Moussa Tchangari, figure de la société civile et responsable d’une importante ONG nigérienne, a été arrêté mardi soir 3 décembre à son retour d’un voyage hors du pays, ont annoncé ses proches. « Moussa Tchangari, secrétaire général de l’association Alternative espaces citoyens, vient d’être conduit par des éléments armés vers une destination inconnue à l’instant », a indiqué sur les réseaux sociaux Kaka Touda, un membre de cette ONG.
On ignore pour le moment les raisons de l’interpellation de M. Tchangari, qui fait partie des voix très critiques à l’égard du régime militaire du Niger, établi lors d’un putsch en juillet 2023. Il avait exprimé « son soutien total » à l’ancien président Mohamed Bazoum, toujours détenu dans sa résidence officielle avec son épouse et qualifié de « recul » le coup d’Etat qui l’a renversé.
Selon Kaka Touda, « une unité » des forces de sécurité a été déployée devant le domicile de Moussa Tchangari après son interpellation. D’après le journal Aïr Info, Moussa Tchangari « revenait d’un voyage hors du pays », lorsqu’il « a été interpellé chez lui par quatre hommes habillés en tenues civiles ». « Des fouilles » ont été opérées à son domicile, puis son téléphone et son ordinateur ont été « confisqués », note ce média.
En mai 2015, Moussa Tchangari avait été arrêté, puis avait bénéficié d’une liberté provisoire, après des propos critiques de son organisation sur la situation humanitaire dans le sud-est du Niger, où l’armée nigérienne combat toujours le groupe djihadiste Boko Haram. Il avait été poursuivi dans un premier temps pour « association de malfaiteurs en relation avec l’entreprise terroriste Boko Haram », mais les faits avaient été requalifiés en « atteinte à la défense nationale ».
Depuis le coup d’Etat, le Niger s’est rapproché de ses deux voisins, le Burkina Faso et le Mali, eux aussi gouvernés par des juntes militaires et confrontés aux violences djihadistes. Ensemble, ils ont formé une confédération, l’Alliance des Etats du Sahel (AES).
A la mi-novembre, le journaliste nigéro-ivoirien Serge Mathurin Adou, résidant à Niamey, a été inculpé pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » et incarcéré dans une prison nigérienne dans une affaire de déstabilisation présumée au Burkina Faso. A la fin septembre, ce journaliste a été accusé par le ministre de la sécurité du Burkina Faso, Mahamoudou Sana, d’être l’un des auteurs d’un « complot » présumé et de « plusieurs tentatives de déstabilisation » contre ce pays sahélien.