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Voyager plus de 600 kilomètres en voiture électrique en France, un vrai casse-tête ?

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Après avoir constaté de grandes failles dans les infrastructures de recharge électrique en France il y a deux ans, nous avons souhaité reprendre la route à bord d’une voiture à batterie pour trancher cette question : peut-on décemment rouler en électrique en vacances sans risquer la panne ou des heures d’attente ?

En clair, la France est-elle prête à digérer l’arrivée massive de véhicules électriques se déplaçant durant l’été, alors que l’Union européenne a interdit la vente de moteurs thermiques à partir de 2035 ?

À LIRE AUSSI Voitures électriques : 100 000 bornes de recharge, est-ce suffisant ? Pour voyager loin durant les congés, il faut posséder ou louer un modèle disposant d’une autonomie supérieure à 500 kilomètres WLTP (Worldwide harmonized Light vehicles Test Procedures en anglais), à savoir la norme mondiale harmonisée pour les véhicules légers. Pourquoi ? Car dès qu’on prend les autoroutes ou les nationales et qu’on roule à plus de 90 km/heure, la consommation électrique augmente très sensiblement, d’environ 15 kWh pour 100 km à plus de 20 kWh. Ainsi, l’autonomie affichée par le constructeur fond grosso modo de moitié, voire plus si vous mettez la climatisation ou autre option consommatrice d’électricité.

La barre des 500 kilomètres d’autonomie

Si vous ne souhaitez pas recharger toutes les heures, il faut donc opter pour un modèle promettant plus de 500 km WLTP. Autre critère de choix stratégique : choisir un moteur électrique à capacité de recharge rapide. Par exemple, la plupart des Dacia Spring électriques ne peuvent recevoir que jusqu’à 30 kW de puissance sur une borne 50 kW. Elles ne sont pas adaptées à un long voyage et il serait inutile de se brancher sur des bornes supérieures à 50 kW, car cela prendrait le même temps et serait plus cher.

À LIRE AUSSI Autonomie des voitures électriques, la fumisteriePour effectuer un Paris-Brest, soit environ 600 kilomètres, nous avons opté pour la nouvelle Volkswagen ID.7. Valant plus de 60 000 euros, cette grande berline est la première de la marque allemande à revendiquer plus de 600 kilomètres d’autonomie. La version Pro Life Max dispose d’une batterie de capacité de 77 kWh et promet une recharge de 10 % à 80 % de batterie en 28 minutes environ. Nous quittons Paris à 100 % de batterie en pleins JO en direction de Rennes via l’A6 puis l’A11 et l’A81.

Planifiez votre voyage

En roulant avec l’ID.7 à 130 km/h sur l’autoroute, on s’étonne du peu de bruit et on savoure l’idée de voyager à 4 avec une faible empreinte carbone. Les propriétaires de Dacia Spring, Tesla Model Y, Renault Megane E-TECH, Peugeot e-208, Volkswagen ID.3, MG4 ou BYD Atto 3, le savent déjà : voyager en électrique procure de nombreux plaisirs.

Il n’y a pas de pistons de moteur bruyants et le conducteur a presque la sensation de glisser sur la route sans ressentir de forte résistance de roulement. L’habitacle est silencieux. Les Fangio en herbe peuvent néanmoins regretter l’absence de boîte de vitesses manuelle puisque les véhicules électriques disposent d’une boîte automatique.

Jusqu’à présent, ce sont, hélas, surtout les modèles haut de gamme à plus de 45 000 euros qui offrent une grande autonomie : Mercedes EQS, e-5008, Scenic E-Tech et Tesla grande autonomie ou l’ID.7. Et l’instauration par Bruxelles de droits de douane supplémentaires sur les importations de véhicules électriques chinois impacte leurs prix…

À LIRE AUSSI Voiture électrique : les bornes de recharge à l’essaiAvant de prendre la route, nous avons planifié les étapes de recharge grâce aux applications Chargemap et Volkswagen téléchargées sur notre téléphone : deux a priori, au Mans et à Morlaix, et un voyage qui promet de durer 7 h 30, contre 6 heures d’une traite en moteur essence. Premier arrêt après 200 kilomètres parcourus et 2 h 20 de route à l’aire de l’A11 de Sargé-le-Mans à la station Total Energies.

Bonne nouvelle, sur les six bornes de recharge ultrarapide de 175 kW, trois sont disponibles. Elles sont très faciles d’utilisation avec une carte de recharge ou une carte bleue. Une hôtesse de Total distribue des bons de réduction de 20 % pour les achats dans la boutique de l’aire. La recharge de 35 % à 80 % de batterie s’effectue en une vingtaine de minutes. Cette première expérience s’avère très satisfaisante. D’autant que notre pause-café – toilettes et recharge comprise – a permis de prendre un bol d’air.

Bornes défectueuses ou occupées

L’arrivée en terre bretonne complique le périple. Le deuxième arrêt à Morlaix, la station de recharge de l’opérateur Powerdot de la boucherie près de l’hôtel Ibis, proche de la nationale 12, ne se passe pas comme prévu. Sous une pluie battante et un parking en bordure de départementale, nous constatons que la borne rapide est indisponible. Perte de temps : une quinzaine de minutes et il nous reste 18 % de batterie.

Nous nous rabattons sur la borne de parking d’un supermarché Lidl voisin. Les deux recharges sont occupées. Après quelques minutes, l’une d’entre elles se libère. Nous essayons de payer avec le QR code et une application où nous renseignons les données de carte bleue. Cela ne fonctionne pas. La carte de recharge « We Charge Go » de Volkswagen dont nous disposons – on peut également acheter un « Chargemap Pass » – finit heureusement par marcher.

Nouvelle perte de temps : une quinzaine de minutes supplémentaires, donc une demi-heure à Morlaix sans faire le plein d’électrons. Pour meubler l’attente, nous en profitons pour faire des courses à Lidl. Après 25 minutes, nous repartons avec 60 % de batterie.

À LIRE AUSSI Flotte électrique : faire le plein de watts au bureauPar peur de ne plus trouver de borne après Brest dans le Finistère nord, nous effectuons un arrêt rapide 50 kilomètres plus loin une dizaine de minutes sur l’aire de covoiturage de Ploudaniel. Ce dernier arrêt n’était pas nécessaire, sauf à constater que le réseau Ouest Charge marche beaucoup mieux qu’il y a deux ans : les bornes sont disponibles et le débit d’électricité, rapide.

Nous arrivons enfin au village Porspoder, dans le Finistère, après un peu plus de 8 heures de voyage et une batterie chargée à 50 %. L’ID.7 se recharge en une heure sur le réseau Ouest Charge à Porspoder où il y a deux bornes disponibles face à la mer. Le reste des vacances sera plus facile avec des pauses recharge espacées en raison de trajets moins longs et des bornes qui fonctionnent, telles que les Electra efficaces à Gouesnou (Finistère), les surperchargeurs Tesla à Morlaix disponibles après 5 minutes d’attente. Sur le retour vers Paris, on constate le haut débit et la disponibilité des chargeurs PowerDot du supermarché Cora de Rots (Calvados) et Fastned sur l’aire de Rosny-sur-Seine (Yvelines) sur l’A13.

Moins cher mais plus lent que le train

Coût du trajet Paris-Brest : environ 45 euros de plein électrique, à savoir 30 euros à Total Énergies en borne ultrarapide (au tarif de 0,65 euro/kWh) et 15 euros à Lidl en borne un peu plus lente, la dernière recharge sur le réseau Ouest Charge ayant été superflue. Il faut ajouter 32 euros de péage Paris-Rennes, soit 87 euros pour quatre personnes contre environ 175 euros en TGV Paris-Brest (3 h 45 de trajet en route contre 8 heures en voiture électrique).

À LIRE AUSSI Voiture électrique : trou d’air ou panne de motivation ? Après ces 8 heures en ID.7 électrique contre les 6 heures pour un trajet sans pause d’une traite en thermique – qui paraît illusoire et risqué sans changement de conducteur –, les propos de l’auteur de L’Île au trésor, Robert Louis Stevenson, nous reviennent à l’esprit : « L’important, écrivait-il, ce n’est pas la destination, mais le voyage en lui-même. » Et si ce voyage en électrique a joué parfois avec nos nerfs – ah, cette maudite peur de tomber à moins de 20 % de batterie ! –, il s’est révélé beaucoup plus facile et reposant dans le confort ouaté de la berline Volkswagen.


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