Home Monde A Madagascar, Ke Rafitoson promue nouvelle vigie de l’extraction minière

A Madagascar, Ke Rafitoson promue nouvelle vigie de l’extraction minière

0

Ketakandriana Rafitoson avait de solides arguments et elle a tenu bon. Lundi 1er juillet, elle prendra officiellement ses fonctions de directrice exécutive du mouvement Publish What You Pay − Publiez ce que vous payez − non pas à Londres, où se trouve le secrétariat du mouvement créé en 2002 pour contraindre les sociétés à déclarer les sommes qu’elles versent aux gouvernements contre l’attribution de titres miniers, mais à Antananarivo, la capitale de Madagascar, « pays parmi les plus pauvres, riche en minerais de transition et à la gouvernance déplorable », selon ses mots. Quitte à faire les allers et retours en Europe.

« Les minerais nécessaires à la transition énergétique se trouvent dans les pays du Sud, mais dans quelles conditions sont-ils achetés par les sociétés occidentales ou asiatiques ? En quoi profitent-ils aux populations locales ? Pour le savoir et pour se mettre à l’abri de transactions opaques, c’est au Sud que nous devons être. Je serai très fière de servir depuis le cinquième pays le plus pauvre du monde », a-t-elle plaidé.

L’arrestation, quelques mois avant sa nomination, de la directrice de cabinet du président de la République malgache en flagrant délit de tentative de corruption de la société Gemfields a certainement parlé en sa faveur. Romy Voos Andrianarisoa, interpellée à Londres, en août 2023, par l’agence britannique de lutte contre la criminalité, cherchait à obtenir 10 % des parts de la société devant opérer à Madagascar et 260 000 euros de commission. Elle a été condamnée à trois ans et demi de prison en mai.

Une place à part

« Si l’affaire s’était passée ici, elle aurait certainement été étouffée et la vie aurait repris son cours. Le manque d’indépendance de la justice est un problème constant, elle entretient l’impunité et ouvre une voie royale à la capture de l’Etat par des intérêts privés », condamne la quadragénaire, rompue aux pratiques de corruption qui, jusqu’au plus haut sommet de l’Etat, gangrènent la grande île de l’océan Indien.

A la tête pendant six ans [2018-2024] de la branche malgache de l’ONG Transparency International, elle a eu l’occasion d’explorer en profondeur les arcanes les plus sombres de cette collusion entre les élites politiques et économiques et d’en dénoncer quelques-uns des plus gros scandales. Le dernier en date étant, en 2022, l’entente entre le Groupement des exportateurs de litchis et deux entreprises françaises, permettant de contrôler la filière de commercialisation vers l’Europe à travers un circuit de financement opaque par l’île Maurice.

Il vous reste 65.64% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

NO COMMENTS

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Quitter la version mobile