Home Finance Xavier Niel fait son show à L’Olympia

Xavier Niel fait son show à L’Olympia

0


Xavier Niel allait-il entrer en chaussettes sur la scène de L’Olympia ? Ces chaussettes noires ou aux motifs écossais qu’il exhibe en mettant ses pieds sur la table quand on lui rend visite à son bureau du siège parisien de Free ? Non. Pour son spectacle Comment devenir milliardaire, le patron de l’opérateur télécoms déboule depuis l’orchestre en chaussures noires bien cirées et smoking noir de… milliardaire de gala. Dans le public, des curieux, des jeunes trentenaires à la fibre entrepreneuriale, des invités, des salariés de Free, des étudiants des écoles d’informatique 42 ou de l’incubateur de start-up Station F. Les places se sont vendues en quelques heures, à un prix compris entre 2 et 40 euros, comme les forfaits de Free.

« Ce sera potache », avait-il prévenu avant de revendiquer pêle-mêle le ton des influenceurs Squeezie et Léna Situations, voire des Pessi, cette communauté de « Messi chauves » sur les réseaux sociaux. D’emblée, Xavier Niel s’amuse de la manière dont la création de l’opérateur Free il y a 25 ans a changé son image. Il montre ainsi les qualificatifs dont on l’affuble sur Internet : « reptilien ex-pornocrate », « proxénète », « sataniste » (le numéro d’appel de la messagerie Free est 666)…

« Les gens pensent que j’ai fait élire Macron. Ils ont raison ! » lance-t-il face à un public qui s’esclaffe. Et la neuvième fortune de France (22,1 milliards d’euros selon le magazine Challenges) d’assurer qu’on n’a « pas besoin d’être un génie pour être milliardaire » mais qu’il suffit d’être entrepreneur. Albert Einstein, Léonard de Vinci… « Un gros QI mais aucune start-up », ricane-t-il.

Elon Musk « complètement ouf »

La voix parfois stressée tout en regardant son discret prompteur en cas de besoin, Xavier Niel se lâche au fil des rires que ses boutades provoquent. Son premier conseil ? « Aller en prison. » Et le fondateur de Free de revenir sur les heures qu’il a passées à la prison de la Santé après avoir été arrêté pour « proxénétisme » en raison de ses investissements hasardeux dans les sex-shops en 2004. Selon lui, l’entrepreneur doit « mordre la ligne jaune sans jamais la dépasser », comme Uber qui joue avec la législation des taxis ou Airbnb avec celle des hôtels. Il cite une maxime que l’on enseigne dans les écoles de commerce : « Toute réussite est faite de plein d’échecs. » « Je me suis planté sur M6, sur les cinémas CGR, sur Casino. Je passe mon temps à me planter. Vous croyez que j’avais une chance de remporter M6 ? Non, mais on a joué. »À LIRE AUSSI « On peut voir en Elon Musk un philanthrope visionnaire ou un capitaliste impitoyable »

Xavier Niel fait l’éloge de la diversité, évoquant les « cinq fondateurs de Free aux trois religions différentes », et professe que l’important, c’est l’équipe avec laquelle on se lance. Une équipe plus ou moins de huit personnes, qui n’a, comme à Amazon, pas besoin de plus de deux pizzas pour se nourrir. Pour divertir le public et reprendre son souffle, l’entrepreneur a préparé des pastilles vidéo : un sketch avec Léna Situations en conseillère en stylisme et lui en jogging Louis Vuitton ou en costume de Batman, un faux documentaire de ses années Minitel rose, un échange avec Squeezie ou encore un pseudoreportage du média Brut dans lequel il a investi et qu’il emmène faire un tour des catacombes.

« Les catacombes c’est super chelou, les entrepreneurs aussi sont un peu chelous », dit-il, revenu en version décontractée – jean et baskets blanches. Il conseille donc de « Pactisez avec le diable », c’est-à-dire de s’allier avec les personnes les plus louches de la Terre, à l’image d’un Elon Musk « complètement ouf mais sa boîte vaut 50 fois plus que les autres constructeurs ».

Xaviermedoit20balles.com

Bien sûr, Xavier Niel loue à tue-tête le « pouvoir d’achat qu’il a rendu aux Français » avec Free. Mais il ne dit pas tout. Il ne conseille pas, par exemple, d’investir dans la pierre, lui qui a gagné tant d’argent en pariant sur l’immobilier. Il cherche l’amour du public en lui offrant des pizzas, en donnant sa véritable adresse e-mail ou en promettant de rembourser 20 euros à ceux qui ont acheté leur billet pour L’Olympia sur le site Internet xaviermedoit20balles.com.

À force de conseils et de blagues « potaches » comme il l’avait promis, le milliardaire a l’air de prendre goût à la scène. Il veut, confie-t-il, laisser aux spectateurs un message positif. Quitte à ce qu’il semble parfois tiré d’un livre de développement personnel, comme : « On s’en fout des business plans. La seule limite, c’est toi. Le meilleur investissement, c’est investir dans toi-même. Il faut croire en ses rêves. »

À LIRE AUSSI Thiel et Niel, le visionnaire et le tycoonL’ancien gamin de Créteil évoque l’ascenseur social qui reste parfois trop bloqué, comme dans son ouvrage d’entretiens avec son ami Jean-Louis Missika, ancien vice-président d’Iliad et ex-adjoint à l’urbanisme de la mairie de Paris, Une sacrée envie de foutre le bordel.

Il quitte la salle de L’Olympia en espérant avoir semé « une petite graine d’entrepreneuriat » chez au moins un spectateur. À la sortie, des files d’attente se forment pour acheter le livre du « gourou » à paraître chez Flammarion. « L’ego-trip » de Xavier Niel en mode TEDx paraît avoir séduit. Sur le boulevard des Capucines, deux trentenaires se motivent : « Arrêtons d’être des salariés et montons une boîte. Bon, mais va falloir trouver une idée. » Une jeune fille peste : « C’est pas avec ces conseils pourris que je vais devenir milliardaire ! »


NO COMMENTS

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Quitter la version mobile