toutefois, ces changements devront être approuvés par les codes de consommation pour continuer à être vendus en tant que « jus d’orange ».